Des centaines marchent à Montréal malgré l’annulation du défilé de la Fierté

MONTRÉAL — Malgré l’annulation du défilé de la Fierté, des centaines de personnes ont marché dimanche dans les rues du centre-ville de Montréal pour célébrer la diversité sexuelle et de genre.

Les participants, arborant de nombreux drapeaux multicolores, se sont regroupés au square Dorchester en début d’après-midi, au même point de rendez-vous qui avait été originellement prévu pour le défilé. Sur place, plusieurs stands faisaient jouer de la musique.

 Ils se sont ensuite dirigés vers la place Émilie-Gamelin dans une ambiance festive.

Le Service de police de la Ville de Montréal a escorté les marcheurs et libéré les rues sur leur chemin.

Le directeur général de Fierté Montréal, Simon Gamache, avait confirmé l’annulation pour raisons de sécurité à La Presse Canadienne, dimanche matin. 

«Ce sont plus de 80 personnes qui nous manquent ce matin, a-t-il expliqué en entrevue téléphonique, c’est vraiment énorme». Il s’agit de plus du tiers des effectifs nécessaires, alors qu’environ 200 bénévoles devaient y participer.

Les absents étaient pour la plupart «affectés à la fermeture des rues», un rôle que M. Gamache jugeait nécessaire, en plus du soutien à cet effet qui était fourni par le Service de police de la Ville de Montréal. Il a d’ailleurs affirmé avoir eu «une très belle collaboration» avec les policiers.

Il n’attribue pas la situation à une seule cause, mais bien à un ensemble de circonstances. «Il y a eu des cas de COVID-19» durant la semaine, mais aussi très possiblement plusieurs «coups de chaleur» chez les bénévoles qui avaient contribué les jours précédents. D’autres personnes qui s’étaient engagées à aider «ne se sont pas présentées» durant les événements antérieurs, laissant deviner qu’elles ne seraient pas là pour le défilé. «Hier, nous avons livré (…), nous avions les ressources nécessaires, mais c’était vraiment limite.»

Déception et célébration

Plusieurs des membres de la communauté LGBTQ+ qui s’étaient déplacés sur les lieux ont déploré l’annulation de la défilé, qui devait être le moment fort à la fin d’une semaine de célébration.

«C’est vraiment frustrant parce qu’on essaie de se battre pour nos droits de célébrer qui on est, a fait valoir Sabrina, venue avec son groupe d’amis. On essaie quand même de célébrer comme on peut.»

«C’est sûr que c’est décevant», a concédé Suzie Guinard, adjointe administrative et chargée de communications pour GRIS-Estrie. L’organisme avait prévu participer au défilé avec ses jeunes de la diversité sexuelle et de genre, mais a au moins pu participer à d’autres activités avec eux.

En tant que membre d’un organisme, elle a dit comprendre les problèmes de ressources humaines de Fierté Montréal, parce qu’avec la pénurie de main-d’œuvre, «on a de la difficulté à trouver des bénévoles, à les garder engagés».

Même son de cloche du côté du Centre communautaire LGBTQ+ de Montréal: «Tout le monde a été dans cette barque-là, ça a été vraiment difficile pour tout le monde , mais ça prend vraiment des bénévoles pour être capable d’organiser tous ces événements», a fait remarquer son directeur général, Christian Tanguay.

De son côté, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a exprimé sa frustration devant l’annulation. «Je ne vous cacherais pas ma surprise et mon mécontentement d’apprendre dans le journal ce matin que ça n’avait pas lieu, à quelques heures du départ, a-t-elle déclaré en conférence de presse, dimanche matin. Si nous avions été au courant qu’il manquait des effectifs, ou même quoi que ce soit, nous aurions mis l’énergie nécessaire.»

Malgré tout, ceux et celles qui se sont déplacés au square Dorchester se sont dits heureux qu’un événement ait lieu, même sous une différente forme que prévu.

«Moi, j’ai rencontré depuis ce matin plein d’employés de la Ville qui étaient contents d’être là et qui avaient juste hâte à Fierté Montréal 2023», a confié la conseillère en équité, diversité et inclusion au service de sécurité incendie de Montréal Anik St-Pierre. «Le défilé, c’est un événement important, mais ce n’est pas la fin en soi.»

Sabrina, elle, a rappelé que l’esprit de la Fierté, c’est que «tout le monde a le droit d’exister, et être gai, c’est beau, ce n’est pas un choix, peu importe ce que les gens disent, et nous sommes fiers d’être qui nous sommes».

Le défilé, long de 2,9 km, devait se dérouler sur le boulevard René-Lévesque, entre les rues Metcalfe et Alexandre DeSève, à 13h. Des milliers de personnes y participent chaque année pour célébrer les avancées des droits des communautés 2SLGBTQIA+ et pour mettre en lumière leurs revendications.

En raison de la pandémie de COVID-19, le défilé avait été annulé en 2020 et était revenu à son format originel de marche l’an dernier.

Les autres événements du festival se dérouleront comme prévu, notamment à partir de 14h à l’Esplanade du Parc Olympique. «Nous invitons les gens à venir», a lancé M. Gamache.