Doug Ford salue le plan frontalier fédéral avant la réunion des premiers ministres

TORONTO — Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a déclaré mardi qu’il était désormais convaincu que le gouvernement fédéral avait un plan «phénoménal» pour sécuriser la frontière canado-américaine en réponse à la menace tarifaire de Donald Trump – bien qu’il n’ait fourni aucun détail de ce plan.

Le président élu américain a menacé d’imposer un tarif de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada. Le président élu américain a d’abord déclaré que le tarif serait une réponse à ce qu’il a appelé l’inaction du Canada sur les drogues et les migrants traversant la frontière commune.

S’adressant aux journalistes après une réunion avec le ministre des Finances et des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, à Toronto mardi, M. Ford a fait l’éloge de M. LeBlanc et du «plan solide». Il a exhorté le ministre fédéral de la Sécurité publique, David McGuinty, à «sortir et à présenter le plan au peuple canadien».

Le ministre LeBlanc, qui avait annoncé auparavant un plan de 1,3 milliard $ sur six ans pour sécuriser la frontière, a déclaré avoir dit à Doug Ford que l’argent permettrait à la Gendarmerie royale du Canada et à l’Agence des services frontaliers d’utiliser des drones à longue portée et des tours de surveillance, de créer un commandement aérien conjoint, d’embaucher plus d’agents et de déployer 80 unités canines pour rechercher le fentanyl. Il n’a pas dévoilé de nouvelles mesures, de calendriers ou de coûts précis.

M. LeBlanc a indiqué qu’il avait également présenté ces mesures aux membres clés de l’équipe de M. Trump lors de leur rencontre en Floride – bien que cela n’ait pas convaincu Donald Trump de reculer.

Le premier ministre Ford a commencé la journée en critiquant le gouvernement libéral sur le dossier de la frontière.

«Je vais être franc: ils doivent se ressaisir» à Ottawa, a déclaré M. Ford mardi matin. «C’est aussi simple que ça. Il ne devrait pas revenir aux premiers ministres de demander une réunion de suivi en personne: cela aurait dû se produire il y a un certain temps, et nous devons travailler en ‘Équipe Canada’. Nous ne pouvons pas avoir un Canada divisé. Nous devons nous assurer que nous nous serrons tous les coudes et que nous chantons tous la même chanson.»

500 000 emplois potentiellement en péril

Le premier ministre de l’Ontario a soutenu que les tarifs douaniers évoqués par Donald Trump sur les exportations canadiennes pourraient coûter jusqu’à 500 000 emplois dans sa province. Et Doug Ford réclame d’Ottawa une action plus forte et plus visible.

M. Ford a indiqué que le nombre réel d’emplois ontariens touchés par ces tarifs dépendra des secteurs ciblés, mais les ministères au sein de son gouvernement lui ont soumis que ce chiffre pourrait se situer entre 450 000 et 500 000 emplois. «C’est grave, a déclaré M. Ford mardi en conférence de presse. C’est sans précédent.»

Dominic LeBlanc a déclaré que le gouvernement fédéral avait fait sa propre modélisation de l’impact national des tarifs, mais n’a pas voulu partager ces chiffres.

«Nous n’allons pas spéculer sur les différents scénarios. La semaine prochaine, nous pensons connaître les détails précis de ce que ces tarifs signifieront pour l’économie canadienne, et nous serons prêts, bien sûr, à réagir en position de force et, nous l’espérons, en tant que pays unifié», a-t-il déclaré.

M. LeBlanc a ajouté que l’unité sera le message lorsque lui et le premier ministre Justin Trudeau rencontreront les premiers ministres du pays mercredi.

Les 13 premiers ministres des provinces et territoires doivent rencontrer mercredi le premier ministre Justin Trudeau pour discuter des mesures à prendre face à ces menaces. M. Ford a estimé mardi qu’à moins d’une semaine du jour de l’investiture présidentielle à Washington, un plan sur la façon de répondre à ces tarifs devrait déjà avoir été finalisé.

Dans un message publié sur les réseaux sociaux mardi, M. Trump s’est toutefois engagé à créer dès le jour de son investiture le 20 janvier un «service des revenus externes» pour commencer à collecter «les tarifs, les droits et tous les revenus provenant de sources étrangères».

«Nous commencerons à faire payer ceux qui gagnent de l’argent sur notre dos grâce au commerce, et ils commenceront à payer, ENFIN, leur juste part», a écrit le président désigné.

On ignore quel serait le fonctionnement d’un tel «service des revenus externes», par opposition à l’agence fiscale américaine (Internal Revenue Agency). Le secrétaire américain au Trésor établit les réglementations alors que le Service des douanes et de la protection des frontières collecte les droits de douane applicables aux portes d’entrée américaines. La création d’un tel service nécessiterait probablement l’approbation du Congrès.

Mais le message de M. Trump sur son réseau «Truth Social» démontre encore une fois que le président élu a bien l’intention d’imposer des droits de douane radicaux lorsqu’il prendra ses fonctions lundi prochain.

M. LeBlanc a déclaré que M. Ford et lui avaient discuté de la possibilité de se rendre à Washington la semaine prochaine ou de visiter la frontière, une fois que l’on saura clairement ce que l’administration Trump prévoit faire.

Il a souligné la nécessité pour les premiers ministres et le gouvernement fédéral de défendre ensemble l’économie canadienne.

La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, qui a rendu visite à M. Trump à Mar-a-Lago en fin de semaine, a mis en garde Ottawa contre un embargo sur les exportations d’énergie vers les États-Unis en réponse aux tarifs douaniers, alors que M. Ford a estimé que toutes les options devraient être sur la table.

Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré mardi, lors d’un événement à Toronto, que le Canada devait s’organiser pour exporter son pétrole, son gaz et ses minéraux essentiels vers d’autres marchés.

«D’ailleurs, nous avons d’autres marchés, car l’énergie est la sécurité économique et la sécurité économique dans ce monde est la sécurité nationale», a-t-il dit.

Il a également déclaré que l’approche «Équipe Canada» n’a pas été aussi fructueuse cette fois-ci que sous la première administration Trump, ajoutant qu’il a essayé d’encourager une approche multipartite.

Stephen Harper contredit Trump

L’ex-premier ministre conservateur Stephen Harper a déclaré qu’il avait «un réel problème» avec les propos de M. Trump sur les relations commerciales.

Dans une entrevue accordée à un baladodiffuseur américain et diffusée lundi, M. Harper a réfuté les affirmations de M. Trump selon lesquelles les États-Unis «subventionnent le Canada», attribuant le «modeste excédent commercial» au fait que les Américains achètent beaucoup de pétrole et de gaz canadiens à un prix réduit par rapport aux marchés mondiaux.

«C’est en fait le Canada qui subventionne les États-Unis à cet égard», a-t-il soutenu.

M. Harper a aussi rappelé que la défense commune de l’Amérique du Nord par le biais du NORAD ne constitue pas non plus une subvention. «Les États-Unis le font parce que c’est dans leur intérêt vital, a-t-il déclaré. Voulez-vous que le Canada soit un pays neutre?»

Il a également déclaré qu’il n’y avait pas de flux majeur de migrants aux États-Unis en provenance du Canada, tout en qualifiant de «honteuse» la politique de l’administration de Joe Biden à la frontière sud.

«Je vais vous le dire tout de suite: la drogue, les armes, la criminalité – la plupart de ces choses circulent vers le nord, pas vers le sud», a déclaré M. Harper.