Bécancour et la dérive nucléaire canadienne: une politique s’impose!
LETTRE OUVERTE. Un sérieux dossier environnemental dont on ne parle pas en ce temps d’élections, c’est la gestion des déchets nucléaires au pays. Le Canada n’a pas de politique de gestion à long terme des déchets radioactifs autres que le combustible irradié. Pourtant cela devrait être une question de débat.
Cette absence de politique à ouvert la voie à trois projets aberrants, d’abandon de déchets radioactifs à proximité de cours d’eau importants.
À Chalk River, à cent mètres en bordure de la rivière Outaouais, il est projeté de créer un gigantesque monticule où on va confiner « ad vitam éternam » et pêle-mêle, un million de mètres cubes de déchets nucléaires radioactifs.
S’ajoutent, deux endroits où seront abandonnés les restes radioactifs de deux réacteurs dont un à Rolphton, sur l’Outaouais et à Pinawa sur la rivière Winnipeg. Ces déchets sont pourtant sous la responsabilité exclusive du Canada . Encore plus étonnant, ces projets ont été confiés à un consortium d’entreprises privées, lesquelles en l’absence de politique, agissent sans balises, comme bon leur semble, sous l’œil complaisant de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN).
Ce mois-ci (sept 2019) un rapport de l’Agence International de l’énergie atomique (AIEA) sous l’égide de l’ONU, met en lumière les lacunes du gouvernement canadien en ce qui concerne sa stratégie de gestion des déchets radioactifs ainsi que la nécessité pour la CCSN d’ajuster ses exigences aux normes internationales en matière de radioprotection. L’AIEA lève le drapeau rouge en affirmant que ce comportement devrait inquiéter les canadiens.
Des inquiétudes se posent aussi pour les centrales nucléaires de Gentllly 1 et 2. Sans politique claire, ces sites pourraient devenir des dépotoirs semblables à Chalk River, Rolphton et Pinawa. Ce qui est aberrant. Bécancour va t’elle devenir une poubelle nucléaire? Faut se poser la question.
Dans ce contexte, il est impératif que le prochain gouvernement dote le pays d’une politique et stratégie de gestion permanente de ses déchets nucléaires et aussi exiger que la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) ajuste ses exigences aux normes internationales en matière de radioprotection avant de procéder à quelque travaux que ce soit sur les sites lui appartenant. Il est aussi impératif que nos élu-e-s s’engagent à promouvoir un moratoire sur tous les projets englobant le secteur nucléaire et les contrats liant le gouvernement et le consortium ainsi que la tenue d’audience publique fédérale -provinciale permettant la participation des canadien(ne)s concerné(e)s par ce danger environnemental qui plane sur les générations présentes et futures. Le temps est venu d’agir. Une politique s’impose.
Jean-François Gaudette
Trois-Rivières (Québec)