Menaces de Trump: «On va passer au travers», assure Legault
SAINT-SAUVEUR — Le gouvernement Legault promet de protéger les Québécois «coûte que coûte» contre les tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens que Donald Trump pourrait imposer le 1er février.
C’est le message qu’a lancé le premier ministre François Legault, mardi, à l’ouverture du caucus présessionnel de sa formation politique qui se tient à Saint-Sauveur, dans les Laurentides.
Selon ses calculs, le Québec risque de perdre 100 000 emplois.
«Peu importe ce que M. Trump va faire, je veux dire aux Québécois qu’on va vous protéger coûte que coûte et on va passer au travers ensemble», a-t-il déclaré sous les applaudissements nourris de ses députés.
Il a reconnu dans sa courte allocution que l’année 2025 commençait «un petit peu raide».
Plus tôt, son ministre des Finances, Eric Girard, s’était également montré rassurant, affirmant que le «rôle du gouvernement» sera de «fournir des liquidités» aux entreprises touchées par les tarifs, quitte à creuser le déficit.
Les deux hommes ont comparé la situation à celle vécue pendant la pandémie de COVID-19.
Dans les circonstances, le gouvernement pourrait devoir reporter le retour à l’équilibre budgétaire prévu en 2029-2030, a concédé M. Girard.
«Présenter un plan de retour à l’équilibre budgétaire, c’est une obligation en vertu de la loi, c’est certain qu’on va le faire. (…) La question, c’est: « Est-ce qu’on va être capable de l’exécuter s’il y a une force majeure? »», a-t-il dit.
Réunis à Orford, en Estrie, les libéraux ont promptement accusé le gouvernement caquiste de faire «déficit sur déficit». Le Québec affiche aujourd’hui un déficit record de 11 milliards $.
«François Legault est très habile à trouver des défaites pour repousser constamment le retour à l’équilibre budgétaire», a fait remarquer le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay.
Lorsqu’interrogé sur le montant qu’il était prêt à allonger aux entreprises, M. Girard a rappelé que son gouvernement avait mis 2 milliards $ d’argent public sur la table pendant la COVID-19.
«Mais ce qu’on a vu, c’est que plusieurs entreprises n’ont pas eu besoin d’aide, (…) donc le montant qui a été déboursé a finalement été beaucoup moins élevé que prévu», a-t-il expliqué en anglais.
Donald Trump a affirmé, lundi, qu’il pourrait mettre à exécution sa menace d’imposer des tarifs de 25 % sur les produits importés du Canada dès le 1er février.
L’imposition de tels tarifs serait «très dommageable» pour l’industrie de la forêt, a déclaré la ministre responsable, Maïté Blanchette Vézina, en mêlée de presse, mardi.
Chose certaine, ce n’est pas le temps de se «diviser», a fait valoir le premier ministre Legault lors d’un cocktail militant en début de soirée, décochant des flèches à ses adversaires péquistes et libéraux.
«La priorité, (…) ce n’est pas de préparer un référendum sur la souveraineté. (…) Il y a deux vieux partis qui attendent juste ça, de repartir le débat», a-t-il lancé.
«Ce n’est pas le temps actuellement de se diviser. C’est le temps de travailler ensemble et de travailler aussi avec le reste du Canada pour gagner la bataille contre M. Trump», a-t-il ajouté.
M. Legault a plaidé pour plus d’achat local. «Pourquoi on boirait du vin qui vient de la Californie?» s’est-il exclamé devant quelques dizaines de sympathisants.
«Moi, je viens d’un milieu populaire, ordinaire, à Sainte-Anne-de-Bellevue. Il y a des bouts où on n’en mangeait pas, des oranges! On n’en mangeait pas de bananes, parce que ce n’était pas fait ici!»
Les travaux à l’Assemblée nationale reprennent le 28 janvier.