Quand notre milieu nous incite à bouger
SENSIBILISATION. En améliorant l’environnement dans lequel les gens vivent, on peut contribuer à ce qu’ils adoptent de saines habitudes de vie.
C’est le message qu’est venue livrer Sylvie Bernier à une cinquantaine d’intervenants de la Rive-Sud provenant de différents milieux lors de son passage à Saint-Wenceslas dans le cadre du dévoilement de la politique familiale, la semaine dernière.
Le message a encore plus de portée quand on connaît tout le chemin parcouru par celle qui a réalisé son plus haut fait d’armes aux Olympiques de Los Angeles, en 1984, en remportant l’or aux plongeons de trois mètres.
Après avoir pris sa retraite du plongeon, l’athlète a amorcé une carrière dans le monde des communications, avant de retourner à l’Université pour faire une maîtrise en nutrition. Elle a pris cette décision à la suite d’un article qu’elle a lu en revenant des Jeux de 2008, à Pékin, où elle a agi à titre de chef de mission pour le Canada.
«Ça disait que tous les enfants nés après l’an 2000 ont une espérance de vie moins longue que la nôtre et qu’ils seront hypothéqués beaucoup plus que nous au cours de leurs 10 dernières années de leur vie en raison des problèmes de maladies chroniques reliés à la sédentarité et à la mauvaise alimentation, raconte-t-elle. Ç’a été un choc. Je ne pouvais pas croire qu’on présente ça comme une nouvelle normale, qu’on tourne la page et qu’on passe à autre chose.»
Elle a alors entrepris une thèse sur la façon de «briser les silos» entre les différents ministères dont chaque décision a un impact sur notre santé. «Quand le MTQ refait la rue principale dans un village, juste de mettre un trottoir ou une voie sécurisée pour que les enfants ou les aînés marchent a un impact énorme, donne-t-elle en exemple. Tout ce qui se fait par rapport au développement de l’enfant dans les garderies et les CPE a des impacts sur toute leur vie.»
De mauvaises habitudes à changer
En présence des maires des villages qui travaillent avec Saint-Wenceslas pour leurs loisirs collectifs, dont Saint-Célestin Village et Paroisse, Saint-Léonard-d’Aston et Sainte-Eulalie, Sylvie Bernier a souligné l’importance qu’ont les décisions du milieu municipal dans la vie de leurs résidents.
«Il faut briser les silos entre chacun des secteurs, pour que l’urbanisme ou l’aménagement du territoire, se sentent aussi concernés que les loisirs et la culture, a-t-elle lancé. On a tous la possibilité d’agir et de changer les choses, mais il faut prendre ce pouvoir-là. Les élus encore plus, parce qu’ils peuvent écrire des règlements ou des politiques qui resteront et qui pourront être reprises dans 7 ou 8 ans.»
Elle a aussi insisté sur les «environnements favorables aux saines habitudes de vie», dont l’aménagement de trottoirs, de pistes cyclables, d’infrastructures, de parcs, l’accessibilité à des équipements de loisirs, etc.
Offrir un choix sain permet aussi d’améliorer la santé des gens, dont un menu santé au lieu de la malbouffe lors d’un événement, une fontaine d’eau à la place d’une machine distributrice, interdire la restauration rapide près d’une école, installer des cabanes pour que les gens fassent de la raquette dans les champs sont quelques exemples donnés par celle qui est ambassadrice pour Québec en forme.
«Aujourd’hui, on ne peut même pas s’imaginer entrer dans un bar et s’allumer une cigarette, alors qu’à l’époque, tout le monde fumait dans l’aréna. Tellement que nous avions de la misère à voir la rondelle!», illustre-t-elle.
«Ce serait un non-sens aujourd’hui, et pourtant… Les gens mangent des hot-dogs dans les estrades en regardant leurs enfants patiner, parce que c’est dans leur culture, continue-t-elle. Pour les récompenser, les parents leur achètent une slush dans laquelle il y a 1000 calories alors qu’ils viennent d’en dépenser 500 sur la patinoire».
Une initiative intéressante
S’il reste beaucoup de travail à faire, Sylvie Bernier a tout de même retenu une initiative intéressante, soit le prêt d’un lot de raquettes qui est offert autant à des organismes qu’aux citoyens par les Loisirs collectifs.
«L’aspect collectif, c’est nouveau au Québec, mais le prêt de services, c’est la première fois que j’entends ça», souligne celle qui a fait le tour de la province plusieurs fois pour continuer son opération de sensibilisation.