En mer, Parbleu!

DESCHAILLONS. Le Jour J est enfin arrivé pour Johannie Riendeau et Émile Cantin, de Deschaillons-sur-Saint-Laurent. En compagnie de leurs filles de 12, 10, 8 et 4 ans (et de leur ratte Mysticète!), ils lèvent l’ancre cette semaine afin de réaliser un rêve de longue date : passer un an en mer.

C’est à bord du Parbleu!, un voilier de 38 pieds, que la famille part à l’aventure. Première destination : les Îles-de-la-Madeleine. Ensuite, cap sur la Nouvelle-Écosse. Une fois la baie de Fundy traversée s’amorcera le périple vers la Floride, le long de la côte est américaine. « On prévoit être arrivé en Floride à Noël. Une fois rendu, on fera le plein de denrées non périssables, puis on traversera aux Bahamas », indique Johannie Riendeau.

La famille devrait y rester environ trois mois avant de prendre le chemin du retour.

La préparation

Johannie Riendeau et Émile Cantin planifient ce voyage depuis sept ans. Rien de moins! C’est lors d’une escapade en Gaspésie que l’idée a germé. « On s’est dit à ce moment que ce serait le fun d’avoir notre propre voilier », rapporte Johannie. Il n’en fallait pas plus pour que le couple passe de la parole aux actes! « On a acheté un voilier de 22 pieds. Ensuite, la famille s’est agrandie et on s’en est procuré un de 31 pieds. »

C’est à bord de celui-ci (le Zen 1) que la famille Riendeau-Cantin a vécu ses premiers « longs voyages », d’une durée de quatre à six semaines. Puis, l’an passé, ils ont acquis le Parbleu!. « C’est un bateau qui a traversé l’océan Atlantique au début des années 2000. Il a été construit en 1981. Il est mieux équipé (que le précédent). »

En prévision de ce périple, le couple s’est beaucoup informé sur la voile au cours des dernières années, que ce soit en consultant des livres, des sites Internet, des chaînes YouTube, ou encore en échangeant avec d’autres marins. Il a aussi suivi certaines formations, tant obligatoires que complémentaires, pour s’assurer de naviguer en toute sécurité. 

Les expériences sur l’eau ont également été très formatrices, révèle Johannie Riendeau, qui a commencé à manœuvrer des voiles assez jeune, au sein des cadets de la marine. « Il nous est arrivé plein de trucs! », dit-elle, précisant que son couple a dû toucher à presque tout en matière d’entretien et qu’il commence à bien connaître les particularités du fleuve Saint-Laurent (les courants, les marées, etc.) : « Le fleuve est considéré comme l’un des endroits les plus difficiles à naviguer au monde. Beaucoup de marins expérimentés nous disent que si on navigue le fleuve, après ça, il n’y a plus grand-chose à notre épreuve ». 

Les voilà donc prêts à prendre la mer! D’ailleurs, ces dernières semaines ont été fort occupées afin de finaliser les préparatifs : ravitailler le voilier, fermer la maison et même… vendre la voiture!

Les enfants

Les quatre filles du couple (Florence, Marie-Anne, Béatrice et Madeleine) adhèrent avec enthousiasme au projet, malgré un léger pincement au cœur, pour certaines, d’avoir à quitter leurs amis pour un an.

Elles feront l’école à bord du bateau. Leur mère a soigneusement planifié les apprentissages. « Les filles ne seront pas trop dépaysées puisqu’elles connaissent bien le concept de l’école à la maison. Ma grande a fait tout son primaire avec moi et ma deuxième est entrée à l’école l’automne dernier, pour sa 5e année. J’enseigne déjà à mes deux plus jeunes », souligne Johannie Riendeau, qui aura donc à gérer une classe de quatre élèves de niveaux différents au cours des prochains mois : préscolaire, 3e année, 6e année et secondaire 2! 

« On va tenir un journal de bord (sous la forme d’un blogue, au parbleu.ca) pour pratiquer le français écrit. On a aussi apporté des liseuses, ainsi que plusieurs livres et magazines pour la lecture. En ce qui concerne les mathématiques, j’aurai des cahiers adaptés à chacune. Pour les sciences, elles verront plusieurs concepts durant le voyage (faune, flore, systèmes de poulies et d’engrenages du bateau, électricité, plomberie, moteur, etc.). Côté anglais, elles seront en immersion pendant un bon bout de temps », explique Johannie.

Leur vie de famille sera sensiblement la même qu’à Deschaillons, mis à part qu’elle se passera sur un bateau plutôt que dans une maison. « On ne part pas en vacances; on change simplement d’environnement », lance Émile, qui est programmeur de métier et qui continuera à travailler durant l’année à bord du voilier.

Le goût de voyager

Il n’en demeure pas moins que le couple passera du rêve à la réalité. « Ce n’est plus juste un beau projet dont on parle autour d’un verre dans un salon! C’est vraiment ça qui se passe! », se réjouit Johannie.

Pour la famille, l’option du voilier était l’une des plus avantageuses pour voyager. « L’avion, c’est extrêmement cher pour une grande famille », fait remarquer Johannie. « En voilier, il y a moyen d’être super autonome. »

Évidemment, la sécurité à bord sera une priorité absolue. Tout le monde aura des flottes, mais également un harnais de sécurité pour s’attacher au pont du bateau. « Par gros temps dans le cockpit, on sera aussi attaché. Ça sécurisera de beaucoup la navigation, car une mauvaise expérience vécue dans le coin de Saint-Michel-de-Bellechasse nous a fait réaliser que si une personne tombe à l’eau dans de très grosses vagues, c’est très difficile de la retrouver même si elle porte une flotte. On ne veut pas que ça arrive. » 

Bref, tout est en place pour que le voyage soit des plus agréable. « On part l’esprit en paix », termine Johannie, en souhaitant évidemment que Dame Nature soit clémente la majorité du temps…