La visite du pape doit mener à d’autres actions, dit le ministre Marc Miller

Le ministre des Relations Couronne-Autochtones, Marc Miller, dit que de ne rien faire serait la pire chose après les excuses formulées par le pape François pour les pensionnats lors de son voyage historique au Canada.

M. Miller a indiqué mercredi qu’il y avait un regain d’intérêt pour reconnaître que ce qui s’est passé dans les pensionnats était un génocide après que le pape a utilisé le terme la semaine dernière devant les journalistes après sa visite en Alberta, au Québec et au Nunavut.

M. Miller a ajouté qu’il doit y avoir le consentement unanime des députés à la Chambre des communes pour que le gouvernement canadien adopte ce langage lorsqu’il décrit les institutions.

«La pire chose que vous puissiez avoir après de telles excuses historiques… est que rien ne se passe ensuite», a souligné M. Miller de passage dans la nation crie de Peepeekisis, dans le sud-est de la Saskatchewan.

Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé qu’il continuait d’accepter la conclusion de l’enquête de 2019 sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées selon laquelle «ce qui s’est passé équivaut à un génocide».

Les gouvernements ont du mal à influencer le changement de culture, selon M. Miller, qui a ajouté qu’il existe un désir dans toute la société pour que les gens s’informent sur l’histoire des pensionnats.

«J’ai bon espoir, avec la visite du pape, que cela fera tourner l’esprit des gens qui ne pensent pas à ces questions tous les jours», a-t-il indiqué.

Le pape François a soutenu mercredi qu’il avait ressenti la douleur des peuples autochtones lors de son voyage au Canada, mais qu’il était également reparti avec un sentiment d’espoir.

Au cours d’un voyage de six jours, la semaine dernière, le chef de l’Église catholique romaine a rencontré des dirigeants autochtones et des survivants des pensionnats fédéraux, lors d’escales en Alberta, au Québec et au Nunavut. Il est revenu mercredi sur ce voyage pénitentiel, au cours de son «audience générale» hebdomadaire au Vatican.

«Lors de ces rencontres — surtout la dernière —, j’ai pu ressentir toute la douleur de ces gens, ce qu’ils avaient perdu, a déclaré le pape. Les personnes âgées qui avaient (perdu) leurs enfants et ne savaient pas ce qu’ils étaient devenus, à cause de cette politique d’assimilation.

«Ce fut un moment très douloureux, mais auquel nous devons faire face. Nous devons faire face à nos erreurs, à nos péchés», a-t-il dit.

Tout au long de son périple au Canada, le pape s’est excusé à plusieurs reprises pour le rôle de certains membres de l’Église dans les pensionnats pour Autochtones. Il a également demandé pardon pour la destruction culturelle et l’assimilation forcée de ces enfants.

Dans l’avion qui le ramenait à Rome, le pape François a même déclaré que les agressions auxquelles les Autochtones avaient été soumis constituaient un «génocide».

On estime que 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats au Canada, où la négligence et les agressions physiques et sexuelles étaient endémiques. Plus de 60 % de ces établissements étaient administrés par des congrégations religieuses catholiques.

Lors de son audience générale mercredi, dans l’auditorium Paul-VI, le pape a souligné qu’il y avait eu tout de même de nombreux moments de joie tout au long de son périple, et il a remercié les Canadiens pour leur accueil chaleureux et leur grande hospitalité. Mais le sens général et le ton de ce voyage, a-t-il dit, étaient plutôt à la réflexion, à la repentance et à la réconciliation.

François a déclaré que le courage démontré par les Autochtones pouvait servir d’exemple à tous les peuples — qu’il valait mieux pour eux, a-t-il dit, «ne pas se fermer», mais plutôt «offrir leur apport indispensable pour une humanité plus fraternelle, qui sache aimer la création et le créateur, en harmonie avec la création».

Cependant, certains dirigeants autochtones se disent déçus par le pèlerinage et les excuses du pape, affirmant qu’il a échoué sur de nombreux fronts.

La cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations, RoseAnne Archibald, a souligné que le pape s’était abstenu de dénoncer le rôle de l’Église catholique en tant qu’institution dans la création de systèmes qui ont causé des souffrances physiques et spirituelles aux peuples autochtones. Elle a dit que les excuses étaient «incomplètes».

«Le fait que le Vatican n’ait pas traité de ces questions de manière appropriée dans le discours du pape représente une réelle indication que le Vatican n’est pas à l’écoute des préoccupations des Premières Nations, a affirmé Mme Archibald dans un récent communiqué de presse. Pour moi, c’est l’image à retenir de l’ensemble de cette visite.»

Elle a ajouté que le pape François n’avait pas non plus répondu aux appels à révoquer la doctrine de la découverte, les bulles papales utilisées pour justifier la colonisation, ainsi qu’à restituer les terres du diocèse et les objets sacrés aux communautés autochtones.