Air Liquide lance à Bécancour la plus grande usine d’hydrogène bas carbone au monde

BÉCANCOUR. Le géant français de production de gaz Air Liquide inaugure à Bécancour la plus grande unité d’électrolyse à membrane de production dhydrogène renouvelable au monde.

Alimenté par les énergies renouvelables que va lui fournir Hydro-Québec, le nouvel électrolyseur PEM (Membrane Échangeuse de Protons) aura une capacité de 20 MW. Il s’agit de «la plus grande usine de ce type actuellement en opération au monde», assure Air Liquide.

L’usine de Bécancour est maintenant en mesure d’augmenter de plus de 50% sa capacité de production d’hydrogène vert. Elle peut ainsi répondre à la demande croissante en hydrogène bas carbone provenant des secteurs industriels et de la mobilité. «Nous sommes en mesure d’approvisionner le marché du nord-est de l’Amérique du Nord en hydrogène renouvelable», se réjouit Bertrand Masselot, président et chef de la direction d’Air Liquide.

Les procédés qui entrent dans la production de cet hydrogène vert sont aussi plus propres. «Cette unité de production permettra d’éviter l’émission de près de 27 000 tonnes de CO2 par an, soit les émissions annuelles d’environ 10 000 voitures».

Une fois liquéfiées, les molécules sont distribuées par camion aux clients canadiens et américains. Cette unité produit désormais jusqu’à 8,2 tonnes par jour d’hydrogène bas carbone à Bécancour. Pour Susan Ellerbusch, directrice générale d’Air Liquide Amérique du Nord, «l’hydrogène jouera un rôle clé dans la transition énergétique et l’émergence d’une société bas carbone. On se tourne vers une technologie plus efficiente, durable, puissante et fiable», dit-elle.

Une pléthore d’officiels postés au Canada, aux États-Unis et en France ont participé à l’inauguration de cette primeur mondiale. «C’est une étape supplémentaire dans un processus que nous avons initié depuis une bonne quinzaine d’années», souligne Pierre-Étienne Franc, directeur Activité hydrogène Monde chez Air Liquide. Le géant français dit avoir déboursé des dizaines de millions de dollars dans les installations de Bécancour, sans autres précisions.

Un banc d’essai

L’usine doit servir de catapulte aux autres projets du groupe. «C’est une innovation de par la taille du projet. Nous avons un banc d’essai pour les prochaines versions d’électrolyseurs. Ce centre devient un satellite de recherche et développement. On travaille main dans la main avec un de nos centres d’innovation du Delaware (É.-U.) et en lien fort avec la communauté universitaire. Un spécialiste de l’UQTR s’est joint à cet écosystème pour mener, dans les mois et années qui viennent, des recherches sur les technologies électrolytes», ajoute Bertrand Masselot, président d’Air Liquide. Rappelons que Bécancour attend d’être désignée, par Québec, comme étant l’une des Zones d’Innovation de la province.

Le maire de Bécancour, Jean-Guy Dubois partage la fierté exprimée par les directions européennes et nord-américaines d’Air Liquide. «C’est une immense marque de confiance envers notre ville et notre Parc industriel et portuaire. Un projet porteur qui se pose comme un jalon de ce que j’aime appeler « la 5e révolution industrielle », celle qui marquera l’incontournable virage vers l’économie de l’environnement», a-t-il ajouté.

Le ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques et celui de l’Énergie et des Ressources naturelles vont investir 15 M$ dans la filière de l’hydrogène vert. Le ministre de l’Environnement Benoît Charrette dit vouloir appuyer des projets de démonstration technologique dans les secteurs industriels et du transport lourd. «C’est une première annonce, il y en aura d’autres d’ici l’automne», promet-il.

Québec travaille en outre à élaborer sa première stratégie québécoise de l’hydrogène vert et des bioénergies, nous dit M. Charette. Rappelons que «l’hydrogène, utilisé dans une pile à combustible, se combine à l’oxygène de l’air pour produire de l’électricité en ne rejetant que de l’eau. Il ne génère aucune pollution au point d’utilisation: zéro gaz à effet de serre, zéro particule et zéro bruit», précise la compagnie Air Liquide.

Le chantier de Bécancour était en route depuis deux ans. Il a nécessité près de 60 000 heures de travail et atteint son niveau de production nominal au début de cette année, trois mois après sa mise en opération en octobre 2020.