Fortierville: il y a urgence à l’urgence

FORTIERVILLE. La mairesse de Fortierville déplacerait des montagnes pour jeter la lumière sur la situation précaire de l’urgence de son village. La chose étant physiquement impossible, Julie Pressé a plutôt opté pour l’organisation d’un grand rassemblement, suivi d’une marche symbolique, le 10 septembre. Les quelque 150 à 200 participants réclamaient, dans une perspective plus large, un meilleur accès aux soins de santé en région.

Il faut savoir que depuis deux ans, l’urgence de la municipalité a été contrainte de couper des heures d’ouverture. Un nouvel horaire, soit de 8 h à minuit, a été mis en place en 2020, mettant fin à l’accessibilité 24/7 du service.

Or, depuis l’hiver, rien ne va plus à l’urgence de Fortierville. Cinq médecins ont quitté et en parallèle, un fonctionnaire a réalisé que l’établissement ne pouvait plus avoir accès à la banque de médecins dépanneurs pour combler les plages horaires laissées vacantes. En réduisant ses heures d’ouverture, l’urgence ne cadrait plus dans les critères d’admissibilité du ministère de la -Santé et des -Services sociaux.

Faute de personnel, les heures de service ont donc de nouveau été coupées pour l’été, portant l’horaire à 8 h à 20h. Une situation censée se terminer le 10 septembre, mais qui, visiblement, perdurera. « Le CIUSSS [MCQ] n’est pas en mesure de nous donner de date. Il manque des médecins », indique la mairesse Julie Pressé.

Est-ce le début de la fin ? « Non », refuse catégoriquement de croire la mairesse Pressé. Jamais elle ne jettera la serviette ou ne baissera les bras. « On a besoin de ce service. »

L’urgence de Fortierville dessert plusieurs communautés rurales de la MRC de Bécancour et des alentours. Lorsqu’elle n’est pas ouverte, la population doit se déplacer à Trois-Rivières, Nicolet, Victoriaville ou encore Lévis pour bénéficier du service. Ces urgences sont toutes situées à plus ou moins une heure de route du CLSC de Fortierville.

Le printemps dernier, la municipalité de Fortierville et la MRC de Bécancour ont demandé au gouvernement du Québec d’adopter un décret ministériel en urgence pour permettre le maintien du service de médecins dépanneurs à l’urgence de Fortierville. Leur demande est restée lettre morte.

La population et les élus sont inquiets, d’autant plus qu’avant l’hiver 2022, l’urgence a pu utiliser le service de médecins dépanneurs même si, sans le savoir, elle ne répondait plus aux critères. Le revirement de situation a créé une onde de choc.

Cet été, la MRC de Bécancour a allongé 25 000 $ pour le déploiement d’une campagne de visibilité, dans l’espoir d’avoir un impact sur les instances décisionnelles susceptibles d’aider l’urgence de Fortierville à ravoir accès aux médecins dépanneurs.

Le message a porté, comme en témoigne la participation massive au rassemblement du 10 septembre. Elle vient montrer que c’est une région tout entière qui appuie le village de 670 âmes dans son combat pour être entendu.

À pas de tortue

Du côté du CIUSSS MCQ, on jure qu’« en aucun temps nous remettons en question l’offre de service de Fortierville », tel que déclaré par le chef du Département de médecine d’urgence, Dr Olivier Roy, au début de l’été. On indique aussi « mener des travaux pour accentuer et innover dans le recrutement de nouveaux médecins ».

De passage en Mauricie le 1er septembre, le ministre de la Santé et des -Services sociaux du Québec, Christian Dubé, a été questionné sur la situation de l’urgence de Fortierville. « J’ai demandé spécifiquement pour ce cas-là ce qui pouvait être fait […]. C’est en train d’être analysé », a-t-il mentionné.

Selon lui, il s’agit d’un dossier pouvant cheminer même en campagne électorale : « Pas besoin d’attendre après les élections pour bouger là-dessus, alors j’ai demandé au Ministère de voir si ça pouvait être révisé. »

Il reste à voir ce qu’en penseront les décideurs…