Se démarquer, un défi de tous les instants!

PHILANTHROPIE. Au centre commercial, en regardant sa boîte courriel, dans sa voiture ou même lors d’une discussion avec un ami, les occasions de donner aux organismes et bonnes causes de sa région sont nombreuses. Avec le contexte économique actuel, les dons sont-ils toujours au rendez-vous? TC Media s’est penché sur la question.

Le temps des fêtes est souvent l’occasion de penser aux plus démunis et de donner quelques sous de sa poche à une bonne cause. «Les gens sont très sollicités. C’est difficile de bien voir l’évolution des dons sur une longue période, car ça va toujours en fonction de l’économie de la région. Les fermetures d’usines ont un impact», a expliqué Caroline Viviers, directrice du bureau régional de la Société canadienne du cancer.

Même son de cloche du côté de Julie Colbert, directrice générale de Centraide Mauricie. «La particularité avec notre organisme, c’est que 90% des revenus proviennent du milieu de travail. Des employés acceptent de verser un montant à chaque paye pour aider Centraide. Dans la région, nous amassons annuellement un million. Dans la dernière année, il y a eu plusieurs pertes d’emploi dans la région et c’est sûr que compte tenu de notre façon de faire, ça nous a mis une certaine pression. Nous devons mettre plus d’énergie pour trouver d’autres façons de solliciter les gens, ce que nous n’avons pas l’habitude de faire, mais nous y arrivons. Je peux dire que les gens sont très sensibles et sont conscients que nos besoins augmentent», a-t-elle souligné en entrevue.

Les nombreuses causes se retrouvent en compétition pour attirer les sous des donateurs. «C’est sûr qu’il y a plusieurs bonnes causes en place. Il y a une certaine concurrence et nous devons trouver notre place en présentant notre organisme et en démontrant à quoi servent les dons reçus», a mentionné Claudine Cook, directrice générale de la Société de la sclérose latérale amyotrophique (SLA).

Malgré la générosité de la population, des choix s’imposent. «Il se développe une culture philanthropique au Québec. Il y a plusieurs causes et les gens sont sollicités par plusieurs fondations ou même par l’école de leurs enfants. Si le donateur a le même montant à donner, nous nous partageons tous la même tarte. Nous pouvons parler d’une compétition ou d’un choix des causes que les gens veulent soutenir», a analysé Carole Beaudry, directrice multirégionale de Leucan pour les régions de la Mauricie, de l’Estrie et de la Montérégie.

Comment se démarquer ?

Comment les organismes et fondations parviennent-ils à se démarquer? Ils doivent être proactifs et trouver de nouvelles activités pour faire leur place dans de nouveaux marchés.

Chose certaine, le donateur aime en savoir davantage sur l’endroit où se retrouve son don. «Il faut essayer de démontrer notre impact direct dans la région, que nous faisons de la prévention et du soutien ici, en Mauricie. Les gens veulent savoir où l’argent va. Ils aiment que ça reste ici. Je dirais que le Québécois donne un peu à tout le monde. Il n’y a pas vraiment de dons ciblés», a remarqué la directrice du bureau régional de la Société canadienne du cancer, entité présente dans la région depuis 1954.

La SLA a trouvé un moyen unique de se démarquer avec un phénomène qui est devenu viral à travers la planète l’an dernier, le Défi Ice Bucket. En Mauricie, 54 550$ ont été amassés du 11 août au 1er octobre 2014, comparativement à 9500$ l’année précédente. «Ça a été un véritable coup de circuit. Nous avons pu faire connaître notre organisme grâce à ce mouvement. La maladie que nous combattons est fatale et je crois que nous avons bien mérité les retombées de cette campagne. Nous avons réussi à obtenir une bonne base de données. Se démarquer est un défi important. Le Défi a été un événement unique, mais il a démontré l’importance des réseaux sociaux. Il faut encourager les gens à partager leur histoire et créer des communautés. Il est important d’avoir un bon plan de communication à tous les niveaux et passer les bons messages au bon moment», a affirmé Mme Cook.

Aucun organisme n’échappe à ce défi. «Nous travaillons très fort en utilisant plusieurs moyens. Nous devons être à l’affût de ce qui fonctionne bien, développer de nouvelles activités et bien connaître les réseaux sociaux. Nous ne pouvons les éviter, mais nous ne pouvons décider de ne travailler qu’avec ça. Je trouve que ça n’apporte pas l’engagement véritable des gens. Il est beaucoup plus intéressant de développer une relation solide avec eux. Nous devons être créatifs dans l’organisation de nos événements et réduire le plus possible nos dépenses. La population est plus informée que par le passé et pose plus de questions. Nous devons aller solliciter les entreprises et des donateurs privés. Nous travaillons sur plusieurs fronts», a glissé Carole Beaudry de Leucan.

Enfin, il ne faut pas oublier les nombreux bénévoles à travers tout le territoire, qui ont un impact important sur les dons amassés.