La Colombie-Britannique enquête sur un détournement «important» d’opioïdes

VICTORIA — Un document récent du ministère de la Santé de la Colombie-Britannique indique qu’une «part importante» des opioïdes prescrits par les médecins et les pharmaciens est détournée et que les produits de substitution prescrits font l’objet d’un trafic à l’échelle provinciale, nationale et internationale.

Le document d’information qui a fait l’objet d’une fuite et qui a été distribué par les conservateurs de l’opposition montre également que le ministère a mené une enquête et que les prochaines étapes comprendront le ciblage de «pharmacies spécifiques» par les responsables de l’application de la loi.

L’authenticité du document a été confirmée par la ministre de la Santé, Josie Osborne, qui a déclaré qu’il était «décevant» qu’il ait été divulgué et que l’enquête ait pu être compromise.

«Nous savons que cela se produit. Ces allégations sont réelles. Il n’y a absolument aucun démenti. Il ne s’agit pas de les diminuer, et il ne faut pas les accepter. C’est pourquoi nous prenons les mesures que nous avons prises», a-t-elle affirmé aux journalistes.

Le document de 38 pages n’est pas daté, mais il contient des données allant jusqu’à décembre qui suggèrent que la quantité d’hydromorphone, un opioïde utilisé pour traiter les toxicomanes, a été multipliée par 20 au cours des dernières années.

Le document indique que certaines pharmacies «offrent des incitations aux clients» et que des employés de logements communautaires obligent les locataires à se rendre dans certaines pharmacies pour obtenir leurs ordonnances. Plus de 60 pharmacies ont été identifiées.

Ce document a été publié alors que le Canada est confronté à la menace d’une guerre commerciale avec les États-Unis, qui exigent que des efforts soient faits pour empêcher le fentanyl de franchir la frontière.

Mme Osborne a précisé que l’enquête a été menée par une unité spéciale composée d’anciens policiers, en plus du personnel du ministère.

Le premier ministre David Eby, ses ministres et la responsable de la Santé publique de la Colombie-Britannique, la docteure Bonnie Henry, ont «nié et minimisé» la question du détournement des médicaments dits d’approvisionnement sûr, selon la députée conservatrice Elenore Sturko.

«Il ne fait plus aucun doute que le gouvernement néo-démocrate est responsable de l’augmentation de la dépendance et des décès, de l’enrichissement du crime organisé et de la facilitation du trafic international de stupéfiants», a-t-elle déclaré dans un communiqué de presse.

Elle a ajouté en entrevue qu’elle était «convaincue qu’il est temps pour le premier ministre de prendre des mesures et de décréter immédiatement un moratoire sur l’approvisionnement sûr sans témoin».

On parle d’«approvisionnement sûr sans témoin» lorsque des médicaments de qualité pharmaceutique, tels que les opioïdes, sont prescrits à des utilisateurs qui peuvent les emporter pour les prendre au moment et à l’endroit où ils le souhaitent.