Le colonialisme économique n’est pas mort

TRIBUNE LIBRE. Un certain M. Archange a heureusement transformé l’église de St-Zéphirin de Courval en une entreprise d’embellissement de motocyclettes. Il a restauré aussi la vieille sacristie pour en faire des logements et a installé un café-terrasse à l’avant. C’est un projet très original de réaménagement d’une église déjà fermée au culte depuis plusieurs années. Bravo!

Mais il a nommé cette entreprise : Archange Cycle Custom!

On a peine à le croire après tous les efforts des Québécois depuis plus de 40 ans pour revaloriser la langue française! Voilà qu’un entrepreneur, par ailleurs original, a spontanément choisi une raison sociale en anglais pour nommer son commerce. Il a suivi spontanément, à cet égard, la mode du « custom cycle » largement présente en milieu anglophone pour ce genre d’entreprise.

Il n’y a pourtant pas de milieu plus francophone que St-Zéphirin. On se plaît à imaginer un Monsieur Archange qui aurait voulu donner à son commerce un nom orignal et bien français. Pour se démarquer justement. Il a, hélas, suivi la pente facile dictée inconsciemment par ce colonialisme économique qui nous habite encore après 260 ans dans le monde du commerce.

Je suis d’autant frustré de voir l’église de St-Zéphirin ainsi anglicisée que mes grands-parents maternels ont vécu juste en face, que mes parents s’y sont mariés, que ma mère est inhumée dans son cimetière.

Jean-Pierre Proulx

Journaliste et professeur retraité

Montréal