Une création haute en couleur

NICOLET. Pour répondre à la volonté de la population de reconnecter le centre-ville à la rivière Nicolet, le comité ZinZen, a proposé l’installation d’un quai en bois. L’association de deux artistes, Jean-Paul Ganem et Roadsworth, appuyée par la touche personnelle de l’architecte Pierre Thibault, fait de ce projet un réaménagement unique au Québec, à la fois hors norme tout en répondant aux besoins des citoyens.

Les travaux de réaménagement du centre-ville de Nicolet sont mis en branle, et même pratiquement terminés.

«Ce projet révélera la beauté cachée de la rivière Nicolet. Le projet permet l’éclosion d’un projet créatif en se réappropriant la rivière plusieurs années après le glissement de terrain et l’incendie de 1955», souligne Alain Drouin, maire de Nicolet.

De plus, selon lui, le fait que des artistes de renommée internationale s’investissent à Nicolet amène une valeur ajoutée. «Nous sommes honorés que ces artistes de grande renommée viennent créer cette œuvre à Nicolet. Cet aménagement représente une amélioration significative pour le centre-ville; le fait de lier la rivière au centre-ville permet de donner accès à la nature en plein cœur urbain, ajoute-t-il. Le projet ZinZen, c’est la nature qui influe la créativité humaine et l’humain qui s’inspire en harmonie de la beauté naturelle.»

Ganem et son œuvre végétale

La transformation des espaces a débuté le 12 mai, où Jean-Paul Ganem, artiste-paysager de renommée internationale, était à Nicolet pour commencer l’œuvre qui prend place au parc Marguerite D’Youville.

Son œuvre végétale se veut un hymne à la beauté des champs de la région et de la province grâce l’agencement original et esthétique de semis agricoles de différentes couleurs.

Normalement, il travaille dans des lieux défavorisés qu’il réussit à mettre en valeur. C’est différent dans ce cas-ci, puisque son œuvre pourra être vue à l’entrée de la ville de Nicolet. La seule chose qui demeure c’est que son œuvre donnera des fruits à l’automne. «Tous mes projets sont récoltables», rappelle-t-il.

Avec diverses semences, il espère réussir à aller chercher différentes couleurs pour donner une toute autre allure à la partie basse du parc Marguerite-D’Youville. «On devrait voir du rouge, du jaune, de l’orange, du bleu, du blanc, indique l’artiste. Ce sera très coloré.»

Pour le moment, il ne sait pas à quoi s’attendre étant donné qu’il s’agit d’une œuvre végétale extérieure. «On verra en septembre, lance-t-il. La nature est cruelle. Il y a plein de paramètres sur lesquels nous n’avons pas de contrôle.»

La création multidisciplinaire de Roadsworth

L’artiste international Peter Gibson, mieux connu sous le nom Roadsworth, a conçu une œuvre originale multidisciplinaire dans le cadre du projet ZinZen, permettant de relier le quai en bois au stationnement adjacent à la Place du 21-Mars, tout en facilitant le lien entre la petite colline et la rivière.

«Mon œuvre symbolise un genre de grosse brindille, semblable à une germe de blé. Le quai de bois est la tige de la brindille, alors que la peinture dans le stationnement représente la tête de ce «gazon marin», qu’on retrouve généralement près des rivières, soutient l’artiste de rue. Mon but était vraiment de transformer le quai pour qu’il fasse partie de l’œuvre.»

C’est l’an dernier, alors que les artistes impliqués dans le projet étaient venus à Nicolet pour se familiariser avec les espaces, que Roadsworth a eu l’idée de son œuvre. «Je me suis inspiré des éléments indigènes du lieu. Dans le cas d’une installation publique, comme celle-ci, le lieu est toujours mon inspiration première; c’est ce qui dirige le projet.»

Pour compléter la portion «peinture» de Peter Gibson, des boîtes de géotextiles sont installées, temporairement, avec différentes semences et végétaux plantés à l’intérieur.

«Il y a de la poésie dans ce projet, et de l’histoire. On part d’un événement historique et on voit vers le futur. J’aime le mouvement qu’on retrouve dans le concept», conclut Roadsworth.

Et la suite?

«Pour ce qui est des semences, ça restera en place et cela ne demandera qu’on bon entretien et un bon suivi. Par contre, l’œuvre de Roadsworth vise principalement la période estivale et touristique et tout ce qui «bloque» la circulation sera enlevé à l’automne. Ce sera à la Ville de voir, pour le futur, si elle souhaite créer un projet similaire», mentionne Ludivine Mas, directrice des programmes pour le Jour de la Terre Québec. En collaboration avec Sébastien Lacroix.