Dompter le vent… en ski!

SAINTE-CÉCILE-DE-LÉVRARD. Une paire de skis, un casque, un harnais et une voile. On enfile les trois premiers, on hisse la quatrième et hop! On décolle! On file sur la neige avec un large sourire au visage. Le vent devient notre allié… une fois dompté, bien sûr!

« C’est un sentiment de liberté », décrit Maryse Demers, une mordue de paraski depuis une bonne dizaine d’années.

Le paraski, c’est filer à vive allure sur ses skis (ou sur sa planche à neige) dans un champ enneigé ou encore sur un plan d’eau gelé grâce à la force et à la traction du vent. De nombreux adeptes pratiquent ce sport chaque hiver dans la région. On les aperçoit régulièrement à Sainte-Cécile-de-Lévrard, à Gentilly et ailleurs.

C’est une activité rassembleuse. Il n’est pas rare que quelques dizaines d’adeptes se donnent rendez-vous chez l’un ou l’autre pour pratiquer leur sport de prédilection. Car oui, il s’agit bien d’un sport! Les muscles du corps en entier le confirment au terme de la journée!

« C’est exigeant physiquement. Tu travailles beaucoup! Les cuisses, les mollets, les pieds… C’est un peu comme lorsqu’on fait du slalom en ski alpin », explique Carmen Lamy Béliveau, qui s’est initiée au paraski il y a environ deux ans. « Une fois que tu comprends qu’il faut vraiment s’asseoir dans le harnais pour contrôler la voile, tout est facilité. Quand j’ai commencé, j’avais mal aux bras parce que je forçais seulement avec eux pour contrôler la voile. Il faut plutôt se servir du poids de tout son corps. »

Le défi varie en fonction de la force du vent. Par exemple, filer de 5 à 20 km/h n’a rien à voir avec du 50 à 70 km/h! « À 50 km/h, c’est vite un peu! », sourit Jean Roy, qui préfère des vents avoisinant les 20 km/h pour pratiquer son sport. « Il faut choisir ses journées », dit-il, précisant que les conditions idéales proposent des vents pas trop intenses, une bonne glisse sur la neige (pas de glace) et une bonne visibilité.

Le secret pour devenir bon en paraski est simple: persévérer! « À force d’en faire, tu vas gagner en assurance. Tout va débouler », poursuit M. Roy, qui pratique le paraski depuis plus de dix ans.

L’idéal, c’est de commencer par apprendre à manier la voile sans skis. « Il y a un neutre à aller chercher », explique Maryse Demers. « C’est ce neutre qui te permet de ralentir quand tu vas trop vite. »

Le vent dans les voiles

Une fois que c’est acquis, c’est le temps de se lancer! « Au début, c’est dur; les cordes se mêlent! Tu te plantes souvent et ta voile reste prise dans la neige! », rigole Carmen Lamy Béliveau, se rappelant humblement ses premières expériences. « Tu dois te démêler pour ensuite pouvoir repartir. Ça ne marche pas nécessairement du premier coup… Bref, quand tu commences, tu rush! Mais la fois où tu décolles [sans pépin]… Ouf! Quelle sensation sur tes skis! »

Il existe plusieurs types de voiles sur le marché. Chacune est conçue pour être utilisée selon la puissance du vent. « Une journée où il vente beaucoup, il faut utiliser une voile 30-70, faite pour des vents de ces vitesses-là (30 à 70 km/h). Elle est plus petite », explique Jean Roy. « Au contraire, une journée où le vent est faible, nous allons utiliser une 5-30, beaucoup plus grande, pour aller chercher plus de vent. Sinon, la plus standard est la 10-60. »

Des paraskieurs en action.

S’équiper, pour un débutant, peut coûter autour de 2000$. « Souvent, les gens ont déjà les skis, les bottes, le casque et les lunettes. Il ne leur reste qu’à acheter le harnais et la voile. Ensuite, il n’y a plus rien à débourser, car il n’y a pas d’abonnement, comme des passes de ski, à payer », mentionne Maryse Demers.

Il est recommandé de suivre une formation avant de s’élancer dans ce sport. « Ce n’est pas obligatoire, mais c’est très sécurisant, fait savoir Carmen Lamy Béliveau. Ça aide à comprendre le fonctionnement de la voile, les types de vents, quoi faire et quoi éviter… »

Pratiquer le paraski en groupe est par ailleurs la formule idéale. D’abord parce que c’est évidemment plaisant de côtoyer d’autres passionnés, mais aussi par souci de sécurité en cas de chute, de bris d’équipement, d’accident ou même… de manque de vent. « Ça arrive qu’on reste pris dans un champ parce que le vent est tombé. Dans ce cas, la personne se fait récupérer en motoneige », souligne Jean Roy.

« Il n’y a aucune compétition; que de l’entraide et de la convivialité », ajoute Maryse Demers.

Des personnes de tous âges font partie du groupe de paraskieurs actifs dans la région de Nicolet-Bécancour (Les Flexeux, sur Facebook): des enfants d’une douzaine d’années, tout comme des aînés approchant les 80 ans, signale Jean Roy.

La saison débute généralement en janvier, pour se terminer au début d’avril. « Ça nous fait apprécier l’hiver! », s’entendent pour dire nos trois adeptes.