«Une trentaine de pompiers s’en servent encore»
En 2001, la Ville de Bécancour, en collaboration avec la Sûreté du Québec, a expérimenté un projet-pilote de gyrophares avec ses 90 pompiers temps partiel. Elle était alors la première municipalité à pouvoir légalement tenter l’expérience.
«Le projet-pilote était prévu pour une durée d’un an, mais à ce jour, nous n’avons toujours pas reçu de lettre officielle pour nous demander de cesser l’utilisation des gyrophares verts», admet Normand Lamy, directeur du Service de sécurité incendie (SSI) de Ville de Bécancour.
Par ailleurs, il précise qu’aujourd’hui, les pompiers temps partiel qui utilisent le voyant lumineux sont moins nombreux que lors du projet-pilote. «À l’époque, tous les pompiers l’utilisaient, mais maintenant, je dirais qu’une trentaine s’en servent encore, indique le directeur. Il faut dire que les plus jeunes qui se joignent à la brigade ne sont pas tous au fait que cette mesure existe et nous n’insistons pas pour leur "vendre" l’idée, étant donné que la loi n’est pas en vigueur.»
Des résultats concrets?
Le projet-pilote expérimenté à Bécancour a-t-il vraiment fait ses preuves? «C’est certain; les résultats sont là. Ça fait près de 13 ans qu’on a adopté la lumière verte ici et on n’a jamais eu d’incident, souligne M. Lamy. La population répond très bien face à cette mesure. Beaucoup d’automobilistes la respectent.»
Pour les sapeurs, les avantages d’une identification lumineuse sont bien présents. «Le but, c’est de permettre à la population de mieux identifier un pompier qui se dirige vers les lieux d’un incident avec son véhicule personnel. Par exemple, s’il y a un accident sur le pont, à l’arrivée du pompier, il va déjà y avoir une bonne congestion. Sans signal lumineux, il a souvent l’air d’un fin finaud qui veut couper tout le monde et ça arrive même qu’il se fasse intercepter par la police, alors qu’en fait, il essaie tout simplement d’aller faire son travail», illustre Normand Lamy.
Par le passé, plusieurs pompiers de la région ont témoigné des avantages de la mesure, accroissant la sécurité et éliminant une bonne partie des pertes de temps lors des appels d’urgence. Ils ont même dit avoir observé une diminution de l’agressivité chez les conducteurs lorsque leur véhicule était clairement identifiable en situations d’urgence.
«Lors du projet-pilote, on a rempli de nombreux tableaux à fin de statistiques, explique le directeur. On a alors pu identifier que l’utilisation du gyrophare vert facilitait les déplacements et le passage lors du trajet. Certains ont également mentionné que cela facilitait l’identification du périmètre de sécurité ainsi que son entrée à l’intérieur.»
«C’est devenu un dossier politique»
Normand Lamy rappelle qu’actuellement, la loi est modifiée et acceptée par tous les partis politiques, mais qu’aucun décret ministériel n’a confirmé une date d’application pour l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.
«C’est un dossier qui est devenu d’ordre politique. Même moi, comme directeur du SSI, je ne peux plus rien faire. Tout dépend de la volonté politique. Le dossier est sur les tablettes depuis 2012», avoue M. Lamy.
«Mais si un accident grave survient parce qu’un pompier temps partiel n’avait pas de gyrophare sur son véhicule personnel, alors là le gouvernement aura sûrement des comptes à rendre, soutient-il. C’est là qu’il faut se réveiller; les politiciens ont des obligations.»