L’histoire de détermination de Guy Lemieux
BÉCANCOUR. En 2009, Guy Lemieux souffrait d’entorses lombaires. « J’étais scrap et j’avais de la difficulté à marcher avec mes hernies! », lance-t-il. Le résident de Deschaillons-sur-Saint-Laurent a tout de même repris le karaté qu’il avait laissé tomber à l’adolescence, à la ceinture jaune. Le 28 mai dernier, c’est pourtant en meilleure forme que jamais que Guy, quelques jours après son anniversaire de 48 ans, a accompli ce qu’il croyait inatteignable : il s’est mérité sa ceinture noire.
Guy Lemieux s’entraine chez Karaté Kenpo Gentilly, aux côtés de ses senseis, Antoine et Gabriel Dubois, le père et le fils. C’est Sensei Gabriel qui a pris son élève par surprise en lui annonçant qu’il y avait des tests pour l’obtention de la ceinture noire en mai et qu’il souhaitait qu’il y participe. « S’il ne m’avait pas pris par surprise, je ne serais pas allé! Il me connait assez pour savoir que j’aurais dit non! », raconte Guy en riant.
Ce dernier l’avoue, si ses senseis ne l’avaient pas encouragé à aller de l’avant, il se serait contenté encore longtemps de sa ceinture brune. « J’aurais été heureux, j’avançais quand même et j’apprenais, mais c’est eux qui ont vu quelque chose en moi. Ils ont vu quelque chose que je ne voyais pas. Ils m’ont poussé avec des bons mots », témoigne le karatéka.
Ainsi, de décembre 2021 à mai 2022, c’est une période d’entrainements intensifs, de sacrifices et parfois de découragements qui attendait Guy Lemieux. En plus de surveiller son alimentation et de faire une croix sur bon nombre de sorties et d’activités afin de se reposer, il s’entrainait au dojo 3 fois par semaine, à raison de 3 heures par entrainement. « J’ai perdu 40 livres! Je suis parti à 220 livres, et j’ai passé mon test à 180 livres », révèle-t-il.
En mai dernier, Guy s’est rendu à Montréal, à la maison-mère du karaté Kenpo, avec ses senseis et le fils du fondateur canadien du Jean-Guy Angell Kenpo Karaté, Guy Angell. « C’est mythique comme endroit, et ce dojo a une aura incroyable », affirme Guy.
L’examen d’une durée de 6 heures 30 minutes est très exigeant. « Ce sont plusieurs centaines de coups de pieds, des katas, des combats, des tests physiques. Ça a pris cinq t-shirts! Je ne me rappelle pas le chemin du retour! », raconte celui a dû puiser toutes ses énergies pour cette journée charnière dans sa carrière de karatéka. « J’étais le plus vieux dans le dojo et j’étais très fier de mon résultat! », avoue-t-il, d’autant plus qu’à peine trois semaines avant le jour J, il s’est fait une entorse au poignet. « Je l’ai immobilisé et j’ai réussi à passer mon test avec le poignet bien tapé! »
Avant qu’on lui confirme la réussite de son examen, Guy doutait de ses résultats. « Je suis très critique envers moi-même et il y a des affaires que je sais faire que je n’ai pas réussies durant les tests. Je n’ai pas un surplus de confiance en moi, malgré ce que les gens pensent autour de moi, étant donné que je parle beaucoup », avoue-t-il. Cependant, ses senseis étaient remplis de confiance et lui ont assuré que la ceinture noire ne lui avait pas été donnée, mais qu’il l’avait bel et bien méritée.
Quelques semaines plus tard, Guy a participé à la cérémonie de remise de sa ceinture noire au dojo de Gentilly, aux côtés de ses collègues, amis et senseis. « C’est magnifique! C’était un très beau moment et j’avais les yeux dans l’eau. Ça fait plusieurs années que je fais du karaté, et pour ma part, j’avais toujours l’impression de ne pas être rendu là. Je voyais les ceintures noires et je me disais que je ne serais jamais capable. C’est un sentiment assez incroyable quand tu constates que tous tes efforts ont payé! »
« Je ne peux pas trouver de négatif à Guy, et ça se reflète sur son karaté. Il est très discipliné et il fait toujours le maximum pour rejoindre ou dépasser les autres! », témoigne son sensei, Antoine Dubois.
Une vie d’entrainement
Ces accomplissements ne sont pas arrivés du jour au lendemain dans la vie de Guy Lemieux. C’est à l’adolescence qu’il a touché à la discipline pour la première fois, dans le second plus grand dojo de karaté Kenpo, à Victoriaville, où il a obtenu ses ceintures blanche et jaune.
En 2009, un de ses fils a vu une publicité du dojo de Karaté Kenpo à son école. Il voulait faire du karaté, le même style que son père avait pratiqué à l’adolescence. Alors plutôt que d’attendre son fils dans l’auto, Guy a décidé de se joindre à lui à l’entrainement. « J’y faisais les mêmes exercices qu’en physiothérapie pour renforcer mon dos. Faire du karaté a donc possiblement sauvé mes hernies discales! », croit-il.
« Ensuite, mes deux autres enfants sont venus nous rejoindre, alors à un certain moment, on était les quatre gars chez nous qui pratiquaient le karaté et qui compétitionnaient ensemble ». Aujourd’hui, seul son plus jeune fils de 15 ans pratique encore la discipline.
En 2016, retournant à l’école pour compléter une AEC en prévention des incendies, Guy a arrêté à nouveau le karaté jusqu’à la réouverture post-pandémique du dojo.
Il faut dire que le dojo de Gentilly est devenu comme une seconde famille pour bien des karatékas qui le fréquentent. « Nos senseis le disent tout le temps : Ici, c’est votre maison, c’est chez vous. On a une belle proximité et bien que le karaté soit un sport individuel, on dirait que c’est un sport d’équipe. Il règne une belle ambiance et une belle mentalité au dojo », assure Guy Lemieux. « Sensei Antoine et Sensei Gabriel sont des gens qui font ça par passion. Ils nous poussent, ils nous connaissent, ils nous parlent. Ce n’est pas juste un entrainement physique, c’est un entrainement psychologique », ajoute-t-il.
« On prend le temps de se reposer avant de commencer, on oublie nos tracas de la semaine. Quand on commence le cours, on passe à l’esprit guerrier, et quand on termine, on le laisse ici. Ça m’a fait beaucoup évoluer et ça m’a fait prendre confiance en moi dans la vie de tous les jours. Je suis plus calme, plus serein, et j’ai appris à me contrôler psychologiquement, car avec le karaté, il faut savoir contrôler nos coups et notre mental », témoigne-t-il.
Le véritable karaté commence
Maintenant que Guy Lemieux a sa ceinture noire nouée autour de la taille, n’est-ce pas une finalité en soi? Au contraire, on pourrait même dire que le véritable karaté commence enfin. « L’image que nos senseis nous donnent est que la ceinture noire est comme une montagne, et quand tu arrives en haut de la montagne, tu t’aperçois qu’il y a encore d’autres montagnes à gravir et qu’il faut en choisir une nouvelle », illustre Guy.
« J’ai tant à apprendre encore et j’ai tant à enseigner à ceux qui commencent. J’aimerais me parfaire dans l’autodéfense, car je sais que c’est une lacune pour moi. J’ai aussi comme objectif d’enseigner ce que j’ai appris et d’aider les autres à ne pas se décourager. Il n’y a pas beaucoup de ceintures blanches qui se rendent à la noire, et je veux leur faire comprendre que c’est réalisable », conclut-il.