Reprise des opérations de déminage dans le lac Saint-Pierre

DÉMINAGE. Le ministère de la Défense nationale a passé un contrat pour réaliser des levées géophysiques et procéder à l’enlèvement d’obus qui se trouvent au fond du fleuve.

Comme à chaque année, une opération de récupération des 57 bouées balisant l’immense zone «à risque» de 160 kilomètres carrés sur la partie sud du lac Saint-Pierre a débuté le 19 octobre dernier.

Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, un entrepreneur qualifié sera appelé à réaliser des relevés géophysiques sur une partie de la zone sinistrée. Cette opération permettra de déceler la présence d’objets métalliques sur une superficie d’environ 200 hectares.

L’an dernier, il n’y avait pas eu de contrats qui avaient été accordés, marquant une pause après deux années où la «pêche aux obus» avait été particulièrement efficace. En 2013, 196 corps de projectiles avaient été retirés du lac dont 66 contenaient de la matière énergétique. En 2012, la récolte s’était soldée à 178 projectiles, dont 33 pouvant contenir des explosifs.

On ne s’attend toutefois pas à une récolte semblable cette année. «Nous faisons beaucoup d’efforts quand le niveau de l’eau du lac est bas parce que c’est plus facile. Ce ne sera toutefois pas le cas cette année et nous devrons y aller en plongée, ce qui est plus lent et qui donne un moins bon taux de récupération», mentionne Josée Gagnon, la responsable du dossier.

Encore beaucoup de travail à faire

L’opération de déminage du lac Saint-Pierre s’échelonnera visiblement pour encore plusieurs années, si bien que le ministère ne s’est pas donné d’objectif précis en termes d’années étant donné l’ampleur de la tâche.

Selon les données disponibles, ce sont 300 000 corps de projectiles qui avaient été tirés dans le lac Saint-Pierre, par le Centre d’Essais et d’Expérimentations en Munitions (CEEM), à Nicolet, entre 1952 et 1999. La plupart étaient inertes. C’est-à-dire qu’ils étaient remplis de ciment.

Il y en a tout de même 7 880 qui contenaient de la matière énergétique qui pourrait être «non-explosée». Du nombre, environ 2 000 étaient particulièrement risqués, puisqu’ils avaient des explosifs dans la fusée de l’obus.

Le total récupéré s’élève à 12 958, selon les données que possède la Défense nationale. «On a une équipe depuis 2007, mais il y a toujours eu des travaux de récupération, rappelle Josée Gagnon. Avant, ce sont des employés qui allaient récupérer les obus dans le fleuve. Quand ils avaient des doutes que l’obus n’était pas explosé, ils allaient le chercher et le notaient, mais ce n’était pas aussi précis. Nos données sont beaucoup plus précises.»

Jusqu’ici, une superficie de seulement 15 hectares de la zone dangereuse a été complètement déminée, sur un total de 16 000 (160 kilomètres carrés) qui se trouve sur la partie sud du lac Saint-Pierre.

Priorité Baie-du-Febvre

Les efforts de déminage ont été concentrés surtout à Baie-du-Febvre, en raison de la densité d’obus et des usages nautiques.

Après avoir fait le ratissage des plages et les relevés géodésiques, c’est en 2009 que les premiers obus ont été repêchés dans le fleuve, en vue du dragage du chenal Landroche. Après avoir procédé à des travaux de nettoyage, 6 obus ont été retirés dans la portion de 1,6 kilomètre à partir de la rive.

L’année suivante, l’opération de déminage du chenal Landroche s’est poursuivie dans la portion se trouvant de 1,4 km et 2,4 km, ce qui a permis de retirer 73 obus du fleuve.

Auparavant, d’autres opérations pour déceler la présence d’obus ont été effectuées dans la rivière Nicolet et le chenal Tardif, à Pierreville, pour confirmer qu’aucun obus ne s’y trouve en prévision d’éventuels travaux de dragage.

 

Sébastien Lacroix sur Twitter: @Sebas_Lacroix