Pierre Poilievre déplore la criminalité incontrôlable dans les villes canadiennes

OTTAWA — Le chef conservateur, Pierre Poilievre, a martelé à nouveau vendredi sa conviction que «tout semble brisé» au Canada, s’en prenant au premier ministre Justin Trudeau pour avoir suggéré le contraire.

M. Poilievre s’est adressé aux députés conservateurs lors de leur retraite de deux jours du caucus avant la rentrée parlementaire aux Communes, lundi prochain. 

Cette rentrée intervient alors que le pays fait face à la possibilité d’une récession. 

Son discours a offert un bilan critique des près de huit années au pouvoir de Justin Trudeau. Il a commencé son allocution par la question : «Que se passe-t-il dans notre pays ?»

Tout au long, M. Poilievre a décrit les souffrances, selon lui, que subissent les Canadiens – que ce soit à cause des prix élevés à l’épicerie ou de la criminalité, qu’il a qualifiée d’incontrôlable – dans des domaines où il juge que le gouvernement échoue. Il a cité le récent chaos des voyages de vacances comme exemple de cela.

«Tout semble brisé, a-t-il dit. Oh, Justin Trudeau sera offusqué que j’ai dit cela. Il pense que si on ne parle pas des problèmes qu’il a causé, que ces problèmes seront oubliés. En fait, il a dit que je ne devrais jamais parler de ces problèmes parce que les Canadiens n’ont jamais eu si bien la vie.»

Le chef conservateur a appuyé ce dernier commentaire en soulignant les propos de M. Trudeau lors de la fête libérale de fin d’année, le mois dernier, où le premier ministre avait contré le message du chef conservateur en disant à ses partisans: «Le Canada n’est pas brisé».

M. Poilievre en a profité pour mettre en lumière la controverse entourant la firme McKinsey. «Ça va très bien pour McKinsey n’est-ce pas, a-t-il soulevé. Oui vous avez raison, pour vos petits amis libéraux, Justin, ça va très bien». 

Il a accusé M. Trudeau d’être incapable de voir à quel point les gens souffrent, affirmant que leurs problèmes sont la seule faute de M. Trudeau.

«Si vous ne me croyez pas qu’il y a de la souffrance dans notre pays, cher Justin, venez avec moi dans le nord de l’Ontario, où les personnes âgées doivent vivent dans le froid, parce qu’ils ne peuvent pas payer votre taxe carbone sur leur chauffage», a mentionné M. Poilievre. 

Il a poursuivi en donnant un second exemple, cette fois au Québec, où les personnes âgées «ont faim» parce qu’elles ne peuvent se permettre la hausse des prix sur la nourriture en raison, dit-il, de la taxe de M. Trudeau sur l’engrais. 

M. Poilievre a aussi fait mention des familles qui ont perdu un proche à cause des drogues. 

Il a également indiqué que des immigrants patientent depuis «des mois et des mois» pour parrainer un membre de leur famille alors que M. Trudeau permet à «90 000 personnes à traverser la frontière illégalement au chemin Roxham.»

«Oui c’est vous M. Trudeau qui avez causé ces augmentations-là», a dénoncé le chef conservateur. 

Pour sa part, Justin Trudeau a répondu aux remarques de M. Poilievre alors qu’il se rendait à la réunion du caucus libéral en disant que le chef conservateur amplifiait la colère des gens, plutôt que de «leur proposer des solutions».

M. Poilievre a déclaré aux députés vendredi matin que les villes du pays devenaient des «zones criminelles» sous le règne de Justin Trudeau, suggérant que le premier ministre ne prend pas ses responsabilités.

M. Poilievre a cité Toronto comme exemple après une série d’incidents violents sur le système de transport en commun de la ville au cours des dernières semaines.

Un rapport de Statistique Canada publié en novembre dernier montre que le taux d’homicides au pays a augmenté pour la troisième année consécutive, des villes comme Winnipeg et Regina affichant les pires taux par habitant. L’indice de gravité de la criminalité a diminué en 2021 et 2020 après cinq années d’augmentation.

«Si Justin Trudeau n’est pas capable de rien faire à propos de ça, pourquoi est-il là? Les Canadiens méritent mieux», a-t-il déclaré sous les acclamations et les applaudissements du caucus.

M. Poilievre a conclu en promettant que les conservateurs allaient «convertir la peine que Justin Trudeau a causée en espoir dont les Canadiens ont besoin». 

Responsabilité financière

M. Poilievre vient tout juste de terminer une tournée qui l’a amené à faire des arrêts au Québec, dans le nord de l’Ontario et à Winnipeg. 

Et si ses premiers mois à la direction ont été axés sur la transition vers le bureau, il est maintenant bien engagé dans la gestion d’un caucus de 116 personnes.

Cela n’est pas sans poser problème. Cette semaine, à la demande de M. Poilievre, le whip du parti a informé les députés qu’ils devaient donner l’exemple en faisant preuve de responsabilité financière en mettant fin à la pratique consistant à faire payer par les contribuables les services Internet à domicile.

La Chambre des communes permet aux députés d’être remboursés pour ces dépenses par le biais du budget de leur bureau, mais les conservateurs ont demandé à leurs députés et à leur personnel d’arrêter. 

Des courriels obtenus par La Presse Canadienne montrent que plusieurs députés des régions rurales ont exprimé leur mécontentement, demandant au parti de ne pas modifier sa politique jusqu’à ce que le caucus se réunisse vendredi pour en discuter.

Interrogé sur ces préoccupations, le porte-parole de M. Poilievre, Sebastian Skamski, a fait référence à une déclaration antérieure fournie par le whip en chef de l’opposition, Kerry-Lynne Findlay, qui a déclaré que le changement avait été apporté à la lumière du coût de la vie élevé.

M. Poilievre a également publié plusieurs déclarations de principe au cours de la semaine dernière, y compris une annonce qu’il prévoyait des consultations avec les Premières Nations afin d’accroître leur accès aux revenus provenant des ressources exploitées sur leurs terres.