Une arnaque ciblée et bien ficelée

FRAUDE. Grâce à la vigilance des frères Grondin, les fraudeurs ont pu être identifiés et sont maintenant hors d’état de nuire. Le bon fonctionnement du stratagème exécuté par les deux fils de Simone Leblanc a permis d’éviter des dizaines de fraudes du même genre.

Pour Junior et Karl Grondin, il est important que l’histoire vécue par leur mère serve de sensibilisation à ce problème grandissant. En effet, ce type de manipulation et d’extorsion est de plus en plus fréquent et des milliers de personnes au Québec en ont été la cible au cours des dernières années.

L’arnaque «grands-parents» est un type de fraude qui consiste à entrer en contact avec une personne âgée en se faisant passer pour un fils, petit-fils ou un neveu en difficulté, par exemple en se disant victime d’un accident ou arrêté par la police. «Quand le fraudeur appelle, il n’a probablement aucune information autre que le nom de la personne à qui il téléphone. C’est souvent la victime qui cherche à savoir qui est au bout du fil et c’est là qu’en nommant les noms, le malfaiteur prend ses indices et cherche à découvrir l’identité que son interlocutrice lui attribue», explique Junior Grondin.

«Quand il appelle, l’afficheur indique qu’il s’agit d’un numéro inconnu, ajoute-t-il. Ils réussissent tellement à créer un état de panique chez la victime que même si la voix ne s’apparente à aucun homme qu’elle connaît, elle finira par croire les excuses que lui sert le fraudeur pour expliquer pourquoi il n’a pas la même voix qu’à l’habitude. Les gens finissent par y croire et veulent aider leur proche.»

Les fraudeurs demandent alors qu’une somme d’argent soit versée afin d’éviter qu’un dossier criminel ne soit ouvert. Ils manipulent ainsi leurs victimes en leur soutirant parfois des milliers de dollars.

Il a été prouvé que les victimes, toutes des femmes, étaient repérées à partir de leur prénom plus ancien (Yolande, Thérèse, Cécile et Simone) via le Canada 411. «Étant donné que généralement, les numéros de téléphone de cette génération sont au nom du mari, les malfaiteurs font le lien: si le numéro est au nom de la dame, alors il y a des fortes chances qu’elle vive seule, rapporte Junior Grondin. C’est un autre genre d’arnaque, faite par téléphone plutôt que par courriel, comme on a vu dans les dernières années.»

Précisons que la tête dirigeante de ce réseau, Steven Devantro, qui avait mis sur pied ce modus operandi, fait maintenant face à plus d’une soixantaine de chefs d’accusation. Dans le cadre de son enquête sur caution, il avait été possible d’apprendre qu’il s’agit d’un trentenaire, bénéficiaire de l’aide sociale, qui vit à Montréal.