Un pavillon pour faire face à toutes les situations
INAUGURATION. Le Québec vient de se doter d’un outil de premier plan pour mettre à niveau les différentes techniques policières.
C’est du moins le sentiment qu’on pouvait lire sur le visage de la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, à la suite d’une visite des lieux en marge de l’inauguration officielle du nouveau pavillon de formation policière, à Nicolet.
Construit au coût de 10,3 millions $, soit 400 000 $ que moins que ce qui était prévu au départ, le pavillon offre toute une gamme de services auxquels ont accès les aspirants et les policiers pour parfaire leur formation.
On note notamment la présence d’une salle de combats rapprochés pour les équipes d’intervention tactique, la première du genre au Québec. Jusqu’ici, les policiers devaient se rendre en Ontario pour se pratiquer et les installations de Nicolet sont déjà supérieures en termes de qualité.
Les policiers qui sont affectés aux équipes de SWAT peuvent s’entraîner soit avec des balles en céramiques ou avec de vraies balles. Ceci rend l’entraînement encore plus réaliste et force les policiers à être au maximum de leur concentration pour ne pas se blesser.
À cela s’ajoute un plateau s pour traquer un tireur fou avec des murs rétractables pour avoir soit des endroits clos ou vastes afin de se pratiquer à faire face à des situations comme celles du Collège Dawson ou de la Polytechnique.
Pour contrer des drames comme celui de Valérie Gignac, qui avait perdu la vie lors d’une intervention inadéquate après avoir été atteint d’une balle à travers une porte d’un logement, une attention particulière est apportée aux interventions qui exigent l’utilisation de la force pour investir un logement. Une porte renforcée avec des goujons de bois est mise à la disposition des policiers pour qu’ils s’entraînent à faire face à une telle situation.
D’autres plateaux de formation répondent à des besoins de formations dans les différentes sphères de la Sécurité publique. On note notamment un wagon qui a été aménagé dans une salle pour les agents de la Société de Transport de Montréal (STM).
Il y a aussi un «centre de détention» avec une guérite, des cellules de prisonniers et une cuisinette pour la formation des agents correctionnels.
Une salle d’audience avec un juge, une greffière, des avocats et un accusé est aussi mise à la disposition des constables spéciaux.
Des salles d’interrogatoire où les enquêteurs et les suspects sont filmés leur permettent de mieux évaluer les techniques d’interrogatoire, l’attitude, les interactions et le non verbal.
Tirer des leçons du passé
«On se dote de ce qu’il y a de plus moderne pour permettre la meilleure formation tant pour les policiers que pour les gens de sécurité publique du Québec, souligne le directeur de l’ENPQ, Yves Guay. On est à même de simuler à peu près tout ce qui peut exister pour leur permettre de disposer d’espaces qui correspondent à ce que l’on va retrouver dans la réalité».
La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault a d’ailleurs insisté sur l’importance de maintenir à jour la formation policière. «Une foule de nouveaux phénomènes arrivent au cours d’une carrière de policiers. C’est important de tirer des leçons des événements malheureux pour bonifier la formation. Parce qu’on fait ce métier pour sauver des vies, pas pour la perdre».
«L’École nationale de police du Québec jouit déjà d’une réputation internationale et avec les nouveaux plateaux, il y a maintenant beaucoup d’endroits qui nous envient», a lancé la ministre de la Sécurité publique et vice-première ministre du Québec.
Les commissaires du tout nouveau Bureau des enquêtes indépendantes passent par l’ENPQ afin de s’imprégner du contexte policier avant de pouvoir juger de leur travail. Cet organisme, mis sur pied par son ministère, a pour objectif d’enquêter sur le travail des policiers lorsqu’une personne décède ou est blessée lors d’une détention ou d’une intervention.