Branle-bas de combat au fédéral pour l’investiture de Donald Trump
Le premier ministre Justin Trudeau et le cabinet fédéral doivent se réunir près de la capitale nationale la semaine prochaine, alors que Donald Trump célèbrera le jour de son investiture à Washington.
Le bureau de M. Trudeau a annoncé qu’une retraite du cabinet ministériel est prévue les 20 et 21 janvier pour discuter de la défense des intérêts canadiens.
«Face à la menace de droits de douane brandie par la nouvelle administration américaine, le conseil des ministres entend protéger et défendre les intérêts des Canadiens, renforcer les relations canado-américaines et démontrer sans équivoque que nos deux pays entretiennent des relations commerciales et de sécurité mutuellement bénéfiques», peut-on lire dans le communiqué du cabinet du premier ministre.
Le prochain président américain s’est engagé à imposer un tarif de 25 % sur tous les produits canadiens et a déclaré qu’il créerait une «agence de recettes externes» dès son premier jour de mandat pour collecter ces tarifs.
Justin Trudeau doit également rencontrer les 13 premiers ministres du pays mercredi pour discuter de la manière de gérer la nouvelle administration Trump.
Plusieurs ministres de haut rang ont déclaré qu’ils avaient décidé de ne pas se joindre à la course pour remplacer le chef libéral au poste de premier ministre afin de pouvoir se concentrer sur leurs portefeuilles.
Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, est le dernier à annoncer qu’il ne se présentera pas à la course à la direction du parti, rejoignant ainsi le ministre des Finances, Dominic LeBlanc, et la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.
S’adressant aux journalistes après une réunion avec le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, à Toronto, mardi, M. LeBlanc a déclaré qu’il avait présenté les mesures prises par le gouvernement fédéral pour sécuriser la frontière aux membres clés de l’équipe Trump lors de leur rencontre en Floride – bien que cela n’ait pas convaincu M. Trump de reculer.
Le ministre des Finances et des Affaires intergouvernementales a ajouté qu’Ottawa avait fait sa propre modélisation de l’impact national des tarifs, mais n’a pas voulu partager ces chiffres.
«Nous n’allons pas spéculer sur les différents scénarios. La semaine prochaine, nous pensons connaître les détails précis de ce que ces tarifs signifieront pour l’économie canadienne, et nous serons prêts, bien sûr, à réagir en position de force et, nous l’espérons, en tant que pays unifié», a-t-il déclaré.
M. LeBlanc a simplement indiqué que l’unité sera le message lorsque lui et le premier ministre Justin Trudeau rencontreront les premiers ministres du pays mercredi. Il a souligné la nécessité pour les premiers ministres et le gouvernement fédéral de défendre ensemble l’économie canadienne.
Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré mardi, lors d’un événement à Toronto, que le Canada devait s’organiser pour exporter son pétrole, son gaz et ses minéraux essentiels vers d’autres marchés.
«D’ailleurs, nous avons d’autres marchés, car l’énergie est la sécurité économique et la sécurité économique dans ce monde est la sécurité nationale», a-t-il dit.
Il a également déclaré que l’approche «Équipe Canada» n’a pas été aussi fructueuse cette fois-ci que sous la première administration Trump, ajoutant qu’il a essayé d’encourager une approche multipartite.
L’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper a affirmé qu’il avait «un vrai problème» avec les propos de M. Trump.
Dans une entrevue dans un balado américain diffusée lundi, M. Harper a réfuté l’affirmation de Donald Trump selon laquelle les États-Unis subventionnent le Canada, attribuant le «modeste excédent commercial» au fait que les États-Unis achètent autant de pétrole et de gaz canadiens à prix réduit sur les marchés mondiaux.
«C’est en fait le Canada qui subventionne les États-Unis à cet égard», a-t-il pointé.
L’ancien premier ministre a déclaré que la défense partagée de l’Amérique du Nord par le biais du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) n’est pas non plus une subvention. «Les États-Unis font cela parce que c’est dans leur intérêt vital», a-t-il fait remarquer. «Voulez-vous que le Canada soit un pays neutre?»
Il a également dit qu’il n’y avait pas de flux majeur de migrants aux États-Unis en provenance du Canada, tout en qualifiant de «honteuse» la politique de l’administration Biden à la frontière sud.
«Je vais vous le dire tout de suite: la drogue, les armes à feu, la criminalité – la plupart de ces choses circulent vers le nord, pas vers le sud», a soutenu M. Harper.
— Avec des informations de Kelly Geraldine Malone, à Washington