Un livre interactif et du yoga pour combattre l‘intimidation

Alors que l’intimidation allait vraisemblablement pousser un adolescent à commettre une agression avec une arme blanche à Louiseville, une fillette à s’enlever la vie dans la municipalité de Ste-Anne-des-Monts et toute la population québécoise à se poser des questions sur le phénomène, un couple de la MRC de Maskinongé travaillait déjà depuis un certain temps à proposer une piste de solution: un livre interactif… et du yoga!

«L’intimidation n’est pas un nouveau problème, ç’a toujours existé et il y en a toujours eu. Je suis content que ça devienne le sujet du jour, parce qu’il serait grand temps qu’il se passe quelque chose par rapport à ça. Oui c’est un gros show de boucane dans les médias, mais j’espère que ça va mener à quelque chose; à au moins interpeller les gens», explique Francis Turenne, l’éditeur, concepteur et illustrateur de Petit trésor sous les mers de Thaiti.

Sous forme de livre électronique, le conte-yoga relate l’histoire d’Ufi, une petite huître à l’apparence différente qui souffrait d’intimidation. Pendant le déroulement du récit, les enfants sont invités à intérioriser les personnages impliqués dans l’histoire, autant les agresseurs que la victime, pour comprendre les émotions vécues par les deux partis.

«Avec l’aide de cette histoire touchante, l’éducateur ou le parent est appelé à sensibiliser l’enfant aux dommages que peut faire l’intimidation et en prévient l’apparition, indique la maison d’édition Fablus relativement au livre. Dans le conte-yoga Petit trésor sous les mers de Tahiti, on retrouve, à la suite de l’histoire, une section présentant une séance de yoga inspirée du conte, incluant postures, méditation, jeux, relaxation et dialogues. Ce livre-activité est présenté de façon à plaire tant aux adeptes de yoga, qu’aux néophytes. Dans l’ensemble de l’activité, l’enfant est amené à visualiser en pensée des images qui vont améliorer sa confiance en soi tout en l’aidant à comprendre l’impact de l’intimidation.»

C’est l‘épouse de Francis Turenne, Nicole Lebel, qui a composé le conte d’Ufi, elle est aussi enseignante. Malgré toute leur bonne volonté, les parents de trois enfants ont appris récemment que leur fille avait commis un geste d’intimidation à l’école.

«Elle a jugé une amie en classe, elle a dit un commentaire méchant basé simplement sur l’apparence, ç’a été un code rouge! Dans les jours qui ont suivi, on a revisé Petit trésor, on a revisité les pistes de discussion et son attitude a complètement changé, estime Mme Lebel. Maintenant, ça va très bien, elle a reçu un beau certificat pour son comportement.»

«Elle n’a pas vraiment de problème à l’école, elle cumule les bonnes notes et elle est dans une bonne famille où l’on ne se bat pas, renchérit M. Turenne. C’est pour dire que ça peut arriver vraiment à tout le monde.»

Du web au papier, pas une mince affaire

Francis et Nicole ont adopté la citation de Walt Disney: «Tout ce que tu peux rêver, tu peux le réaliser». Ils ont décidé de prendre en main leur propre rêve et de fonder leur maison d’édition numérique, Fablus, pour promouvoir les livres. Par contre, faute de financement, le couple n’a pas été en mesure d’éditer Petit trésor sous les mers de Thaiti en format papier, malgré une demande croissante en ce sens. Les investisseurs se sont montrés frileux. Le couple de Ste-Ursule envisage donc de s’associer à une maison d’édition déjà existante. «Par contre, je vais t’avouer que si on avait un partenaire financier, on garderait l’édition ici pour le format papier», avoue M. Turenne.

Une table à dessin garnie

Les créateurs de Fablus bâtissent déjà d’autres contes pour aider les enfants dans leur développement. Un de ceux-ci portera sur l’importance de choisir ses pensées. «Ça va être l’histoire de deux frères, probablement des papillons, qui vont avoir le même accident. Un des deux va choisir de tirer profit de sa malchance, et l’autre va se laisser aller et il va déprimer. Dans le fond ce que je veux dire aux enfants, c’est que tu peux choisir! Tu peux choisir d’être déprimé, mais tu peux choisir aussi de faire quelque chose malgré tout. Je me suis inspirée de l’histoire de Chantal Petitclerc qui est toujours super dynamique et positive. Beaucoup de gens, à sa place, auraient probablement été très déprimés et n’auraient rien fait de leur vie, s’ils avaient eu le même accident que Chantal.»