Réponse à Donald Martel

LETTRE OUVERTE. M. Martel, dans votre article du Courrier Sud du mercredi 1 novembre 2017, dites-moi quel avantage tirez-vous à semer la confusion dans la population en prétendant qu’il n’y a pas de danger imminents que l’industrie gazière s’installe dans Nicolet-Bécancour?

Avec une loi 106 sur les hydrocarbures et les règlements qui s’y rattachent, toute personne sensée comprend que ce n’est qu’une question de temps pour que l’industrie nous envahisse et menace notre environnement et notre qualité de vie, incluant notre économie agricole, touristique et tous les petits gestes du quotidien que l’on prend pour acquis mais qui dépendent d’une ressource en eau de qualité.

Quel est votre niveau connaissance sur ce dossier pour prendre la parole publiquement ainsi ? Des gens comme moi consacrent depuis plus de 7 ans des dizaines d’heures par semaine pour bien se documenter sur le sujet pour ne pas parler à travers notre chapeau. Je doute que vous y ayez consacré autant de temps.

Vos commentaires reflètent beaucoup plus la pression qu’exerce le lobby gazier et pétrolier sur les politiciens qu’une attention sérieuse portée envers vos électeurs qui s’inquiètent avec preuves à l’appui de l’arrivée éventuelle de l’industrie.

Pour ce qui est de l’acceptabilité sociale qui semble n’être que la seule protection pour éviter le pire, je vous signale que cette non-acceptabilité de la majorité de la société civile n’a pas arrêté les ardeurs du gouvernement de paver la route aux gazières avec la loi 106 qui autorise sans restriction la fracturation hydraulique sur tout le territoire.

Vous pensez sincèrement que l’industrie va se gêner de venir forer dans Nicolet-Bécancour, alors que c’est dans notre région que leurs recherches en gaz de schiste a donné les meilleurs rendements et qu’en plus les gazières peuvent le faire en toute légalité avec cette loi 106 faites sur mesure pour l’industrie?

Il ne faut voir plus loin que son nez et ne pas comprendre l’enjeu énorme auquel nous faisons face comme population du territoire. Vous ne semblez pas savoir que l’industrie ne peut se contenter de forer quelques puits pour être rentable. L’industrie des gaz de schiste est une machine de guerre qui fore un puits, puis un autre, puis un autre, pour assurer l’approvisionnement constant de gaz.

Si l’industrie développe des projets dans Lotbinière, comme il appert depuis longtemps, ce n’est qu’une question de temps pour qu’elle s’installe à côté, dans Nicolet-Bécancour, pour assurer l’approvisionnement constant de gaz.

Nous, les militants écologistes comme vous nous appelez, sommes des citoyens inquiets qui s’appuient sur des données scientifiques. Oui, nous sonnons l’alarme parce qui y a le feu et rapidement il faut retirer le droit aux gazières de fracturer notre sous sol. Votre attitude n’a rien pour apaiser la population. Elle nuit plutôt aux efforts de ceux et celles qui se dévouent bénévolement à faire connaitre la vérité. Mais bon!

Je laisse le soin à l’intelligence citoyenne de se fier, soit à la parole d’un politicien sous l’influence d’une ligne de parti, du pouvoir et de l’argent ou, soit à des concitoyens et concitoyennes comme moi qui ont pris le temps et mis de leur argent à se renseigner de façon rigoureuse et scientifiquement pour rapporter les faits.

Sans la vigilance citoyenne, M. Martel, le gaz de schiste serait implanté partout sans qu’on ait su les conséquences. Il ne nous resterait qu’à subir, comme en Pennsylvanie, là où 3 voyages organisés par nous ont permis de voir comment l’industrie envahit un territoire sans le consentement de la population. Vous auriez pu venir, mais non…… Là bas, en Pennsylvanie, des scientifiques, des médecins, des victimes se retrouvant sans eau potable nous ont dit : De grâce, ne laissez pas un pouce à l’industrie pour s’installer car dès qu’elle a le pied dans la porte, c’est trop tard! Nous, il est trop tard, mais vous les québécois, si vous arrivez à empêcher les gazières de s’installer, ce sera pour nous un petit baume sur notre sort.

Je regrette, mais ce dossier est on ne peut plus d’actualité!

Serge Fortier

Consultant en environnement

Ste-Marie de Blandford