Lettre d’une grand-maman au père Noël de… maintenant!

LETTRE OUVERTE. Quand j’entends chanter Noël, j’aime revoir mes joies d’enfant. Je pense à mes rêves d’antan, le cœur vibrant d’espoir. J’ai du mal à m’endormir le soir. J’attends l’heure où tu vas venir, en écoutant tous mes souvenirs.

Quand j’entends chanter Noël, les étoiles brillent au firmament, la neige étend son manteau blanc. Dans l’air pur de nos campagnes, j’entends l’écho de nos montagnes répéter un son mystérieux… Et soudain, j’ouvre les yeux!

Quand j’entends chanter Noël, je vois dans la nuit passer ton traîneau, au son des clochettes et des grelots. Et ce petit point qui bouge, c’est le nez de Nez rouge, conduisant à petits trots ton chariot rempli de cadeaux.

Tu prévois t’arrêter sur les toits du monde entier. Ce qui compte à tes yeux, c’est de faire des heureux. Tu aimes les enfants, même les moins obéissants. Tu t’apprêtes à leur donner les jouets déjà commandés pour qu’ils découvrent sous le sapin leurs récompenses au petit matin. Oui, quand j’entends chanter Noël, je revis ces beaux moments avec mes trois petits-enfants.        

Mais les temps ont bien changé, père Noël. Autrefois, tu étais le seul, l’unique, le vrai. Tu arrivais directement du Pôle Nord durant la nuit de Noël.

De nos jours, on te voit même en novembre. Les centres commerciaux profitent de toi comme d’un esclave. Je ne veux pas te faire de peine, père Noël, mais les représentations que l’on fait de toi ne sont pas toujours un succès, tu sais.

Devant une sorte de structure gonflable, mon petit-fils m’a demandé : « Est-ce que c’est un vrai, grand-maman? » J’ai bien fait de lui dire non, car le lendemain la balloune était dégonflée! C’est triste de tuer la magie, comme ça…

Je ne sais pas si c’est pour se faire pardonner leur absence ou bien pour combler un vide intérieur, mais les parents d’aujourd’hui inondent à souhait leurs enfants de cadeaux, pas toujours désirés ni désirables non plus, parce que fabriqués par des petites mains du Tiers Monde.

Je rêve du jour où tu reprendras tes droits, père Noël. Si les parents te confiaient la distribution des tonnes de cadeaux qu’ils achètent, tu en aurais probablement pour les enfants du monde entier.

C’est la grâce que je nous souhaite en ce Noël 2015.

 

Jacqueline S. Yergeau