Réveillons-nous avant qu’il ne soit trop tard

LETTRE OUVERTE. Gentilly, c’est d’abord un milieu dynamique et innovateur, souvent cité en exemple comme l’une des collectivités les plus impliquées et animées par ses bénévoles sur toute la rive sud. Ce même secteur de Bécancour a longtemps été le moteur économique de la ville.

Son carnaval d’hiver s’approche des 50 ans et accumule les profits comme nulle part ailleurs. Son Potirothon est devenu célèbre à la grandeur de la province et son triathlon qui se déroule dans le parc régional attire maintenant des athlètes de partout au Québec. En connaissez-vous bien des villages qui peuvent se vanter d’avoir amassé près d’un million de dollars pour acheter un club de golf ou qui organisent une soirée digne des Oscars pour souligner la nomination de son cinéaste favori Denis Villeneuve à Hollywood? Bien c’est ça : « Vivre à Gentilly ».  C’est bien plus que le titre d’une page Facebook!

Mais, comme bien d’autres communautés rurales, le secteur Gentilly est frappé par des changements et forcé de se prendre en main. Nul besoin de vous énumérer les impacts de la fermeture de Gentilly 2 pour vous convaincre que ce ne sera plus jamais comme avant. Et, malheureusement, les mauvais signaux s’accumulent, ces temps-ci.

Cette semaine, nous assistons à la fermeture d’une station-service en exploitation depuis une quarantaine d’années. Certains diront que nous sommes chanceux, car il en reste encore une. Mais, il y a seulement quelques années, nous en avions trois. Même chose pour les restaurants, épiceries, garages, bars et dépanneurs qui se livraient une saine compétition. Je vous citerai l’exemple du restaurant de mes parents, qui à une époque était ouvert 21 heures sur 24.

Nous sommes depuis plusieurs années confrontés à la concurrence féroce des centres urbains plus alléchants, et nos habitudes de consommation ont aussi bien changé. Les commissions, c’est devenu une sortie! On va faire l’épicerie en ville, pis un coup partis, on soupe en ville et tant qu’à faire, on « gaze » en ville. 

Mais les commerces qui nous restent sont en plus sollicités de toute part pour des implications et des commandites.  Ce ne sont pas les Costco et Walmart qui encouragent les initiatives de nos bénévoles, mais bien nos commerces à nous que nous délaissons peu à peu. 

Il est temps de se réveiller et de prendre conscience que notre style de vie et la richesse de notre vie communautaire sont fragiles et que nous devons prendre les moyens nécessaires pour les protéger. 

Tout ce long discours m’amène à vous parler du projet mobilisateur d’implantation d’une succursale de la coop santé de Ste-Gertrude.  Ce projet a été lancé à la suite de l’annonce du départ à la retraite d’un de nos médecins et son but premier est de conserver l’accès aux médecins dans notre communauté.  Des bénévoles y travaillent depuis 6 semaines et déjà, 1000 personnes y ont adhéré alors qu’une bonne partie du financement est assurée.  Mais il faut encore plus d’appui et plus d’argent pour qu’on puisse aller de l’avant.

C’est la raison pour laquelle j’invite tous mes concitoyens qui ne l’ont pas déjà fait à se manifester et appuyer l’implantation d’une succursale de la coop santé, une initiative qui nous permettra non seulement de conserver des services de proximité, mais qui contribuera à la vitalité et à l’avenir de notre communauté.

Il faut arrêter de voir l’arrivée d’usines comme solutions magiques, car sans services de proximité, nous ne pourrons pas plus attirer les travailleurs à s’installer chez nous.

 

Karl Grondin

Fier résident de Gentilly et ex-conseiller municipal de Bécancour.