Pharmacien à Puvurnituq: la passion du Grand Nord

«Au début, je suis allé faire du dépannage dans le Grand Nord pour pouvoir dire que j’y étais allé au moins une fois. Et puis, je me suis fait prendre à mon propre jeu. Aujourd’hui, je ne peux plus m’en passer.» Dans le cœur de Pierre Grenier, il y a d’abord sa famille qui loge toujours à Nicolet, puis le Grand Nord. Deux amours qu’il conciliera bientôt en faisant vivre l’expérience du travail au nord du 60e parallèle à la sa fille aînée, Catherine.

«Catherine va venir travailler avec moi comme assistante technique en pharmacie pour huit semaines cet été. Elle remplacera à tour de rôle les techniciennes permanentes qui seront en vacances. Ce sera une belle expérience, pour la fille et pour le père!», explique Pierre Grenier.

Pharmacien depuis 25 ans, c’est en fait tout à fait par hasard que lui-même a connu le Grand Nord et y a découvert un univers totalement différent du nôtre. «J’étais installé à Nicolet et je travaillais au Jean-Coutu. Le Grand Nord, ça a été un défi, et c’est devenu comme une drogue. J’ai fini par laisser mon travail régulier pour me consacrer au dépannage dans le Nord», se souvient M. Grenier, qui depuis six ans fait ainsi la navette entre Blanc Sablon, Mistissini, Kuujjuaq et Puvirnituq, dans la Baie d’Hudson, tout en revenant régulièrement à la maison, où sont toujours sa conjointe et ses trois filles. Depuis quelques mois toutefois, il est basé en permanence à Puvirnituq, où son remplacement se terminera en août prochain. «Oui, j’ai deux vies. Une à Nicolet, en famille, et une seul, à 1700 kilomètres de Montréal, dans une ville inuit de 1300 habitants!», concède-t-il, tout en soulignant que cet emploi, malgré son éloignement, était devenu le pôle de sa vie. «C’est un univers complètement différent. Ici, la pression, le stress, ça n’existe pas. Pourtant, j’ai beaucoup de travail, je suis pratiquement toujours au bureau. Mais le rythme de vie est plus lent. D’une certaine façon, c’est la liberté totale, la nature qui dicte les choix», affirme-t-il, en donnant pour exemple les prochaines semaines, où plusieurs adolescents et de nombreux travailleurs s’absenteront de l’école et de l’hôpital. «La saison de la chasse à l’oie va s’ouvrir!», explique-t-il.

Il faut d’ailleurs être amateur de plein air pour apprécier à sa juste valeur le Grand Nord. «Il n’y a pas de centre d’achat ici, c’est vrai! Il faut aimer le plein air, les grands espaces, une certaine solitude. Mais je ne m’ennuie jamais. Il y a la pêche, j’ai mon 4 roues, je joue au hockey plusieurs fois par semaine. Et puis il y a la nature qui est fascinante», raconte Pierre Grenier, évoquant notamment cette semaine de juillet où se produit la migration des caribous. «Le troupeau passe par le village une fois par année et reste une semaine ici. L’été dernier, j’étais là. C’est tellement impressionnant. Il y a 100 000 caribous qui broutent partout. Comme ils sont très peu chassés, ils n’ont pas peur. J’ai passé la semaine à me promener au milieu du troupeau, à me cacher derrière une roche pour les regarder passer à 10 pieds de moi», se souvient-il avec un émerveillement encore bien présent.

Et le futur? Dans l’immédiat, Pierre Grenier terminera ce contrat au Centre de santé Inuulitsivik en août, aux côtés de sa fille. Il prendra ensuite quelques jours pour faire son deuil de ses amis laissés sur place et s’habituer à la vie de ce qu’il appelle "le sud". «C’est si difficile de revenir. Les premiers jours, la circulation automobile m’étourdit. Et puis après avoir passé un an ici, je me suis attaché. Je vais vraiment m’ennuyer», avoue-t-il.

Il prévoit reprendre ensuite ses remplacements en tant que pharmacien dépanneur dans les divers hôpitaux du Nord, pour y revenir d’une façon qu’il espère plus permanente, une fois que ses filles auront quitté la maison. «Le plan de match, c’est de déménager ici avec ma conjointe. J’ai trouvé ma place!», résume-t-il.

Pour voir de nombreuses photos de la vie de Pierre Grenier dans le Grand Nord, consultez le reportage photo en cliquant ici: http://www.lecourriersud.com/article-334493-Reportage-photo-la-passion-du-Grand-Nord.html