Construction résidentielle: les cinq syndicats se sont dotés d’un mandat de grève

MONTRÉAL — Une menace de grève plane sur la construction résidentielle, alors que l’Alliance syndicale et l’association patronale du secteur n’ont toujours pas réussi à conclure d’entente, contrairement aux trois autres secteurs de l’industrie.

Les travailleurs, membres des cinq organisations syndicales qui forment l’Alliance syndicale, viennent de voter en faveur d’un mandat de grève générale illimitée.

Ils préviennent qu’ils «n’hésiteront pas à l’utiliser s’il s’avère le moyen le plus efficace pour s’assurer que les travailleurs de la construction résidentielle récupèrent le pouvoir d’achat perdu».

L’Alliance syndicale presse donc l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) de mener une négociation intensive d’ici le 21 mai à 9h, à défaut de quoi «tous les moyens de pression seront considérés par l’Alliance syndicale, incluant la grève».

En entrevue vendredi, le porte-parole de l’Alliance syndicale, Alexandre Ricard, a indiqué que, le 21 mai à 9h, l’Alliance réévaluera la situation pour voir s’il y a eu des progrès suffisants, mais les cinq se tiennent prêts, au cas où.

«Première étape: on a mis un délai pour notre demande par rapport au blitz de négociations. Puis, le 21 à 9h, si on n’a pas d’entente, on va faire une réévaluation de la situation. Mais c’est sûr que je peux déjà vous dire qu’on n’hésitera pas à utiliser notre mandat de grève si on n’a pas d’entente de principe signée», a résumé M. Ricard.

L’Alliance regroupe tous les syndicats de l’industrie, soit, par ordre d’importance décroissante: la FTQ-Construction, le Syndicat québécois de la construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), la CSD-Construction et la CSN-Construction.

Les trois autres secteurs de l’industrie ont déjà réglé les conventions collectives de 2025 à 2029, et ce, avant même l’échéance des conventions collectives, le 30 avril. Il s’agit du secteur industriel, du génie civil et de la voirie, puis de l’institutionnel et le commercial. Dans tous les cas, c’est la même Alliance syndicale qui négocie, mais avec une association patronale différente selon le secteur.

L’entente entre l’Alliance syndicale et les autres associations patronales prévoit des augmentations salariales de 8 % en 2025, de 5 % en 2026, de 5 % en 2027 et de 4 % en 2028.

Pour maintenir les travailleurs

Quand on lui souligne que le secteur de la construction résidentielle ne va pas aussi bien que les autres secteurs de la construction et qu’il y a pénurie de logements, M. Richard réplique: «on est d’accord sur le fait que ce n’est pas le moment d’avoir une grève; c’est le temps d’avoir une entente signée, puis de respecter nos travailleurs. Si on veut justement atteindre nos objectifs d’habitation, dont on s’est doté dans le résidentiel, bien, il faut s’assurer d’avoir de la main-d’oeuvre compétente, qui reste dans le secteur d’activités».

Il souligne d’ailleurs qu’il y a bien d’autres facteurs que les salaires qui ont entraîné une hausse des coûts de construction dans le secteur résidentiel: la hausse du coût des matériaux, le coût des terrains, les taxes foncières, la structure de l’industrie, propre au Québec, qui est faite de petites entreprises qui font beaucoup de sous-traitance, donc avec plusieurs marges de profits qui s’additionnent.

Il plaide aussi pour qu’on offre les mêmes conditions aux travailleurs dans le secteur résidentiel pour éviter un exode de ceux-ci vers les autres secteurs de la construction, où ils seraient mieux payés.

Réplique de l’APCHQ

Invitée à commenter, l’APCHQ s’est dite prête à négocier activement, dans le but d’éviter la grève.

«Nous étions tous présents au ministère du Travail hier (jeudi) et nous sommes demeurés disponibles toute la journée. C’est toujours le cas aujourd’hui (vendredi). Nous restons pleinement engagés dans le processus et privilégions une entente négociée, afin d’éviter une grève aux conséquences importantes pour l’économie québécoise. Nous sommes ouverts à intensifier les discussions au cours des prochaines heures et aussi cette fin de semaine.»