Un terrain lourdement contaminé à Bécancour
ENVIRONNEMENT. Depuis 10 ans, un ancien site industriel de Bécancour, aujourd’hui abandonné, a laissé échapper pas moins de 184 000 tonnes de matières dangereuses toxiques dans les eaux souterraines.
ENVIRONNEMENT. Depuis 10 ans, un ancien site industriel de Bécancour, aujourd’hui abandonné, a laissé échapper pas moins de 184 000 tonnes de matières dangereuses toxiques dans les eaux souterraines de Bécancour.
Le Journal de Montréal rapporte que «les fuites dans la nappe phréatique amènent des experts à s’inquiéter pour la qualité de l’eau potable que consomment les résidents des alentours.»
Les eaux souterraines contiennent, selon les experts, un taux d’azote ammoniacal 5800 fois supérieurs à la norme des contaminants. Les taux de fluorure seraient 150 fois plus élevés que la normale, tandis qu’on compterait 344 fois plus de zinc.
Différentes études menées par le ministère de l’Environnement a démontré que la contamination d’eau souterraine ne pourra pas dépasser 700 mètres en aval du lieu de dépôt sur un horizon de 20 ans.
Les deux résidences les plus près sont quant à elles situées à 1,3 kilomètre du site. Les occupants ont d’ailleurs été avisés par la Sécurité publique de consommer de l’eau embouteillée.
En plus de l’écoulement d’eau souterraine, on note également le rejet des eaux de surface dans un cours d’eau qui longe le site et, éventuellement, se jette vers le fleuve Saint-Laurent.
Des efforts infructueux
L’emplacement en question, d’une superficie équivalant à 40 terrains de football, est situé sur le chemin Louis Riel. Il appartenait à l’usine Recyclage Aluminium Québec (RAQ) et Alsa Aluminium qui s’est servi du lieu comme d’un site d’enfouissement et pour ses opérations de 1986 à 2003.
Le ministère a délivré différents permis jusqu’à ce qu’il découvre l’entreposage extérieure d’EDE, de Serox et de crasses d’aluminium, des matières dangereuses, en quantité importantes, de 2003 à 2005.
Par la suite, le ministère de l’Environnement a ordonner l’élimination de ces résidus dangereux et l’entreprise a pris des engagements pour sécuriser les lieux avant de vendre à une compagnie à numéro, en 2009. Celle-ci en a été propriétaire jusqu’en 2013 avant que le terrain soit acquis par une personne privée.
De passage à Bécancour, pour une annonce importante, le ministre David Heurtel a été appelé à commenter le dossier du jour. Questionné quant à la facilité de vendre un terrain aussi sévèrement contaminé, il a admis que le tout était nébuleux.
«En 2013, la Ville de Bécancour voulait vendre le terrain pour taxes impayés, a-t-il commenté. On apprend qu’il y a eu des situations de vente douteuse. Il y aurait même eu une plainte policière qui a été faite.»
Le ministère de l’Environnement était effectivement au courant de cette affaire depuis 2004 et accompagnait l’entreprise à qui revient la responsabilité de dépolluer les lieux.
«La période paraît longue, mais il faut revoir les faits. De 2003 à 2009, l’entreprise qui était propriétaire du site faisait des représentations auprès du ministère indiquant qu’elle voulait et qu’elle prendrait des mesures pour le décontaminer», a commenté le ministre Heurtel.
«Durant cette période, la direction régionale a travaillé avec cette entreprise. Il y a déjà eu des plans ou des ébauches qui ont été déposées au ministère, mais les efforts qu’elle a faits ne se sont pas révélés fructueux.»
Plusieurs scénarios sur la table
À partir de 2009, le ministère s’est penché davantage sur la situation pour mieux comprendre l’étendue des dommages. Il y a d’abord eu une caractérisation du site, des rapports et des analyses avant qu’on prenne toute la mesure de la contamination, en 2013.
Puis, des analyses ont été menées pour évaluer les meilleures solutions possibles pour sécuriser le site. Une étude de faisabilité est d’ailleurs en cours et doit s’achever en février prochain.
Celle-ci consiste à valider la possibilité de créer une nouvelle cellule à sécurité maximale pour enfouir les matières lourdes et s’assurer qu’il n’y ait plus d’écoulement de lixiviat.
Pour ce qui est des coûts, qui seraient de 40M$ à 80M$, selon ce qu’avance le Journal, la facture pourrait éventuellement être refilé aux contribuables.
Le ministère de l’Environnement prendra en effet en charge les frais de décontamination du site, comme c’est toujours le cas lorsqu’il y a une entreprise délinquante. «Une fois que ce sera fait, on va comptabiliser, et poursuivre les personnes responsables», a soutenu David Heurtel.
Avec la collaboration de Joanie Mailhot