Une murale à la mémoire de Jean-Paul Charland

ARTS. Le petit-fils de l’artiste-peintre Jean-Paul Charland lui a rendu hommage posthume en réalisant une œuvre monumentale à sa mémoire.

Sur une bâtisse de la Petite Italie, au coin des rues Saint-Dominic et Bellechasse, à Montréal, l’artiste originaire de Nicolet a obtenu la permission du propriétaire d’un édifice à condos pour laisser aller son imagination afin de représenter celui qui a été une grande source d’inspiration pour lui tout au long de son cheminement.

De son vivant, Jean-Paul Charland était d’ailleurs très fier que son petit-fils suive un peu ses traces. «Quand j’ai commencé à faire des graffitis, ça l’intéressait beaucoup», se souvient Maxime Charland, qui rêve d’ailleurs d’une carrière artistique.

S’il a déjà un travail, il ne cache pas qu’il aimerait un jour devenir muraliste. Un emploi qui ne court évidemment pas les rues. «Pour le moment, je le fais surtout par passion et comme passe-temps. Parce que ce n’est pas facile de faire ça à temps plein, souligne-t-il. Je m’amuse et j’en fais aussi pour un distributeur.»

Une œuvre pour sa grand-mère

La murale qu’il a réalisée à Montréal, avec l’aide de son ami Antonin Brault, était en quelque sorte un cadeau qu’il voulait remettre à sa grand-mère Arlette pour le premier anniversaire de la mort de l’artiste-peintre.

Il a représenté son visage avec un rappel du chef-d’œuvre qu’il a laissé à la communauté, soit les magnifiques vitraux de la cathédrale de Nicolet. Le tout accompagné du nom CHARLAND stylisé en art urbain.

Comme ils voulaient avoir terminé pour le 20 novembre, date à laquelle Jean-Paul avait rendu l’âme, en 2015, les deux camarades ont dû travailler sous presse et dans des conditions qui n’étaient pas optimales, étant donné qu’ils ont commencé leur projet cet automne.

«Je n’ai pas mis autant de détails que j’aurais voulu parce que je devais le faire après le travail à une période de l’année où les jours sont plus courts», admet Maxim Charland qui a eu du mal à trouver le mur où réaliser son projet.

D’autres murales à Nicolet?

Avant de se résigner à réaliser son œuvre dans un quartier montréalais, où son grand-père est un peu moins connu qu’ici, l’artiste avait d’abord multiplié les démarches pour représenter Jean-Paul Charland dans le milieu qui l’a inspiré.

«Tous les murs que j’ai regardés ne convenaient pas, soit qu’ils n’étaient pas de la bonne dimension où qu’ils allaient se faire démolir. Il aurait fallu que j’en construise un et je n’en ai pas les moyens, ni l’intention», raconte celui qui a vécu une partie de son enfance et de son adolescence à Nicolet.

Au départ, il s’intéressait à l’ancien terminus d’autobus, à l’entrée de la ville. Un édifice qui a tombé sous le pic des démolisseurs à la fin de l’hiver. Puis, il a songé à peindre sur l’ancienne bibliothèque, mais celle-ci doit être démolie sous peu pour faire place à un stationnement.

On lui proposait aussi le mur de côté du magasin Korvette, qui donne sur un stationnement où le projet Zin-Zen avait pris forme, il y a quelques années. C’était toutefois impossible dans sa forme actuelle. «Étant donné que c’est en tôle ondulée, je ne serais pas capable de travailler là-dessus, explique-t-il. Pour que ça se réalise à cet endroit, il faudrait qu’une surface en brique ou en béton soit construite.»

Maxime Charland a également regardé avec intérêt les clôtures en bois qui sont demeurées en place après la démolition de l’ancien monastère des Sœurs du Précieux-Sang. Même si leur hauteur n’est pas idéale, il croit qu’il y aurait quelque chose d’intéressant à faire à cet endroit.  «J’aimerais reproduire certaines de ses toiles qui représentent le paysage de la région, mais en aérosol», propose-t-il.

Il a d’ailleurs l’intention d’aller s’asseoir avec des représentants de la Ville de Nicolet pour sonder leur intérêt à l’aider à réaliser ces projets. Interrogé à ce sujet alors qu’elle venait d’instaurer un «budget citoyen» pour des projets provenant de la population, la mairesse Geneviève Dubois s’est d’ailleurs dite très intéressée à le rencontrer.

La mairesse de Nicolet a d’ailleurs confirmé que malgré l’aménagement d’un parc sur l’ancien terrain des Sœurs du Précieux-Sang, quelques murs demeureront en place à titre de vestige et qu’il n’est pas impossible qu’ils servent à cette fin.

Qui est Jean-Paul Charland?

Décédé il y a un peu plus d’un an, Jean-Paul Charland a laissé de nombreuses œuvres en héritage, dont les magnifiques vitraux de la cathédrale de Nicolet. Après des études des Beaux-Arts, il s’était expatrié à Paris avant de revenir dans la région où il a enseigné les arts plastiques de 1970 à 1987. Il a par la suite entrepris une carrière artistique à temps plein qui lui a permis de créer au-delà de 500 peintures, dessins, illustrations, aquarelles, portraits, etc. Son thème privilégié était surtout d’illustrer le quotidien ou les paysages champêtres de la région.