Une nappe phréatique contaminée?

Inquiet de la récente révélation de Karlis Muehlenbachs, un professeur de la faculté des sciences de la Terre et de l’atmosphère à l’Université d’Edmonton, concernant une probable contamination d’eau souterraine au gaz de schiste quelque part au Québec, un citoyen de St-Pierre-les-Becquets, Bob Lemay, a questionné le conseil des maires de la MRC de Bécancour à savoir s’ils connaissaient le lieu de contamination.

«Nous n’avons pas l’indication que cette contamination se trouve sur notre territoire», a répondu le préfet de la MRC de Bécancour, Maurice Richard. «Pour notre part, à la ville, nous continuons de faire nos vérifications à tous les quinze jours sur chacun des puits et nous pouvons assurer qu’en aucun cas les normes ont été dépassées», a-t-il assuré.

Rappelons que la Ville a acheté un «renifleur» pour détecter les émanations de méthane à proximité des têtes de puits de gaz de schiste.

«Mais pouvez-vous détecter les fuites souterraines?», a rétorqué M. Lemay.

«Non, et je ne crois pas que personne au Québec en ce moment puisse le faire avec assurance. D’ailleurs, dans le cas du professeur qui a fait le prélèvement, il faut dire qu’il a eu l’honnêteté de préciser qu’il ne pouvait affirmer si la contamination avait eu lieu avant ou après l’arrivée des gazières», a souligné Maurice Richard.

En quête d’informations sur le lieu

La semaine dernière, le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement, de développement durable et de parcs, Scott McKay, a demandé au ministre de rendre publique toute l’information qui circule actuellement au ministère de l’Environnement à l’égard de cette probable contamination.

«Du propre aveu d’un expert du ministère de l’Environnement, le gaz détecté est là parce qu’on a foré le puits. En l’occurrence, le ministre a l’obligation d’agir avec diligence et transparence. De quel puits s’agit-il? Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour obtenir l’information détenue par les gazières? Quelles mesures additionnelles ont été prises par le gouvernement pour assurer la protection de notre eau souterraine?», a questionné Scott McKay.

De son côté, M. Lemay s’indigne que cette information ait été maintenue secrète par le gouvernement. «Ce cas de contamination de la nappe phréatique québécoise pourrait avoir des conséquences extrêmement significatives pour l’environnement et la santé humaine. Pourquoi le ministre n’a-t-il pas daigné en informer les Québécois? Depuis leur arrivée, les compagnies gazières nous parlent de transparence. Avec ce cas de contamination, il serait important que les citoyens, mais surtout les élus des municipalités touchées soient informés.»

Par ailleurs, M. McKay réclame que le ministère de l’Environnement poursuive les analyses afin de tirer les conclusions qui s’imposent. «Si, comme le prétend le ministère, on n’a pas les données de départ sur la signature isotopique du gaz déjà présent dans l’eau souterraine au Québec, il s’avère essentiel de poursuivre les analyses afin de l’obtenir, a-t-il soutenu. Il est hors de question que ce mandat incombe au Comité de l’évaluation environnementale stratégique (ÉES) sur les gaz de schiste. C’est le ministre de l’Environnement, Pierre Arcand, qui est responsable de la protection de l’environnement au Québec, pas ce comité où siège d’ailleurs une représentante d’une gazière», conclut Scott McKay.