Réduction des GES: le contexte actuel motive d’autant plus le Canada, dit Trudeau

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau estime que «la crise énergétique lancée par la Russie» incite le Canada à passer en deuxième vitesse dans la lutte aux changements climatiques. Il présentera mardi son plan, que des députés d’opposition attendent de pied ferme.

«Au contraire ça nous donne la motivation et l’encouragement d’aller, à la place, plus vite et d’être plus fermes sur le besoin d’avoir cette transition énergétique pour (…) ne plus être dépendants du pétrole et du gaz», a déclaré M. Trudeau en point de presse à Toronto, lundi.

Il a noté que ce besoin se manifestait «en particulier» en Europe, où l’affranchissement face à la Russie en matière d’hydrocarbures est plus que nécessaire.

C’est ce que le premier ministre a soutenu quand une journaliste lui a demandé si l’effet des sanctions contre la Russie pour son invasion de l’Ukraine et la montée de l’inflation ralentiront l’atteinte des cibles climatiques d’Ottawa.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a jusqu’à mardi pour déposer au Parlement un nouveau plan national de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

La feuille de route devrait détailler comment le Canada entend parvenir à une réduction de 40 % à 45 % d’ici 2030, par rapport aux niveaux d’émissions de 2005.

L’obligation de présenter un plan découle de la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité.

«Les Canadiens vont voir un plan qui demeure extrêmement ambitieux pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en s’assurant de la transition, de l’appui pour les travailleurs», a promis M. Trudeau lundi au sujet de l’annonce qui aura lieu à Vancouver.

Durant la période des questions à Ottawa, des députés d’opposition ont présenté leurs attentes.

Le néo-démocrate Charlie Angus a exhorté les libéraux à imposer une «stricte limite» à la production d’énergies fossiles. «Brûler la planète peut sembler une bonne idée pour les affaires, mais ça condamne nos enfants à un terrible futur», a-t-il lancé.

Sa collègue Laurel Collins a souligné que le Canada a l’habitude de rater ses cibles climatiques et que la tendance est demeurée avec les libéraux.

«Les Canadiens veulent une réelle action climatique, mais la rhétorique libérale ne colle tout simplement pas à leurs actions. Malgré ses promesses, ce gouvernement a le pire dossier parmi tous les pays du G7», a-t-elle envoyé.

La bloquiste Kristina Michaud a appelé Ottawa à écarter la voie du captage et du stockage de carbone pour plutôt s’engager à refuser tout nouveau projet d’extraction d’hydrocarbures et à abolir les subventions aux énergies fossiles. Comme pour le NPD, le Bloc québécois demande un plafonnement de la production de pétrole.

«Pour être crédible, le Canada n’a pas le choix de s’attaquer dès maintenant à son plus grand pollueur: le secteur gazier et pétrolier», a-t-elle résumé.

C’est Terry Duguid, secrétaire parlementaire du ministre de l’Environnement, qui a donné la réplique dans les banquettes libérales en vantant le bilan du gouvernement Trudeau.

«Nous prenons des mesures audacieuses, de l’imposition d’un prix sur la pollution à l’investissement dans les énergies propres (en passant par) la rénovation des propriétés, la décarbonisation de l’industrie, la mise en place de nouvelles cibles de réduction des émissions et des investissements historiques dans la nature», a-t-il énuméré.

Quant à l’élimination des subventions aux combustibles fossiles, les libéraux se sont engagés, lors de la dernière campagne électorale, à concrétiser cet engagement de longue date d’ici 2023.