Accueil partagé des restaurateurs envers le port du masque obligatoire

RÉGION. Les restaurateurs dont le portefeuille a été amaigri par des mois de crise sanitaire semblent accueillir, résignés, l’imposition du port du masque dans les aires fermées depuis le 18 juillet dernier.

Si tous reconnaissent l’utilité de la mesure et y adhèrent, il reste que cette nouvelle règle complique passablement la vie des restaurateurs et refroidit les ardeurs de certains clients.

Michaël Guay, de la Rôtisserie du même nom à Bécancour, affirme que tout va bien. «C’est sûr que le fait que ce soit obligatoire ne plaît pas au monde. Ce n’est pas évident à gérer que nous autres, on doive faire la police», explique M. Guay qui estime que la santé publique aurait pu confiner des régions. «Ici, sur la rive sud, on n’en a pas de cas COVID. C’est à Montréal; on ne confine pas les bons endroits ».

Et il n’y a pas foule, se plaint aussi M. Guay, dont la terrasse de 75 places est amputée de moitié. Il s’étonne aussi de l’absence de Donald Martel, député provincial de Nicolet-Bécancour pour la CAQ. « On aurait aimé qu’il vienne nous voir en mai pour nous dire « On va avoir des mesures pour vous aider, on va travailler avec vous autres »». M. Guay qui dit avoir de la difficulté à se faufiler dans les mesures d’aide annoncées.

Amendes et pertes

L’Association des restaurateurs du Québec (ARQ) souligne «ne pas remettre en question le bien-fondé» du port du masque obligatoire. «Généralement, la population souscrit au port du masque», précise Martin Vézina, responsable communications et affaires publiques à l’ARQ. Mais «la responsabilité doit être partagée avec les clients». Le commerçant s’expose actuellement à des amendes variant entre 400$ et 6 000$. Il cite Toronto, où la responsabilité est justement partagée et où l’amende ne dépasse pas 400$.

La crise est manifeste dans le secteur de la restauration. Un sondage réalisé par l’ARQ entre le 30 juin et le 5 juillet 2020 auprès de 580 gestionnaires nous dit que si la situation demeure inchangée, 61 % des restaurateurs pourraient mettre la clé dans la porte d’ici six mois. 88 % d’entre eux affichent une perte de 60 % et parfois plus de leurs revenus par rapport à la même période l’an dernier. L’ARQ, qui milite en faveur d’une aide dédiée à l’industrie et pas sous la forme d’un prêt, salue «la prolongation de la Subvention salariale d’urgence du Canada jusqu’en décembre». M. Vézina aimerait bien qu’on y ajoute la suspension temporaire de la TPS et TVQ.

«Sur la coche»

Le restaurant Ô quai des brasseurs de Bécancour.

De son côté, Michel Lacroix, directeur du restaurant Ô quai des brasseurs de Bécancour, n’a pas du tout la mine basse. «Je suis impressionné de voir comment nos clients sont sur la coche. On a eu une très grosse fin de semaine», nous dit M. Lacroix qui a vu passer 1 500 clients, le samedi 18 et dimanche 19 juillet derniers. «C’est un succès, zéro résistance et quand les gens circulent dans le restaurant, ils ont le réflexe de mettre leur masque».

Son chiffre d’affaires enregistre quand même des pertes de 15 % par rapport à juillet 2019. «Pas de COVID, on battrait des records», affirme M. Lacroix. «Le samedi, on a fait le tour de nos clients pour les remercier de porter le masque. C’est le bonheur total, je n’en reviens tout simplement pas! On sait que dans le centre-ville, les gens ne l’ont pas facile», ajoute M. Lacroix.