Nouveau souffle pour Silicium Québec

ÉCONOMIE. Le marché du silicium traverse une période difficile et pour permettre à l’usine Silicium Québec de Bécancour de poursuivre ses activités et améliorer sa productivité, le gouvernement du Québec a annoncé mardi matin un plan d’investissement découlant d’une entente conclue avec l’entreprise Ferroglobe.

Cette entente prévoit une tarification énergétique à partage de risques pour l’usine de Bécancour. «L’allègement de la facture d’électricité de Silicium Québec sera compensé par le fait que l’usine, qui demeurera ouverte en permanence, générera près de 13M$ en retombées fiscales au cours des deux prochaines années, a mentionné Pierre Arcand, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles. Nous sommes très heureux de cette entente qui aura plusieurs effets positifs sur le maintien des emplois dans l’usine et sur l’économie de la région.»

La tarification annoncée est valide sur un horizon de 2 ans. Concrètement, le rabais pourrait atteindre 20% du tarif L, ce qui pourrait représenter 12M$, dépendamment du prix du silicium et de la situation mondiale. «Si le prix demandé pour le silicium est plus élevé, évidemment qu’il y aura moins de réduction parce qu’il y aura plus de revenus pour l’entreprise. Par contre, si les prix demeurent extrêmement bas comme ils le sont actuellement, alors on compensera par cette baisse de tarifs», souligne le ministre Arcand, ajoutant que cette entente permettra d’assurer la pérennité des activités de Silicium Bécancour.

L’entente prévoit également que l’entreprise, de son côté, doit s’engager à exploiter son usine de Bécancour au maximum de sa capacité pendant la durée de l’entente et à investir un minimum de 12,6M$ au cours des quatre prochaines années afin d’assurer à l’entreprise une compétitivité à long terme.

«On a des investissements associés à l’entente qui vont nous permettre de rendre l’usine plus compétitive à la sortie des années qui arrivent. C’est ça qui est le plus important: on a une aide qui nous permet d’amortir la baisse du marché et également d’être plus à l’aise dans les modifications qu’on veut faire dans l’usine pour la rendre plus performante», a fait valoir Benjamin Crespy, directeur général de Silicium Québec SEC.

Silicium Québec s’engage aussi à réaliser une étude de faisabilité sur la production et l’utilisation de charbon de bois provenant de la matière ligneuse de la région pour les besoins de l’usine. Le recours au charbon de bois, une source d’énergie plus verte, pourrait engendrer des retombées économiques additionnelles et significatives pour l’industrie forestière.

«Par l’entremise de cette entente, nous nous assurons d’accompagner adéquatement Silicium Québec, qui sera en mesure d’investir dans l’amélioration de la productivité de ses installations. Je suis persuadée que l’intervention de notre gouvernement, jumelée à l’amélioration des conditions de marché, contribuera au succès de l’entreprise», a ajouté Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation.

Éviter le pire?

Des discussions étaient en cours depuis quelque temps entre l’entreprise et le gouvernement. Benjamin Crespy assure que le mot «fermeture» n’a pas été prononcé lors des échanges. Il admet toutefois que «la réalité c’est que le marché est difficile et qu’on avait besoin de cette aide pour traverser cette période difficile. Cette annonce va nous permettre de continuer à opérer.»

Le directeur a également affirmé que les coûts d’électricité ont un impact direct sur les coûts de production, précisant même que «l’hydroélectricité demeure l’atout majeur qui justifie notre présence au Québec.» C’est pourquoi il s’est dit content de pouvoir compter sur Hydro-Québec et sur un encadrement gouvernemental.

Par ailleurs, pour traverser cette période difficile et faire face à la concurrence internationale, Silicium Québec se réjouit de pouvoir compter sur les 40 années d’expertise de ses employés de Bécancour et l’accès à la meilleure technologie à la suite de son intégration dans Ferroglobe, le leader mondial de l’industrie. Benjamin Crespy espère une reprise du marché dans les années qui arrivent.

«L’usine avait besoin d’un effort et le gouvernement a accepté de faire cet effort-là pour qu’on puisse aller de l’avant pour l’avenir, et aussi parce qu’on veut que les méthodes de travail et que certains éléments changent ici, à l’intérieur de l’usine, a déclaré le ministre Arcand. Je pense que c’est un scénario «gagnant-gagnant»: gagnant pour le gouvernement parce qu’on préserve les emplois, puis gagnant pour l’usine parce qu’ils pourront avoir une meilleure marge de manœuvre pour faire les changements qui sont nécessaires.»

Une nouvelle bien accueillie

Le maire de Bécancour, Jean-Guy Dubois, était particulièrement heureux de cette annonce. «Ça fait 4 ans qu’on est à la diète au niveau économique. Ça arrive à un très bon moment. Ça fait plus de 40 ans que Silicium est ici et on conserve l’entreprise. C’est une belle journée pour Bécancour…et j’oserais dire que ce sera une belle année!», a-t-il lancé.

De son côté, Jean Simoneau, président du syndicat Unifor-section locale 185, estime qu’il s’agit d’une nouvelle intéressante, «dans le sens où ça amène une stabilité financière pour l’employeur et, du même coup, pour les membres que je représente.»

Pour lui, c’est une occasion d’améliorer les conditions de travail. «Nos membres ont été durement éprouvés dans les dernières années. Ils ont fait beaucoup de concessions, sans compter les nombreuses années de gel de salaire. Donc, une nouvelle comme ça amène de la stabilité et je pense que ça peut être profitable pour tout le monde», a-t-il exprimé.

À propos de l’entreprise

L’usine bécancouroise de Silicium Québec est un employeur d’une importance capitale pour la ville de Bécancour. En activité depuis 1976, elle offre plus de 175 emplois directs et près de 400 emplois au total dans la région.