La nouvelle usine d’IFFCO produirait autant de gaz à effet de serre

BÉCANCOUR. ProjetBécancour.ag a dévoilé les grandes lignes de l’étude d’impact environnemental de la nouvelle mouture d’IFFCO qui pourrait voir le jour d’ici deux ans sur le site de l’ancienne usine de Norsk Hydro dans le parc industriel et portuaire de Bécancour.

On a pu apprendre que la nouvelle usine prévue dans le parc industriel et portuaire de Bécancour, qui combinerait la production d’urée et celle de méthanol, serait beaucoup moins polluante que deux usines qui opéreraient séparément.

Sur le plan environnemental, l’usine en question serait toutefois aussi polluante que la dernière mouture du projet d’IFFCO qui visait seulement la production d’urée. Si deux usines distinctes émettaient 930 000 tonnes de CO2, le projet intégré émettrait 630 000 tonnes de CO2. C’est l’équivalent de l’ancien projet d’IFFCO dont le BAPE évaluait les émissions de GES à 650 000 tonnes.

Elle réduirait son empreinte écologique de 300 000 tonnes de GES puisque l’unité d’urée permettrait de récupérer et réutiliser 55% du CO2 qui sortirait de celle de méthanol. Cette réduction serait l’équivalent de retirer 91 000 voitures de sur les routes.

Les principaux contaminants émis dans l’air sont l’oxyde d’azote, le monoxyde de carbone, l’ammoniac, le méthanol et les particules seraient inférieurs aux normes québécoises sur la qualité de l’atmosphère. Ce qui ne devrait pas entraîner d’odeurs perceptibles par la communauté.

La consommation de gaz naturel sera quant à elle plus élevée que le projet d’IFFCO Canada, passant de 1588 millions de mètres cubes par année comparativement à environ 1000 millions dans l’ancien projet. Il y a toutefois plus de tonnes matière qui est produite avec le même gaz naturel avec le projet actuel.

Le projet aura aussi un impact sur les milieux humides, en soustrayant 1,8 hectare. Des plans seront faits pour compenser la perte de milieux humides et de quelques habitats du poisson. Comme le site sera plus compact, on l’a toutefois tassé quelque peu pour sauvegarder un site archéologique d’intérêt pour les Abénakis et l’arrivée des premiers Européens.

Sur le réseau routier, en plus des travailleurs, le tout devrait se traduire par le passage de 160 camions en période de pointe durant la construction et jusqu’à 30 par jour lors des journées les plus achalandées durant l’exploitation.

Quelques améliorations ont été apportées comparativement au précédent projet qui avait reçu le feu vert du BAPE, en 2015, avant d’être mis en veilleuse quelques mois plus tard.

Une étude d’optimisation de la consommation de vapeur a permis de prévenir 90 000 tonnes d’émissions de GES. Le concept d’usine intégrée permet aussi de réduire la consommation des procédés de 80% en condensant la vapeur d’eau et en la récupérant dans les opérations. Le concept d’usine combiné réduit également de 50% l’eau traitée qui est retournée au fleuve après avoir servi de refroidissement dans le processus.

Il n’y aura pas de réservoir d’entreposage d’ammoniac et de gaz naturel sur le site. Ce qui limite ainsi les risques que peut présenter l’usine de pétrochimie.

Des retombées considérables

Sur le plan économique, l’usine serait bien entendu accueillie à bras ouverts dans la région avec un investissement de l’ordre de 1,3 milliard $.  Elle créerait jusqu’à 840 emplois durant la phase de la construction, de 2020 à 2022, et environ 200 lors de l’exploitation de l’usine. Ses retombées économiques sont évaluées à 438M$ durant la construction et à 72M$ par année lors de la mise en production qui devrait durer 35 ans.

Même si sa construction arrive dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, les promoteurs estiment qu’il faut préparer la venue du projet.

La capacité de l’usine sera de 1950 tonnes d’urée et de 3000 tonnes de méthanol par jour. Elle fonctionnera d’ailleurs 24 heures par jour, 365 jours par année. Des périodes d’entretien seront planifiées pour assurer la fiabilité et la sécurité des installations.

La production permettrait d’ailleurs d’éviter d’avoir à importer cette production d’autres régions dans le monde. La présence d’une usine d’urée à proximité des producteurs québécois aurait également l’avantage de pouvoir accès aux produits au moment où les producteurs en ont besoin.

Le projet arriverait d’ailleurs à point dans le secteur agricole, à l’heure où les fermes grossissent et qu’il y a de plus en plus de grandes cultures. «Quand on fait les semis, c’est souvent sur une période de deux ou trois semaines que nous avons besoin de l’intrant C’est important qu’il soit là au bon moment et qu’on évite des imprévus comme le retard d’un bateau», fait valoir Simon Baillargeon, vice-président au développement des affaires, de la Division Agricole de la Coop fédérée.

Le tout nécessitera toutefois l’acceptabilité sociale. Ce qui n’est pas acquise, admet Lina Lachapelle, la directrice de projets chez SNC-Lavalin qui a déjà débuté les rencontres. «Le contexte a changé depuis 2012 ou 2013», fait-elle valoir.