Un temps d’arrêt est réclamé pour encadrer les superpétroliers

POLITIQUE. Devant l’absence d’un plan d’urgence pour faire face à un éventuel déversement, le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour demande la suspension du transport de matières dangereuses sur le fleuve Saint-Laurent.

Louis Plamondon a fait cette intervention à la Chambre des communes quelques jours avant qu’un deuxième méga-navire transportant du pétrole provenant des sables bitumineux parte des installations de Kildair, à Sorel-Tracy, pour se diriger vers l’océan Atlantique.

«Je ne parle pas de le suspendre pour deux ou trois ans. Le plan d’urgence que je réclame peut s’établir en un mois, indique-t-il. Il faut aussi que le fédéral dépêche des fonds pour l’achat d’équipements de récupération du pétrole».

Alors que plusieurs millions de dollars ont été investis pour sécuriser l’approvisionnement par la voie ferroviaire et les installations d’embarquement, au quai de Kildair, il ne comprend pas pourquoi le fédéral refuse d’encadrer le transport pétrolier.

Selon lui, on ne peut pas «jouer avec la sécurité des gens» en autorisant le passage de méga-navires de 44 mètres de largeur, plutôt que 32 mètres, sans avoir un plan d’urgence déjà établi. «D’autant plus qu’il y a quelques semaines, le vérificateur général a mis en doute l’actuel plan avec des navires de 32 mètres et moins», rappelle-t-il.

Même si des pilotes spécialisés sur chaque portion du fleuve Saint-Laurent doivent être à bord des superpétroliers, ceux-ci ne sont pas à l’abri d’un faux fond, d’une dérive ou d’un enlisement, fait valoir le député.

«On prévoit que le trafic maritime sera six fois plus important au cours des prochaines années, indique-t-il. Plus il y a de bateaux, plus il y a de risque, et plus ils sont gros, plus le danger est grand.»

Il croit d’ailleurs que le passage des superpétroliers ira en augmentant au cours des prochaines années. «Au départ, il devait y en avoir 3 ou 4 par année et on est déjà rendu à 15. C’est un peu plus d’un par mois», indique le député.

Alerter les municipalités riveraines

Lors de son intervention à la Chambre des Communes, à Ottawa, le député a appuyé ses revendications par une résolution unanime de la Ville de Sorel-Tracy.

L’administration du maire Serge Péloquin réclame l’augmentation des mesures de sécurité et d’inspection de ses navires, l’obligation pour les superpétroliers d’être prêts à faire face à un déversement et d’établir la liste de tous les produits qu’ils transportent sur le fleuve.

«Je compte alerter les municipalités le long du fleuve pour que les services d’urgence soient prêts à intervenir, insiste-t-il. Il faut savoir tout de suite quoi faire s’il se produit un petit déversement, ou un majeur. C’est aussi important de connaître les produits dangereux qu’il y a dans les bateaux pour faire face à toute éventualité».

Des risques pour l’écosystème

Comme le pétrole provenant des sables bitumineux callera dans l’eau plutôt que de flotter, en cas de déversement, seulement 5% à 20% de la cargaison d’un superpétrolier pourrait être récupérée de façon mécanique.

«Imaginez les effets que ça pourrait avoir sur l’écosystème du fleuve Saint-Laurent», soulève le député de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour.

Une norme insuffisante

-Actuellement, le fédéral oblige les compagnies pétrolières à pouvoir faire face à un déversement de 10 000 tonnes d’hydrocarbures en 72 heures. Les navires qui partent de Sorel-Tracy en contiennent environ 40 000 tonnes et sont d’une capacité de plus de 60 000 tonnes.

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