Redonner ses lettres de noblesse au municipal

PARISVILLE.  Renaud Labrecque, directeur général de la municipalité de Parisville, exprime sa préoccupation face à la manière dont la politique municipale est perçue. Il estime que, ces derniers mois, plusieurs acteurs municipaux, élus et directions ont tendance à dépeindre le monde municipal comme un lieu envahi par des dysfonctionnements graves, avec des propos alarmistes sur la situation des municipalités. M. Labrecque juge qu’il est toutefois important de nuancer ce regard en surface sur la politique municipale.

Le directeur général rapporte que ce sont 52 rapports d’enquête sur des manquements graves dans les municipalités québécoises qui ont été rédigés par la Commission municipale du Québec en moins de deux ans, et que de nombreuses histoires qui exposent des manquements graves dans certaines municipalités ont été mises sous les projecteurs : “Harcèlement et intimidation de la part des élus, climat de travail toxique au bureau municipal, utilisation déraisonnable des cartes de crédit, accusation de manœuvres frauduleuses lors des élections, conflit d’intérêts entre la direction générale et les élus, etc.”, énumère Renaud Labrecque.

Cependant, le directeur général de Parisville insiste sur le fait que, bien que ces situations existent, elles ne représentent que des cas isolés et ne doivent pas occulter l’évolution positive du monde municipal. Selon lui, la rhétorique actuelle, qui donne une image négative et dramatique du monde municipal, ne reflète pas la réalité. Il précise que la gouvernance municipale, bien que complexe et exigeante, est loin d’être aussi sombre et problématique que certains le prétendent. “En fait, le palier municipal est le plus beau palier de gouvernance, et de loin!, s’exclame M. Labrecque. C’est le seul et unique palier, à mes yeux, qui a un impact notable sur la vie des citoyens.”

“Avant de crier haut et fort que nous sommes victimes d’un problème causé par les citoyens, nous devons faire une introspection sérieuse et honnête de la situation et comprendre ce qui cause certains débordements, indique Renaud Labrecque. Surtout si nous souhaitons réellement le meilleur pour nos citoyens. Je tiens à rappeler que nous travaillons au municipal pour les citoyens et avec leur argent”, ajoute-t-il.

Renaud Labrecque souligne l’importance de reconnaître que le financement des municipalités dépend des taxes payées par les citoyens, ce qui les rend redevables envers ces derniers. Ainsi, il rappelle que les élus et les responsables municipaux doivent être constamment questionnés et tenus responsables de leurs actions, car ils ont la charge de gérer la vie collective des citoyens. Il estime que la majorité des travailleurs municipaux agissent dans l’intérêt des citoyens, avec une forte implication au service de la communauté. “Le monde municipal est exigeant et rempli d’attentes alors qu’on doit répondre aux multiples demandes des citoyens et des élus. Pour ma part, c’est ce qui me motive à me présenter chaque matin au bureau, et je sais que c’est le cas de mes collègues et voisins”, plaide-t-il.

Il insiste aussi sur le fait qu’un changement est en cours dans le monde municipal avec une implication croissante des citoyens qui mettent en doute de plus en plus les décisions municipales. Il considère cela comme un signe positif, même si cela peut parfois entraîner des tensions. “Il y a des cas d’exception où certains citoyens dépassent les limites, mais on parle de cas isolés, assurément moins fréquents que les manquements graves qui se produisent à l’intérieur des murs du monde municipal”, croit le directeur général.

Enfin, il critique la réaction de certaines municipalités face à cette nouvelle implication citoyenne, qui consiste à rendre l’information encore plus difficile d’accès. Il plaide pour une plus grande transparence et une meilleure collaboration avec les citoyens, soulignant que ce qui a été toléré dans le passé ne peut plus l’être aujourd’hui. “Je ne veux pas arriver à une séance de conseil où il n’y a personne. Je veux qu’il y ait des gens”, conclut-il.