Une première au monde à Bécancour

ENVIRONNEMENT. Une cinquantaine d’emplois pourraient être créés d’ici la fin de 2017 dans le parc LaPrade de Gentilly où PureSphera a l’intention d’implanter le tout premier centre de gestion intégrée des halocarbures au monde.

ENVIRONNEMENT. Une cinquantaine d’emplois pourraient être créés d’ici la fin de 2017 dans le parc LaPrade de Gentilly où PureSphera a l’intention d’implanter le tout premier centre de gestion intégrée des halocarbures au monde.

Grâce à une subvention de 5 millions $ provenant du programme ÉcoPerformance issu du Fonds Vert du gouvernement du Québec, l’entreprise souhaite implanter un concept novateur de récupération d’électroménagers froids qui permettra l’implantation de deux technologies sous un même toit.

Elle pourra en effet procéder à la récupération des gaz du système de réfrigération et des agents de gonflements utilisés dans la mousse isolante des réfrigérateurs, d’un côté, en plus de la destruction des agents réfrigérants et des gaz, de l’autre.

Pour réaliser ses ambitions, la compagnie devra délier 7M$ sur un plan d’investissement 17M$ entrepris en 2008. On prévoit l’ajout d’une deuxième ligne de production dans un autre bâtiment de 15 000 pieds carrés afin de mettre sur pied cette filière technologique.

L’agrandissement permettra de mettre sur pied la première unité de destruction dédiée aux halocarbures au Canada.  En centralisant le tout au même endroit, l’entreprise pourra sauver des coûts de transport importants tout en réduisant considérablement les GES. Actuellement, elle doit parcourir 4 000 kilomètres pour réaliser la même opération.

En implantant le tout premier centre du genre, l’usine de Bécancour pourrait passer de 15 à 70 employés d’ici le 31 décembre 2017. Depuis quelques mois, PureSphera a d’ailleurs procédé au démarrage de sa toute première ligne de production qui est sur le point d’être pleinement opérationnelle.

PureSphera compte déjà 28 employés dans des installations situées à Régina et à Winnipeg. À ces endroits, les carcasses de frigos sont découpées en panneaux pour être acheminés à Bécancour afin d’être décontaminés avec la technologie développée. L’entreprise espère d’ailleurs devenir un leader canadien pour traiter des appareils frigorifiques des autres provinces.

Un traitement en fin de vie

Le projet est toutefois conditionnel à l’adoption d’une taxe à l’achat d’un appareil de réfrigération et de climatisation pour en disposer en fin de vie, comme c’est déjà le cas avec les huiles usées, les pneus et les produits électroniques.

Le ministre de l’Environnement a assuré que l’intention de son gouvernement de soumettre les  appareils frigorifiques au Règlement sur la récupération et la valorisation des produits par les entreprises, communément appelé la Responsabilité élargie des producteurs (REP), est bien réelle. « On devrait être en mesure de faire ça très rapidement, a assuré le ministre David Heurtel. On n’investirait pas 5 millions $ dans une entreprise si l’on n’y croyait pas.»

Ce montant représente généralement 1% du prix du produit, et pourrait se traduire par un déboursé d’une trentaine de dollars à l’achat. Le député de Nicolet-Bécancour croit que le gouvernement et les partis d’opposition auront la volonté politique d’aller de l’avant.  

«C’est une avenue à explorer, a admis Donald Martel. C’est sûr qu’à la Coalition Avenir Québec tout forme de taxe, nous ne sommes pas à l’aise avec ça, mais je pense que dans ce cas-là il y a quelque chose qui peut se justifier.»

Joint au téléphone alors qu’il était en vacances à l’extérieur du pays, le maire de Bécancour s’est réjoui de cette annonce. «C’est une belle nouvelle pour Bécancour! J’aurais bien aimé être là et enfin salir ma fameuse pelle!», a lancé Jean-Guy Dubois.

Pour lui, l’entreprise PureSphera correspond exactement à la vocation que la Ville souhaite donner au Parc LaPrade. «On veut en faire un parc technologique environnemental. Nous avons là un bel exemple et j’espère que c’est le premier élément de ce qu’il adviendra du Parc LaPrade.»

M. Dubois aime l’idée derrière l’entreprise, soit de prendre des éléments négatifs pour l’environnement et en faire quelque chose de positif, et même en tirer avantage. «Tout ce qui touche aux technologies de l’environnement, au recyclage et à la revalorisation, c’est vers quoi on tend de plus en plus à Bécancour», a-t-il fait savoir.

Un pas de géant

Il faut dire que l’adoption de la REP permettrait à l’entreprise de prendre son envol. «J’aime à penser que nous sommes un navire prêt à quitter le port. L’équipage est en place. Le capitaine connaît sa destination, mais on peine à lever l’ancre», a illustré le chef de la direction, de PureSphera, Jean Shoiry.

Celle-ci prévoit d’ailleurs être en mesure de traiter entre 150 000 et 200 000 appareils, ce qui représente le volume qui est mis au rebut annuellement au Québec.  Le centre pourrait soustraire 500 000 tonnes de GES par année, soit l’équivalent de retirer 140 000 voitures de nos routes.

D’ici 2020, l’objectif est de doubler cette contribution est ainsi aider le Québec a rencontré ses objectifs en matière de réduction des GES. «Il y a très peu de projet qui peuvent prétendre atteindre le million de tonnes de réduction de gaz à effet de serre», souligne M. Shoiry.

Il faut dire qu’actuellement, la plupart des réfrigérateurs prenne le chemin du marché du métal où les gens peuvent obtenir environ 10$. Or, un réfrigérateur mal récupéré dégagerait trois tonnes de GES dans l’atmosphère. C’est l’équivalent d’un aller-simple en avion Montréal-Vancouver ou d’un trajet de 17 000 kilomètres en voiture!

Le marché du carbone, un levier important

Le modèle d’affaires de PureSphera s’appuie sur le marché du carbone. Elle est la seule entreprise en Amérique du Nord à convertir ses activités d’extraction et de destruction de CFC de la mousse isolante des réfrigérateurs en crédits compensatoires à l’intérieur du marché réglementé WCI regroupant le Québec, la Californie et bientôt l’Ontario, et qui suscite de l’intérêt dans d’autres États et pays. L’an dernier, elle a vendu des crédits à Gaz Métro pour 2M$.

Avec la collaboration de Joanie Mailhot