Pour un meilleur soutien aux aidants naturels

AIDANTS NATURELS. Reconnaître les aidants naturels comme «famille ressource», les soutenir financièrement de façon adéquate et sur un mode récurent.

Telle est la proposition que Sylvie Thiffault a fait passer lors du congrès régional de l’AFEAS, à la mi-mai, en vue d’être défendue au plan provincial pour ensuite être déposée à l’Assemblée nationale.

Cette dame de Saint-Léonard-d’Aston en connaît un bout sur la situation des aidants naturels, elle dont le fils de 19 ans est aux prises avec une déficience intellectuelle et des troubles graves de comportement.

Étant donné son imprévisibilité, son agressivité et son impulsivité, Jimmy demande une attention de tous les instants, si bien qu’il requiert une ressource pour s’occuper de lui à temps plein.

Malgré plusieurs rapports de psychiatres qui confirment cet état, il fait actuellement l’objet d’une autre évaluation à la demande du Centre de Réadaptation en Déficience Intellectuelle Trouble Envahissant du Développement (CRDITED).

Pendant ce temps, sa mère continue de se battre, non seulement pour lui trouver une place, mais aussi pour changer le système.

D’autant plus que depuis la fermeture de plusieurs points de service comme les Résidences Margeois, à Nicolet, il y a de plus en plus de personnes qui se retrouvent à la charge des familles où les parents doivent arrêter de travailler pour s’en occuper.

«Il y a une augmentation des demandes et une baisse du nombre de familles d’accueil. Même pour les cas légers il y a de l’attente, alors c’est encore pire pour les cas lourds. Il y a aussi de moins en moins de C.A., soit des endroits où ils peuvent travailler. Ce qui nous permet d’avoir un peu de répit.»

De l’argent mal investi

Pour pallier à cette situation, elle aimerait pouvoir être rémunérée pour agir à titre de famille d’accueil pour son propre fils, mais les règles ne le lui permettent pas. C’est d’ailleurs ce qu’elle défend par le biais de sa proposition à l’AFEAS qui est «très étoffée».

«Je pourrais recevoir quatre autres personnes avec une déficience intellectuelle, mais je ne peux pas être famille d’accueil pour mon fils. Si je restais ailleurs, mon conjoint, qui n’est pas le père biologique, le pourrait, mais il n’est pas garanti que Jimmy serait placé ici…»

Sylvie Thiffault estime qu’il s’agirait d’une façon d’éviter que son fils soit interné en institution… ou encore qu’il se retrouve en prison. «L’enlever de son milieu familial, ce n’est pas ce qu’il lui faut. Jimmy a besoin de nous», lance sa mère.

Elle estime que le gouvernement gagnerait au change en plaçant les personnes ayant une déficience intellectuelle à leur domicile et en offrant un financement adéquat sur un mode récurrent.

«Lorsqu’il était à l’école, la direction recevait 88 000$ pour adapter les classes et payer une ressource pour s’en occuper, rappelle-t-elle. Pourquoi ne mettent-ils pas cet argent-là chez-nous? Je pourrais adapter la maison et payer une ressource huit heures par jour et m’en occuper le reste du temps.»

«Ça coûte 15 000 $ par mois au gouvernement pour s’occuper de mon fils, indique-t-elle. Il sauverait beaucoup d’argent en acceptant de payer une ressource pour s’en occuper chez-lui.»

Un soutien inadéquat

Dans la MRC de Nicolet-Yamaska, les aidants naturels comme Sylvie Thiffault ont droit à 1500$ par année de la part du gouvernement pour s’accorder un peu de répit, soit 1000$ pour du gardiennage et 500$ pour des camps de vacances.