Des membres de minorités religieuses se sentent moins en sécurité depuis la «Loi 21»

MONTRÉAL — Une nouvelle enquête d’opinion suggère que les membres de minorités religieuses au Québec se sentent moins en sécurité, moins acceptés et moins optimistes depuis l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État, il y a trois ans.

Les résultats du sondage Léger, mené pour l’Association d’études canadiennes, révèlent que les Québécois qui s’identifient comme juifs, musulmans ou sikhs ont signalé «des impacts négatifs de grande ampleur, perturbateurs et graves» découlant de cette législation appelée couramment «loi 21».

La Loi sur la laïcité de l’État, adoptée à l’Assemblée nationale en juin 2019, interdit aux employés de l’État en position d’autorité coercitive, comme les juges, les policiers et les gardiens de prison, de porter des signes religieux dans l’exercice de leurs fonctions. Cette interdiction s’étend aussi aux enseignants et enseignantes du réseau public.

Ce sont les musulmanes qui ont signalé certains des impacts les plus importants: plus de 70 % de ces répondantes déclarent une détérioration de leur sentiment de sécurité en public au cours des trois dernières années. Plus de 80 % de ces répondantes estiment aussi qu’elles nourrissent moins d’espoir pour l’avenir de leurs enfants.

Des membres de ces trois communautés religieuses (musulmanes, juives et sikhs) ont déclaré qu’ils avaient été exposés à des incidents ou à des crimes haineux à des niveaux bien supérieurs que ceux vécus par la population générale. Certains ont fourni des exemples, allant des insultes, à la discrimination au travail et jusqu’à des agressions physiques.

Ces résultats ont été obtenus en combinant un sondage Léger, mené en ligne auprès de la population générale, avec un sondage de l’Association d’études canadiennes mené en ligne auprès de musulmans, de juifs et de sikhs. Selon l’Association d’études canadiennes, Léger a ensuite pondéré les résultats des deux enquêtes combinées à l’aide des données de Statistique Canada.

Au total, 1828 Québécois — dont 632 musulmans, 165 juifs et 56 sikhs — ont été interrogés pour les deux sondages en ligne.

Les experts en recherche et en méthodologie estiment qu’il est impossible d’attribuer une marge d’erreur à un sondage réalisé en ligne, puisque la méthode d’échantillonnage est non probabiliste.