Auger-Aliassime bat De Minaur et procure au Canada sa première Coupe Davis

MÁLAGA, Espagne — Félix Auger-Aliassime a couronné une semaine parfaite et un fabuleux dernier quart d’année 2022 en permettant au Canada de remporter la coupe Davis pour la première fois de son histoire, dimanche à Malaga, en Espagne.

Lors du deuxième duel en simple de la journée face à l’Australie, Auger-Aliassime a pris la mesure d’Alex De Minaur en deux manches de 6-3, 6-4 en 1 h 41 minutes.

Cette victoire a suivi celle de Denis Shapovalov en deux manches également, 6-2, 6-4 face à Thanasi Kokkinakis, en 1h29 minutes. Aussi, elle a rendu inutile la présentation d’un duel de double décisif auquel devaient participer Auger-Aliassime et Vasek Pospisil, contre Max Purcell et Jordan Thompson.

«Quelle manière de terminer l’année. C’est la Coupe Davis et nous sommes les champions, les champions du monde», a lancé Pospisil, le vétéran du groupe.

Le Canada est devenu le 16e pays à mettre la main sur le Saladier d’argent, trophée emblématique de cette compétition. De plus, il est assuré de participer aux Finales de la Coupe Davis de 2023, qui s’amorceront le 11 septembre.

«C’est difficile de décrire les émotions, a avoué Auger-Aliassime lors de son entrevue d’après-match.

«Nous avons grandi ensemble, en rêvant d’être sur cette scène, de gagner ce genre de matchs, de gagner la Coupe Davis. C’est vraiment la réalisation d’un rêve. C’est pour cela que nous jouons. C’est pour cela que le sport existe. C’est un grand moment pour nous et pour le pays.»

Pour se qualifier à cette deuxième finale à la Coupe Davis dans l’histoire du Canada, les équipiers du capitaine Frank Dancevic avaient eu besoin de victoires en double en quarts de finale contre l’Allemagne, jeudi, et en demi-finale face à l’Italie, samedi.

Ces deux matchs de double avaient été rendus nécessaires par des victoires d’Auger-Aliassime en simple, d’abord contre Oscar Otte, jeudi, puis face à Lorenzo Musetti, samedi.

«Nous avons affronté beaucoup d’obstacles cette semaine. Nous avons tiré de l’arrière lors de plusieurs matchs, mais nous avons gardé un très bon moral et continué de nous battre jusqu’à la fin. Et nous sommes ici, maintenant, avec le trophée. C’est une sensation incroyable», a témoigné Dancevic.

En 2019, le Canada s’était incliné en grande finale face à l’Espagne dans un tournoi auquel avaient participé Auger-Aliassime, Shapovalov et Pospisil.

Shapovalov avait perdu le deuxième match en simple, contre Rafael Nadal, après la défaite d’Auger-Aliassime lors du premier duel de la grande finale, contre Roberto Bautista Agut.

Par ailleurs, en janvier dernier, le Canada avait pris sa revanche face aux Espagnols en gagnant la Coupe ATP, en Australie. Auger-Aliassime avait d’ailleurs remporté le match décisif face à Bautista Agut après une victoire de Shapovalov contre Pablo Carreno Busta.

«Nous voulions croître, faire partie de l »équipe et essayer d’aider le pays à gagner le premier titre», a déclaré Shapovalov. «Tout est tellement surréel en ce moment.»

Le Canada a pu participer au volet éliminatoire des Finales de la Coupe Davis, à Valence en septembre, à la suite de l’exclusion des joueurs russes à cause de l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie.

Le Canada avait été admis à titre de nation éliminée la mieux classée au monde.

Un Australien coriace

Contrairement à plusieurs de ses matchs en octobre où il s’était montré intouchable au service, Auger-Aliassime s’est retrouvé en difficultés en quelques occasions derrière ce qui est devenu son arme de prédilection, et ce, dès les premiers instants de son face-à-face avec De Minaur, qu’il avait vaincu en 78 minutes à Cincinnati en août dernier.

Au premier set, il a dû effacer deux balles de bris dès le jeu initial, et une autre, deux jeux plus tard.

Au deuxième set, il s’est retrouvé devant cinq autres balles de bris, deux au deuxième jeu et trois autres au sixième jeu. Il s’est chaque fois sorti d’impasse.

Ce sixième jeu résume bien à quel point Auger-Aliassime est devenu un joueur coriace. Face à un recul de 0-40, il a gagné les cinq points suivants, pour protéger son avance.

Et même lors du jeu final, Auger-Aliassime a comblé un recul de 0-30 avant d’inscrire les quatre derniers points du match.

Après le dernier point, Auger-Aliassime est tombé au sol derrière la ligne de fond avant que ne le rejoignent les autres membres de l’équipe canadienne.

«J’ai vu l’ouverture. J’ai pensé, ‘Ça y est. Je tente ma chance», a décrit Auger-Aliassime au sujet du point ultime.

«Après ça, mes jambes ont cédé. (…) De voir Frank et tout le monde se précipiter vers moi, c’était fantastique.»

Shapovalov convaincant

Après avoir livré deux performances en montagnes russes, d’abord contre l’Allemand Jan-Lennard Struff jeudi, puis face à l’Italien Lorenzo Sonego samedi – deux matchs qu’il a perdus en trois manches – Shapovalov s’est montré en plein contrôle de son jeu pendant la majeure partie de son duel avec Kokkinakis.

L’Ontarien de 23 ans, 18e au classement mondial, a pris les commandes du premier set en gagnant les quatre premiers jeux. Il a bouclé cette première manche en 32 minutes sans faire face à une seule balle de bris.

Shapovalov a pris l’avance au deuxième set grâce à un bris lors du troisième jeu. Au jeu suivant, Shapovalov allait connaître ses premiers moments difficiles à son service.

Lors d’un jeu qui a nécessité 22 points et duré quelque 13 minutes, le Canadien est quand même parvenu à consolider le bris, non sans devoir sauver trois balles de bris au passage.

Shapovalov a ajouté un deuxième bris lors du septième jeu, se donnant ainsi l’occasion de servir pour le match avec une avance de 5-2.

Le Canadien a cependant offert son pire jeu de la journée à son service, concédant les trois derniers points à Kokkinakis, le dernier sur une double faute, pour garder l’Australien dans le match.

Kokkinakis a prolongé le duel en gagnant son service lors du neuvième jeu sans céder un seul point.

Shapovalov a répondu en gagnant les trois premiers points à son service pour se donner autant de balles de match.

Il a laissé filer la première lorsque sa volée du coup droit a survolé la ligne de fond, mais pas la suivante. Il l’a convertie à l’aide d’un service que l’Australien de 26 ans a touché du bout de la raquette.

—-

Avec la contribution de Stephanie Myles pour La Presse Canadienne et de l’Associated Press