Retour à la normale sur le fleuve Saint-Laurent

Après avoir été interrompu pendant 72 heures en raison du couvert de glaces formé par les froids intenses du début janvier, la navigation a repris normalement, mardi matin, entre Trois-Rivières et Montréal.

La situation était particulièrement critique à Sorel-Tracy, où un blitz de 24 heures a été nécessaire pour briser un amoncellement de glaces avant de les laisser descendre vers le lac Saint-Pierre.

La garde côtière canadienne a été dépêchée trois brise-glaces pour finalement dégager la voie maritime entre Tracy et Trois-Rivières après trois jours de travail sans relâche.

«Le froid a formé ce que nous appelons un arrêt de glace, ce qui fait en sorte que la glace s’est empilée. Il a fallu intervenir pour éviter que le mur de glaces qui s’est créé entraîne une inondation», explique la porte-parole de la Garde côtière canadienne, Nathalie Letendre.

Les brise-glaces de la Garde côtière canadienne ont terminé le travail sur le Lac St-Pierre, mardi, pour finalement libérer le chenal et permettre le retour à une navigation hivernale normale.

Selon ce qu’indique la corporation des pilotes du St-Laurent, quinze bateaux ont été contraints à un arrêt forcé durant cette période de déglaçage, dont sept qui attendaient devant le port de Trois-Rivières.

Une centaine de personnes au travail

L’opération de déglaçage de la voie maritime à mobiliser trois brise-glaces de format moyen (Amundsen, Des Groseilliers et Pierre Radisson) qui ont travaillé sans arrêt pendant trois jours.

À l’intérieur de chacun des brise-glaces qui ont été dépêchés sur les lieux, un équipage d’une quarantaine de personnes était à bord pour une mission de quatre semaines. «Ce sont les mêmes qui vont en Arctique durant l’été que l’on retrouve sur le fleuve durant l’hiver», souligne Nathalie Letendre.

Pour la Garde côtière canadienne, l’opération s’est bien déroulée et aucun bris n’a été enregistré. «Nous avons été sollicités sur une courte période de façon très intensive. Nous avons lutté contre les éléments et contre le temps, mais ça ne nous fait pas peur, assure Nathalie Letendre. Nous allons en Arctique!»

Une première en vingt ans

Il s’agit tout de même de la plus longue période d’interruption du trafic maritime sur le fleuve Saint-Laurent depuis l’hiver 1993, alors que les glaces avaient causé une congestion de plus d’une semaine.

La situation était toutefois différente à l’époque. «Il y avait eu une période de grands froids qui avait duré deux semaines, mais c’est surtout parce qu’il n’y avait pas d’estacades cette année-là», se souvient Michel Fortin, président de la corporation des pilotes du St-Laurent.

Les estacades, qui sont situées à la hauteur de Yamachiche et de Lavaltrie, permettent de stabiliser le niveau d’eau et de retenir les glaces, ce qui permet d’apporter une plus grande vélocité au courant.

«Ç’a fait ses preuves. Chaque année, il faut les installer. Je ne sais pas pourquoi ils avaient décidé de ne pas les mettre en 1993, continue Michel Fortin. Il y a aussi des îlots artificiels sur le lac Saint-Pierre qui nous aident.»

Normalement, une interruption du trafic maritime arrive environ une fois par année sur le Saint-Laurent, et dure généralement une demi-journée à journée.

«C’est souvent parce qu’il y a des redoux, explique Michel Fortin. Ça arrive aussi lorsqu’il y a des grands vents qui déstabilisent les battures, ce qui fait en sorte que de gros morceaux de glace se détachent et se retrouvent dans la voie maritime.»

La Garde côtière canadienne est d’ailleurs appelée à casser les banquises lorsqu’elles se détachent. «Il y a des années où nous sommes davantage en mode recherche, pour casser les banquises qui se détachent», ajoute Nathalie Letendre.