Un lac risque de déborder en raison du glissement de terrain en C.-B.

WILLIAMS LAKE, B.C. — La ministre de la Gestion des urgences de la Colombie-Britannique a déclaré que la modélisation actuelle montre que l’eau d’un vaste lac qui se forme derrière un glissement de terrain qui bloque la rivière Chilcotin est plus susceptible de déborder que de se vider soudainement.

La province a émis une alerte d’urgence vendredi soir, avertissant les gens partout sur la rivière Chilcotin ou le long de ses rives, entre le pont de Hanceville et le fleuve Fraser, d’évacuer immédiatement.

Des inondations et des coulées de débris pourraient se produire en aval du glissement, ce qui constituerait une menace pour la vie humaine

«Nous continuons de prévoir les pires scénarios», a-t-elle déclaré.

La ministre affirme qu’il n’y a pas de date estimée à laquelle l’eau commencera à déborder, et que ce n’est pas le seul scénario envisagé par les responsables.

Vendredi, le River Forecast Centre, en Colombie-Britannique, a déclaré que le pire scénario – soit si le barrage devait s’effondrer rapidement – entraînerait des débits «bien supérieurs» au ruissellement printanier typique le long de la rivière Chilcotin, depuis le site du glissement de terrain jusqu’au confluent du fleuve Fraser.

Il indique que l’eau serait inférieure au niveau de ruissellement printanier habituel le long du fleuve Fraser, au sud jusqu’à Hope, une ville située à environ 500 kilomètres.

La modélisation du centre de prévision suggère qu’en cas de rupture soudaine, il faudrait 29 heures pour que l’eau et les débris du barrage atteignent le fleuve Fraser à Hope.

«Il y aura du temps pour alerter les personnes à risque en cours de route si elles doivent évacuer», a soutenu Mme Ma.

La montaison du saumon rouge inquiète

Le chef Joe Alphonse de la Première nation Tsilhqot’in a déclaré vendredi qu’il n’y avait pas grand-chose à faire à part «s’asseoir et attendre» que le glissement de terrain se dissipe.

Il a ajouté qu’un glissement de terrain qui avait bloqué la rivière il y a vingt ans a éclaté en quatre jours environ, mais que ce glissement était «beaucoup plus important que la dernière fois».

Le glissement de terrain s’est produit tôt mercredi, bloquant le Chilcotin, un affluent du fleuve Fraser qui coule jusqu’à la région métropolitaine de Vancouver et se jette dans l’océan. Cette rivière fait également partie de la plus grande montaison du saumon rouge au Canada.

M. Alphonse a déclaré qu’une montaison de saumons prévue à la fin de la semaine prochaine a probablement déjà été affectée. «Cette montaison est désormais menacée et c’est très préoccupant pour nous», a-t-il mentionné.

«Nous dépendons des montaisons de saumons pour vivre en bonne santé. C’est la principale source de nourriture de notre peuple.»

Le chef Francis Laceese de la Première nation Tl’esqox, qui fait partie du gouvernement Tsilhqot’in, a déclaré dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux que leurs saumons sont les plus forts qui remontent le fleuve Fraser.

«Ils naissent à la plus haute altitude, dans l’eau la plus froide. Cela en fait donc une espèce très forte», a-t-il rassuré.

Pour le chef Willie Sellars de la bande indienne de Williams Lake, l’incertitude quant à la façon dont le glissement de terrain cédera est une préoccupation majeure.

Celui-ci a survolé le glissement de terrain en hélicoptère deux jours de suite et a déclaré que l’eau derrière le barrage avait doublé de volume entre mercredi et jeudi et qu’elle continuait de croître.

Les scénarios avancés pour le barrage incluent qu’il se libère d’un seul coup, que l’eau puisse s’écouler ou que le lac derrière le barrage dépasse le glissement et permette au débit de la rivière d’augmenter, a-t-il expliqué.

«Mais il y a cette immense étendue d’eau qui s’accumule d’un côté de ce glissement de terrain. Et c’est effrayant», a ajouté M. Sellars.

Connie Chapman, directrice, gestion de l’eau au ministère des Forêts de la Colombie-Britannique, a révélé que le lac derrière le barrage s’étend désormais sur 11 kilomètres de long, et une nouvelle estimation de la taille du blocage est d’environ 1000 mètres le long de la rivière, 600 mètres de large et 30 mètres de profondeur.

Mme Ma a déclaré qu’il était «impératif» pour les personnes vivant le long de la rivière et en aval du glissement de terrain d’avoir un sac prêt en cas d’évacuation, mais que les responsables espèrent que cela n’arrivera pas.

«Le meilleur des cas est que la nature suit son cours de manière douce et élimine naturellement le blocage, et que cela se fasse suffisamment lentement pour que les débris ne s’entraînent pas dans la rivière et ne créent pas davantage d’érosion en cours de route», a-t-elle précisé.