Un problème de santé invisible pourtant bien présent

DOSSIER. Depuis quelques années, la région Mauricie-Centre-du-Québec a sur son territoire une Clinique multidisciplinaire pour le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H), un service qui n’existe nulle part ailleurs au Québec.

Preuve que cette problématique est bien présente en 2015, la Clinique compte environ 1 500 dossiers ouverts, pour des patients âgés entre 2 et 115 ans. La société a souvent tendance à associer le TDA/H aux jeunes enfants, mais bon nombre d’adultes en sont aussi atteints.

«Souvent, quand on donne un questionnaire aux parents pour qu’ils évaluent la situation de leur enfant, ils se reconnaissent dans les questions. Il n’est pas rare de voir de ces parents nous demander de leur faire une évaluation parce qu’ils se sentent concernés», observe Marie-Michèle Lemaire, directrice générale de la Clinique multidisciplinaire, souffrant elle-même d’un TDA.

Elle estime que cela fait une quinzaine d’années qu’on parle véritablement de trouble de déficit de l’attention. «Comme la grande vague des jeunes diagnostiqués est maintenant âgée dans la vingtaine et la trentaine et que le TDA/H est héréditaire, nous en sommes maintenant à la 3e ou 4e génération, indique-t-elle. Si les 2 conjoints ont un TDA/H, il y a entre 80 et 90% des chances que leurs enfants le soient. Si seulement l’un des deux l’est, les statistiques baissent à 50%.»

À ses yeux, recevoir un diagnostic, c’est mettre des mots «sur ce qu’on vit, ce qu’on fait et comment on se sent.»

Pour ou contre la médication?

D’entrée de jeu, Mme Lemaire soutient qu’il est essentiel de faire la différence entre un besoin d’attention et un déficit d’attention. «C’est important de faire les bons tests et d’y aller par étape pour faire le tour de toutes les sphères de la vie. Un enfant n’a pas nécessairement un TDA s’il semble distrait en classe, souligne-t-elle. Par exemple, il peut être préoccupé par la séparation de ses parents, ou encore, s’il a un problème de vision et qu’il est assis derrière la classe, ça l’empêchera de se concentrer. Il faut faire attention aux faux diagnostics.»

La Clinique multidisciplinaire pour le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité de la Mauricie et du Centre-du-Québec a une ligne directrice bien claire: «On n’est pas pro-médicaments, ni pro-produits naturels. On est pro-pour que ça fonctionne.»

Selon Marie-Michèle Lemaire, la médication ne règle pas tout, mais elle est parfois nécessaire. «Chose certaine, il faut vraiment évaluer la situation et peser le pour et le contre, parce que ça peut avoir des impacts sur la qualité de vie, pour le reste de nos jours.»

Elle regrette que certains parents remettent le destin de leur enfant entre les mains d’un médecin, quand vient le temps de poser un diagnostic ou prendre la décision de médicamenter ou non le jeune. «Il n’y a pas meilleur médecin que les parents de l’enfant», clame la directrice.