Le premier ministre de l’Î.-P.-É. dirige une mission dans des États américains
FREDERICTON — Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, espère que les esprits se calmeront et que les échanges commerciaux continueront de circuler librement à travers la frontière entre les États-Unis et le Canada.
Depuis dimanche, M. King dirige une équipe de 21 personnes composée de ministres et de représentants de l’industrie lors d’un voyage en autocar dans trois États du Nord-Est.
Le premier ministre rencontre cette semaine des dirigeants de l’industrie et des élus du New Hampshire, du Massachusetts et du Maine pour souligner l’importance des exportations de pommes de terre et de fruits de mer de l’Île-du-Prince-Édouard.
M. King a indiqué qu’il souhaitait souligner l’importance de maintenir une «relation ininterrompue» entre les deux pays, comme cela a été le cas pendant «des générations et des siècles».
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a menacé d’imposer un tarif douanier de 25 % sur les produits canadiens dès son premier jour à la Maison-Blanche, le 20 janvier, à moins que le Canada ne renforce la sécurité à la frontière.
M. Trump affirme que les États-Unis n’ont besoin de rien du Canada et il a parlé d’utiliser la «force économique» pour faire du pays le 51e État américain.
Le premier ministre King plaide que les produits canadiens contribuent à créer des emplois et de l’activité économique aux États-Unis, et il souhaite mettre en évidence cet aspect lors de sa mission américaine à bord de l’autobus orné de photos de champs de pomme de terre et de homards.
«Nos produits du Canada aident à créer des emplois et à stimuler l’activité économique aux États-Unis, et c’est ce qui fait la grandeur de l’Amérique, et c’est ce que nous voulons les aider à continuer de faire», a-t-il mentionné lors d’une entrevue lundi soir depuis Portsmouth, dans le New Hampshire.
L’Île-du-Prince-Édouard exporte environ 1,8 milliard $ de marchandises aux États-Unis, ce qui représente environ 25 % du produit intérieur brut de la province.
Un «impact catastrophique»
Les menaces de droits de douane auraient un «impact catastrophique» sur l’Île-du-Prince-Édouard et sur la majeure partie de l’économie canadienne, a insisté M. King, mais ils toucheront également au sud de la frontière.
«Ce sera dévastateur pour les consommateurs américains qui finiront par payer plus cher pour les produits qu’ils aiment consommer. (…) Ce serait une journée terrible, terrible, et j’espère que cela n’arrivera pas», a-t-il avancé.
«Je crois vraiment et j’espère que les esprits se calmeront et que les bonnes affaires occuperont le devant de la scène.»
M. King et son équipe ont rencontré lundi la gouverneure du Maine, Janet Mills, a déclaré Emily Blue, porte-parole du premier ministre. Des réunions étaient prévues mardi avec la gouverneure du New Hampshire, Kelly Ayotte, et la gouverneure du Massachusetts, Maura Healey.
Robert Huish, professeur associé au département d’études sur le développement international de l’Université Dalhousie, a soutenu qu’il était important que les dirigeants provinciaux et municipaux s’engagent directement avec les élus américains qui peuvent faire pression sur le Congrès, qui devrait approuver les tarifs.
«Plus le Canada rappelle aux Américains que nous avons des échanges commerciaux directs avec la plupart des États américains et que nous avons d’importantes relations bilatérales avec de nombreuses municipalités, plus il devrait faire comprendre que les propositions de Donald Trump sont néfastes pour tous», a-t-il précisé.
Il a toutefois souligné l’importance d’une approche coordonnée de type «Équipe Canada». «Il ne peut pas s’agir d’une équipe de capitaines, a-t-il avancé. Nous devons avoir un leadership approprié.»
Drew Fagan, professeur à la Munk School of Public Policy de l’Université de Toronto, a affirmé qu’il était important qu’un certain nombre de personnes parlent au nom du Canada, mais qu’elles devaient être cohérentes. «Et je ne suis pas sûr que nous assistions à cette cohérence.»
Il a imputé les voix divergentes au vide de leadership au niveau fédéral après que le premier ministre Justin Trudeau a annoncé son intention de démissionner, ajoutant que le moyen de réussir avec les États-Unis dans les négociations est d’être le «parti le plus intelligent».
«Et l’intelligence vient de la coordination et de la concentration», a-t-il ajouté.