Microclimats: le casse-tête des agriculteurs

Les producteurs agricoles dépendent chaque année des caprices de Dame Nature et la saison estivale peut se compliquer davantage lorsqu’ils sont pris au cœur d’un microclimat.

«En période estivale très chaude, les microclimats peuvent occasionner des différences dans les précipitations puisque le réchauffement de l’air n’est pas le même partout. Dans les zones où l’ascendance de l’air est plus rapide qu’ailleurs, on peut voir la formation de petits nuages qui entraîneront des précipitations localisées, mais c’est moins fréquent ici, car l’inclination n’est pas tellement grande», précise Ali Assani, professeur de climatologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières.

De petits microclimats donnent cependant des maux de tête à certains producteurs.

Ils dépendent de stations météorologiques pour leurs assurances avec la Financière agricole. L’ennui, c’est que si elle est située dans un autre microclimat, les données peuvent être faussées. Par exemple, un producteur pourrait être désavantagé s’il a plu tout l’été sur ses terres, mais que la station météo, placée un peu plus loin, n’a pas été aussi affectée.

Question de sol et de relief

Les microclimats sont déterminés par différents facteurs dont les sols et le relief.

Les sols humides absorbent davantage la chaleur que les surface asphaltées ou sablonneuses. Ces dernières réfléchissent la lumière et contribuent directement à l’augmentation de la température. C’est pourquoi il fait plus chaud dans les villes ou centres très urbains: toute l’énergie reçue ne sert qu’à hausser la température ambiante.

«On retrouve une grande diversité de sols dans la région. À St-Étienne-des-Grès et St-Thomas-de-Caxton, ce sont des terres plus sablonneuses qui sont extrêmement chaudes de jour et à l’inverse extrêmement froide de nuit, car elles n’emmagasinent pas la chaleur. À Trois-Rivières Ouest et Pointe-du-Lac, par contre, on trouve des terres riches», note Alexandre Tourigny, agronome à l’Union des producteurs agricoles.

Le relief a aussi son rôle à jouer, car on relève des écarts de température en fonction de l’altitude de chaque municipalité. En Mauricie, les villes sont en moyenne situées entre 30,4 mètres et 152 mètres d’altitude.

«On remarque que les villes plus au sud, près du fleuve, bénéficient de conditions climatiques plus propices aux cultures qui nécessitent une grande période d’ensoleillement. On a aussi constaté l’influence de la chaîne de montagnes des Laurentides sur le climat il y a deux ans, alors que St-Tite et Ste-Thècle avaient reçu beaucoup plus de pluie», indique M. Tourigny.

Ilots de chaleur en ville

Un autre phénomène semblable aux microclimats se développe de plus en plus dans les zones urbaines: les ilots de chaleur.

Ces ilots sont concentrés sur des surfaces asphaltées et dépourvues de végétation. Dans la région, Trois-Rivières et Shawinigan sont les plus affectées. On parle notamment des secteurs du boulevard des Forges (entre des Récollets et des Chenaux), du secteur Barkoff près des Galeries du Cap, de l’intersection des boulevards Royal et St-Sacrement, ainsi que l’angle de la 5e et de la 115e avenue à Shawinigan.

À ces endroits, la température peut être plus élevée de 10 à 15°C que les secteurs environnants. Les ilots de chaleur peuvent notamment affecter les jeunes enfants et les personnes âgées.

«Le gros de la problématique vient du fait qu’on a trop enlevé de végétation. C’est pourquoi on retrouve à quelques endroits, dans des stationnements, des ilots de végétation afin que moins de chaleur s’y accumule. On parle souvent de ce phénomène dans les grands centres et on était curieux de voir ce que ça donnerait ici. On a constaté qu’on n’en est pas à l’abri. Nos ilots de chaleur sont plus petits, mais ils n’en sont pas moins présents. Avec le réchauffement climatique, ça ne peut qu’augmenter», conclut Patrick Simard, directeur du Conseil régional en environnement (CRE) de la Mauricie.

Un microclimat est un climat qui règne dans des zones de superficie parfois inférieures à 10 kilomètres. Plusieurs facteurs le déterminent: relief, présence d’eau, de végétaux et de terre ferme, ainsi que la quantité d’énergie solaire absorbée par le sol.