Près de 25 millions de litres de lait en jeu dans la région

AGRICULTURE. La brèche qui serait créée par le projet d’entente de l’accord du Partenariat Trans Pacifique jumelé à l’éventuelle entente de libre-échange avec l’Europe est susceptible de fragiliser davantage les nombreuses fermes laitières dans la région.

«On nous dit que ce serait 3,25% des marchés qui devraient être ouverts, mais se pourrait aller jusqu’à 4%. À cela s’ajoutent les 2% déjà consentis à l’Europe. Ce sera donc une perte de 5% à 6% du marché que nos producteurs vont encaisser», indique Denis Morin, le président de la Fédération des producteurs de lait du Centre-du-Québec.

La région est d’ailleurs celle qui compte le plus de fermes laitières, avec un total de 850 qui produisent près de 15% du lait au Québec. Avec environ 450 millions de litres par année provenant de la région, ce serait près de 25 millions de litres centricois qui ne seraient plus nécessaires pour desservir le marché canadien.

En concédant 5% du marché, ce serait 400 millions $ de manque à gagner pour les producteurs québécois, soit environ 60 millions $ en retombées de moins au Centre-du-Québec…

Denis Morin croit que certains producteurs auront du mal à passer au travers, d’autant plus qu’ils viennent d’essuyer une diminution de 8% du prix à la ferme. «Ce sont surtout ceux qui sont fragilisés pour qui ce sera difficile. Il y a plusieurs producteurs qui sont inquiets», admet le président.

Les compensations auxquelles auront droit les producteurs laitiers ne seront pas suffisantes pour certains d’entre eux, croit Denis Morin. «On estime à environ 11 000 $ par année pendant quinze ans. C’est environ le tiers qui sera compensé et ce ne sera pas pour toujours, indique-t-il.

«Une compensation, c’est comme donner de l’assurance-chômage à quelqu’un qui vient de perdre son emploi, image-t-il. Ce n’est pas la joie. Surtout que ce seront les contribuables qui paieront. Nous étions fiers de pouvoir dire que nous tirions 100% de notre revenu du marché, et que nous fonctionnions sans aucune subvention».

Resserrer les frontières

Les producteurs de lait espèrent que le prochain gouvernement fédéral aura le courage politique d’exercer une forme de protectionnisme en exigeant que les produits étrangers répondent aux mêmes normes auxquelles ils sont soumis.

«Sinon, ce serait de la concurrence déloyale, souligne Denis Morin. On ne peut pas arriver avec la Nouvelle-Zélande où les vaches sont dans le pâturage toute l’année, sans avoir de frais pour faire fonctionner un étable durant l’hiver».

À l’inverse, il ne croit pas que ce serait une bonne idée d’abaisser les normes auxquelles les producteurs québécois sont soumis. «Nous sommes fiers de la qualité de notre produit et de la salubrité dans lequel il est produit. Nos animaux sont bien traités et on ne veut pas revenir aux années 1970 en matière environnementale en baissant la barre.»

 

Sébastien Lacroix sur Twitter: @Sebas_Lacroix