L’OPC met en garde contre des stratagèmes frauduleux de vente itinérante

MONTRÉAL — Immenses économies d’énergie, inspection gratuite, concours aux prix alléchants, subventions pour financer les travaux: des commerçants en ligne ou qui s’adonnent au porte-à-porte n’hésitent pas à recourir à des pratiques malhonnêtes et illégales, prévient l’Office de la protection du consommateur (OPC).

Celui-ci rappelle qu’il est interdit par la Loi sur la protection du consommateur d’avoir recours à de faux prétextes pour solliciter une vente. On voit beaucoup ce genre de pratiques dans les domaines de l’énergie et de la décontamination, souligne Charles Tanguay, porte-parole de l’OPC.

«Il semble y avoir une multiplication des publicités sur Facebook, qui visent spécialement les propriétaires de maison pour leur faire miroiter des économies d’énergie, des subventions d’isolation des maisons par exemple, des inspections écoénergétiques, et c’est souvent présenté sous le couvert de l’écologie, détaille-t-il lors d’un entretien téléphonique. On ne sait pas s’il s’agit d’une entreprise, d’une association ou du gouvernement. On joue beaucoup sur cette ambiguïté-là de pas savoir à qui on a affaire.»

L’OPC mentionne l’exemple d’un commerçant qui se présente à une résidence en offrant d’inspecter ou de nettoyer gratuitement des conduits d’aération dans le but caché de vendre un nouvel appareil, ou bien celui d’un individu qui propose d’inspecter l’entretoit d’une propriété et qui découvre soudainement la présence de moisissure, ce qui nécessiterait des travaux urgents de décontamination, alors que les photos qu’il présente ne sont pas celles de la résidence inspectée.

Un autre exemple concerne les réseaux sociaux, où une entreprise organise un concours pour permettre aux participants de remporter une thermopompe ou de sauver 5000 $ sur des travaux, forçant ainsi le «gagnant» à faire affaire avec elle.

«Il faut prendre en compte que plusieurs de ces entreprises vendent les thermopompes deux, trois ou même quatre fois le prix qu’elles valent, prévient M. Tanguay dans le cadre d’une entrevue avec La Presse canadienne. Pour elles, c’est ensuite facile de dire que vous gagnez 5000 $ de rabais quand le prix a déjà été gonflé.»

Une autre stratégie utilisée par ces entreprises malhonnêtes consiste à laisser entendre à leurs clients potentiels qu’ils pourront souscrire à d’importantes subventions gouvernementales qui leur permettraient de réduire considérablement leur facture d’énergie. 

Des renseignements utilisés à mauvais escient

Dans certains cas, explique M. Tanguay, le vendeur itinérant propose au propriétaire de la résidence de signer un formulaire pour voir s’il est admissible à une aide financière pour la réalisation de travaux.

La rencontre suivante s’avère par la suite être une séance de vente ou aucune tactique n’est écartée pour faire souscrire le client rapidement à «des contrats qui sont généralement très onéreux et pas très avantageux».

«Rappelez-vous que vous fournissez des renseignements personnels qui peuvent être utilisés à mauvais escient par ces entreprises, souligne le porte-parole. Il y a aussi des entreprises qui n’existent pas vraiment, qui s’empressent de prendre un dépôt et qui vont aussitôt disparaître.»

Vérifier avant de signer

La loi permet aux consommateurs qui regrettent d’avoir signé un contrat de revenir sur leur décision dans les 10 jours suivants. Or, il est préférable de ne rien signer sous pression, au risque de le regretter et de devoir entreprendre des démarches pour se défaire de l’entente, souligne M. Tanguay.

Celui-ci recommande fortement de ne parapher aucune entente dans les 24 heures et de prendre le temps de sous-peser la proposition du commerçant avant de l’accepter. Le tout donne le temps au consommateur averti d’effectuer certaines recherches pour s’assurer de la validité de l’offre, notamment sur le site de l’OPC où un registre indique si un commerçant détient un permis pour faire de la vente itinérante, s’il a fait l’objet d’une poursuite ou s’il a déjà été mis en demeure par des consommateurs.

Les sites de Transition énergique Québec et d’Hydro-Québec, entre autres, répertorient les programmes de subvention et les critères d’admissibilité.

M. Tanguay invite aussi les consommateurs à valider la légitimité du commerçant sur le Registre des entreprises ou à consulter le Registre des détenteurs de licence de la Régie du bâtiment du Québec si l’entreprise souhaite effectuer des travaux.

Enfin, le porte-parole recommande aux propriétaires de faire faire plusieurs soumissions avant d’arrêter leur choix sur une entreprise.  

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.