Profession : thanatologue
DOSSIER. Être thanatologue va bien au-delà de la manipulation et de la présentation des défunts. C’est un métier, peu commun, qui englobe plusieurs volets, allant de la planification à l’organisation des rites funéraires, en passant par l’exécution des tâches administratives, le tout en conseillant et en accompagnant les familles endeuillées.
C’est en 1982 que la Nicolétaine Marie-Josée Rousseau a suivi son cours «Techniques de thanatologie», d’une durée de 3 ans, offert au Collège Rosemont de Montréal. Avec les années, les notions enseignées ont beaucoup évolué, mais l’essence de la formation demeure la même.
«On y apprend vraiment l’ABC du métier; que ce soit d’accueillir les familles en deuil, d’organiser et diriger des rites funéraires ou encore d’effectuer le transport des dépouilles et les thanatopraxies. Et c’est justement ce qui me plaît, de pouvoir explorer divers angles dans mon métier: comptabilité, psychologie, embaumement, etc.», explique-t-elle, ajoutant que le fait de travailler dans de petites entreprises permet encore plus de se développer.
Mme Rousseau admet que pour la plupart des gens, la thanatologie fait souvent frissonner. Elle reconnaît également qu’il faut, en quelque sorte, «être fait pour ça» et précise qu’il est essentiel d’arriver à avoir un certain détachement par rapport aux situations. «On doit arriver à se changer les idées une fois à la maison; laisser le travail au travail et avoir un équilibre de vie.»
Il semble d’ailleurs que certains curieux s’inscrivent dans le cours collégial, sans toutefois compléter la formation. «C’est vrai que c’est quelque chose d’intrigant, alors certains vont s’inscrire par simple curiosité, mais généralement, ceux-là ne finissent pas la technique, raconte Marie-Josée Rousseau. Par exemple, à mon année, nous étions 37 étudiants au départ, mais nous n’avons été qu’une quinzaine de finissants, au final.»
Ressemblance
Vous avez certainement déjà entendu ou prononcé une phrase du type: «Wow! Ça lui ressemble vraiment; vous l’avez bien arrangé!» Voilà qui constitue, d’une certaine manière, la paye du thanatologue puisque son but est de présenter le défunt le plus naturellement possible aux yeux de la famille.
«Quand la personne se ressemble et que la famille est satisfaite du corps, c’est très valorisant. Pour s’aider, on travaille souvent avec une photo pour tenter de reproduire les traits le plus exactement possible, soutient Mme Rousseau. Dans le cas d’une femme décédée, on demande aussi à la famille si elle veut nous fournir, par exemple, le rouge à lèvres de la dame, qui devient alors un outil de travail pour nous.»
La thanatologue précise que le terme «embaumement», aussi connu sous «thanatopraxie», désigne tout ce qui est lié à la préparation du corps, de la coiffure au maquillage, jusqu’à la position du défunt dans le cercueil.
Dans des cas particuliers, il arrive que les thanatologues doivent restaurer certaines parties du corps. «On utilise de la cire pour camoufler des imperfections, points de suture, ou autres, souligne Marie-Josée Rousseau. Un liquide, un genre de botox, peut aussi être injecté dans le creux des joues pour redonner un peu de masse à une personne qui aurait maigri dû à des traitements dans les mois précédant son décès, par exemple.»
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