Recrudescence de chevreuils sur nos routes
DOSSIER. Le nombre de collisions entre des véhicules et des chevreuils est en constante augmentation sur les routes de la Rive-Sud depuis quelques années. Des chiffres qui ont particulièrement bondi en 2016.
C’est ce que constatent les postes de la Sûreté du Québec des MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska, ainsi que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) qui a compilé les statistiques des dernières années.
Dans Bécancour et Nicolet-Yamaska, le nombre de collisions se chiffrait à 196 en 2016, soit une nette augmentation par rapport à l’année précédente où on en avait répertorié 152. Ceci est aussi bien au-delà des niveaux de 2012, où 135 collisions avaient été rapportées.
La hausse la plus significative se trouve dans Nicolet-Yamaska, où le nombre de collisions, en 2016, se chiffrait à 114, soit plus du double qu’en 2014, où la SQ en avait dénombré 53. L’augmentation avait aussi été importante, en 2015, avec 87 accidents causés par un cervidé.
Le nombre de collisions rapportées dans la MRC de Bécancour est un peu moins important, mais demeure tout de même en augmentation. En 2016, la SQ a ouvert 80 dossiers du genre, comparativement à 65, en 2015, et autant, en 2014.
Cette hausse s’explique en grande partie par les hivers cléments que nous avons connus, particulièrement en 2015-2016, où le couvert de neige avait été très faible. Ceci a fait en sorte que les cerfs ont pu mieux manger et ainsi être beaucoup plus nombreux à survivre, alors que le taux de mortalité peut excéder 40% lors des hivers rigoureux.
La Rive-Sud n’est toutefois pas dans un secteur problématique pour le moment, selon ce qu’indique Édith Cadieux, une biologiste de la direction régionale du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
La région 7 Nord, qui inclue la Basse Mauricie (Trois-Rivières et les environ) et les MRC de Bécancour et de Nicolet-Yamaska, aurait une densité de 4 à 5 cerfs par kilomètre carré soit dans les objectifs du ministère. Dans la 7 Sud, toutefois, qui inclut notamment Arthabaska et L’Érable, la population est beaucoup plus dense avec 8 à 9 cerfs par km².
Ces données ne sont toutefois pas aussi précises qu’elles pourraient l’être avec un inventaire complet. Cette opération est réalisée tous les huit ans et la prochaine est prévue pour l’hiver 2018. Elles se basent uniquement sur les données de récolte.
Le prochain plan de gestion des populations est prévu pour 2020 où le ministère pourrait prendre d’autres mesures pour contrôler la population. Comme d’allonger la période de chasse ou permettre d’autres engins, comme la carabine, qui est actuellement interdite au Centre-du-Québec.
Des mesures déjà en place ont déjà démontré leur efficacité, comme l’émission de permis de chasse pour accentuer la pression sur les femelles pour diminuer la reproduction de l’espèce et par le fait même, sa densité.
Pour le moment, le MFFP considère que le cheptel est suffisant pour permettre la conservation et la mise en valeur optimale de la chasse sportive. Actuellement, la population permettrait de limiter la surabondance afin d’éviter la déprédation des ressources agricoles et des aménagements paysagers, ainsi que les accidents routiers.
La pose de panneaux, la réduction de la vitesse, des systèmes de détections des animaux, l’amélioration de l’éclairage des emprises et la pose de clôtures sont d’autres mesures, mais celles-ci relèvent du ministère des Transports.
Des endroits et des périodes problématiques
C’est en hiver et au printemps qu’on note le plus d’accidents, étant donné que les cerfs sont en déplacement. On devrait d’ailleurs sortir de cette période de pointe ces jours-ci, puisqu’elle se termine généralement à la mi-mai.
La Sûreté du Québec observe pour sa part que le tiers des collisions rapportées dans la MRC de Bécancour sont survenues en octobre et novembre, tandis que la période la plus marquée dans Nicolet-Yamaska se situe de la mi-septembre à la fin décembre.
Les «points chauds» se trouvent surtout dans l’Est de Bécancour, qui se trouve dans un corridor de migration à proximité de la zone 7 Sud, où la population est plus dense. À cela s’ajoute la présence d’une aire de confinement importante, c’est-à-dire un habitat propice où les cerfs retournent d’une saison à l’autre.
Il y a également une forte présence à Nicolet, en raison notamment du site de la Défense nationale, un secteur boisé où la chasse n’est pas permise. La route du Port et la portion de la route 132, à la hauteur de la Défense nationale, sont identifiées par plusieurs comme étant des secteurs qui sont problématiques.
Le ministère redoute également des aires de confinement qui sont jumelées au fait qu’il y a présence d’axes routiers importants sur lesquels circulent entre 4000 et 5000 véhicules quotidiennement. Certains estiment que la clôture installée par la Défense nationale pourrait aussi expliquer une partie du problème étant donné que les cerfs passent toujours aux mêmes endroits.
Pour ce qui est de la Ville de Bécancour, où il y a environ 50% des collisions rapportées par la SQ, c’est surtout le parc industriel et portuaire de Bécancour qui est propice aux chevreuils, en raison de la présence d’un gros massif forestier.
La route 155 (rang Saint-Joseph), à Saint-Léonard-d’Aston, et la route 132, à Saint-François-du-Lac, sont également considérées comme étant des zones plus «critiques» par les policiers qui patrouillent le secteur. La présence possible d’aires de confinement et d’axes routiers importants sont des causes probables, selon la biologiste du MFFP.
Hausse des blessures
Selon la SAAQ, si la grande majorité des collisions avec les cerfs n’ont fait que des dégâts matériels, on note tout de même 13 blessés légers, en 2016, sur la Rive-Sud, contre 9 en 2015. Parmi les pires accidents enregistrés au cours des cinq dernières années, un seul avait causé des blessures graves dans Nicolet-Yamaska. Une collision avec une bête de plus grande envergure (orignal, ours, caribou) avait fait un mort dans la MRC de Bécancour, en 2015.