Des écarts minimes sur les points en litige

OPINION. La recommandation du président du syndicat des Métallos de l’Aluminerie de Bécancour de ne pas accepter l’offre finale et globale présentée par l’employeur ne fait pas fait l’unanimité au sein des lignes de piquetage.

Dans une lettre ouverte envoyée aux médias, un syndiqué, qui a requis l’anonymat pour éviter les représailles, tire à boulets rouges sur ce qu’il qualifie de «l’échec de Clément Masse», le président de la section locale 9700 des Métallos qui a recommandé son rejet. Ce à quoi 80% des 875 syndiqués qui ont voté ont adhéré.

Le travailleur, qui a voulu donner son point de vue de l’intérieur, indique qu’elle a été présentée dans un document de plus de 60 pages. Il croit que ce n’est pas tout le monde qui a pris le temps de lire et qu’ils se sont fiés aux leaders syndicaux. «L’offre finale présentée par Clément Masse était différente de ce qui était écrit dans le document, lance-t-il. Une question se pose. Pourquoi recommander de refuser une offre honnête de l’employeur qui a cédé sur plusieurs points demandés lors de la première offre présentée? Parce que ce n’est pas une entente négociée? À cause d’un syndicat trop gourmand et qui se croit intouchable?»

L’auteur de la lettre estime que la première offre présentée aux employés devait être refusée puisque les demandes de l’employeur étaient trop élevées.  Tandis que dans la deuxième offre, l’écart était minime sur les points en litige tels que le régime de retraite, l’ancienneté et la sous-traitance.

«Dans les faits, lorsqu’on lit bien le document, le nouveau fonds de pension pour tous les employés était équivalent ou meilleur à l’ancien. Le point de l’ancienneté était minime puisque ça n’affectait que quelques postes, décrie-t-il. Pour la sous-traitance: est-il normal qu’un électricien d’une grande industrie répare un grille-pain au lieu de réparer de la machinerie? C’est un exemple bête, mais le principe est là. Pour le restant de l’offre, des augmentations supérieures à l’inflation, des bonus, des bonifications des assurances, etc. Présentée de cette manière, l’offre n’est pas mal.»

Le travailleur en question croit que le lockout décrété par la direction, sur des écarts aussi minimes, traduit un ras-le bol du cercle syndical dans l’usine et que c’est le moyen qu’elle a trouvé pour le briser. D’autant plus qu’en fermant deux des trois séries de cuves d’électrolyse, il croit que ce sont 100 à 200 millions $ qui seront dépensés pour remettre l’usine en fonction. De l’argent, croit-il, qui ne sera pas utilisé pour moderniser les équipements.